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jeudi 19 juin 2014

Article ouvrant le blog, du 17 août 2011.

1 ère séance : Je reviendrai.

Femmes fellah puisant de l'eau. J.L.Gerome.

 Je reviendrai, un jour, sur "gargoulette". 
Ce qui vaut à ce mot de figurer ici en bonne place, c'est qu'il a "tracé sa route" 
au milieu d'autres mots-trésors, que cette route a croisé un jour celle de la psychanalyse,
de la clinique sous transfert *et qu'il a pris de ce fait une dimension particulière.
      Mais avant je vais faire un détour, ou plusieurs, des tours, ou des variations, 
sur ces mots qui tracent leur route** dans notre mémoire faite d'oublis.
La première variation c'est un texte d'Alain Merlet  intitulé "Manger sa soupe",
texte qui ouvre le recueil "Qui sont vos psychanalystes ?" paru en 2002.
Il y a dans ce texte des éléments qui me donnent l'impression d'une familiarité,
et d'autre part il entre en co-incidence avec l'idée qui sous-tend mon projet ici.
 C'est au cours de mon analyse que j'ai découvert à quel point nous nous plaçons, 
dans le cours de notre vie, sous le "patronage" de certains arrangements de mots
Cela m'arrive encore, et l'étonnement est toujours intact, sinon l'émerveillement. 
Jacques Lacan l'a formulé de mille manières, dont celle-ci :
"Dans la succession  de nos constructions fantasmatiques,
c'est toujours le même matériel qui tourne."
Oui. 
Déguisé, transformé, déplacé, condensé, trituré, dans nos constructions fantasmatiques, 
dans nos rêves, dans nos symptômes, il "trace", ce matériel, ce matériau : le mot
Si je pose que consacrer du temps à blogger est une formation symptomatique, 
alors une parenté sera inévitablement repérable entre les mots que je vais utiliser,
parce qu'ils me semblent adéquats alors qu'ils sont surtout attirants, et attirés.
Entre "Gargoulette" choisi pour ouvrir le blog, en être le point de départ, 
et dont je constate déjà à mes associations d'idées qu'il va le verctoriser,
et les mots qui résonnent dans le texte de ce parfait inconnu qui s'appelle Alain Merlet,
quelque chose "me parle", qui va me faire parler, et qui a déjà commencé.
"Soupière", par exemple, brille d'un éclat particulier, ainsi que "pierre", 
"rata", "ratatouille.. éclat qui, je le sais par expérience, cache autant qu'il éclaire.


S'il "trace, ce "matériel", c'est qu'une force le propulse 
et le pousse à s'insérer dans nos discours : méconnaissable la plupart du temps,
mais insistant, invisible sauf indices qui peuvent être interprétés, si on le désire.
  L'existence et la force de ce qui insiste ainsi, de ce qui veut faire retour et se répéter,
a constitué le socle d'une oeuvre, d'une vie de recherches et de trouvailles, 
l'oeuvre de Sigmund Freud.

                                                 
* parler à un autre, dans les conditions de la cure psychanalytique, donne à certains mots
prononcés dans son contexte (la présence de l'analyste, qui facilite, autant qu'elle rend difficile, la parole)
                     un relief et un statut particuliers : on les connaissait, on les employait à l'occasion,                                 mais tout à coup voilà qu'on y revient plus souvent, 
et surtout, ils deviennent le point de départ de pensées, de souvenirs, 
pensées et souvenirs qui eux-mêmes en amènent d'autres, par associations.  

** j'ai choisi ce terme d'une part suivant l'expression "tracer sa route", qui signifie se frayer un chemin
     parmi des situations diverses, et que j'associe à une image : l'image de quelqu'un qui avance, 
plutôt vite mais surtout sans être distrait, et dont on dit :"regarde un peu, il trace, je te dis pas !".
D'autre part, "trace", dans notre psychanalyse freudienne, c'est ce qui, des événements vécus par le sujet,
subsiste en lui et est susceptible de faire retour dans ses rêves, ses symptômes, ses discours.

lundi 6 janvier 2014

24me séance : Comment le désir ....


bague "art nouveau"

J'avais d'abord titré cet article "la beauté du net".
Il m'était venu à l'esprit après avoir cascadé de lien en lien,
et après m'être questionnée sur les motivations de ceux qui disent qu'internet serait un cloaque.
Certainement que ceux-là en connaissent le chemin, du cloaque.
Pour ma part le trajet a commencé par une accroche : un article de Liliane Fainsilber intitulé
"Une expérience de la voracité féminine". 
Rien de mieux pour me faire aller voir ça de près, avec crainte et tremblement, quand même,
car : accord ? ou désaccord ? Les deux, mon général.
Car comme toujours, quand je lis comment les psychanalystes évoquent ce sujet,
j'imagine ce que peuvent penser les personnes qui ignorent nos "raccourcis" théoriques,
et que nous parlons rarement d'une réalité objectivable, mais d'un "réel" non seulement fantasmé,
mais décrit avec des mots ayant plusieurs sens : le mot "phallus" par exemple,
est pour beaucoup à superposer au pénis, alors que c'est un simple signifiant du pouvoir.
Si Liliane Fainsilber avait commencé son article par le paragraphe qu'elle a mis en fait à la fin,
à savoir que tout ce qu'elle écrit sur la "dévoration" est une affaire de manque primordial,
moins de personnes prendraient leurs jambes à leur cou.
Bien.
Mais l'article lui-même n'a pas été mon seul intérêt : après l'avoir lu, je suis revenue cliquer
sur l'avatar qu'elle a choisi pour représenter son site sur Twitter. Allez savoir pourquoi ....


 .. plongée dans l'évocation du maternel, de la pulsion orale ... mais quoi, dans l'avatar ?
Grâce à la fonction "rechercher cette image sur Google"
j'ai ouvert la galerie Art nouveau, puis Décors Art nouveau  puis Bijoux Art nouveau, 
jusqu'à ce que, sur le site "Bijoux anciens et d'occasion, cette bague me "fixe".


Dans un premier temps je n'ai pas vu de fleur, (maintenant, bien sûr, je ne vois qu'elle)
mais sachant le rôle de la scotomisation d'images
(qui fonctionne comme l'illusion d'optique) je peux dire sans me tromper, dans l'après-coup,
par le savoir acquis dans l'analyse sur les chemins de ma parole,
que quelque chose en moi l'avait forcément "vue", car au thème "petites fleurs roses",
on peut donner la même fonction que "gargoulette" : un point de départ des associations d'idées
qui, en psychanalyse, peuvent nous amener à boucler un trajet. En une séance, ou en mille ..
Donc "gargoulette" c'est différent, et c'est pareil.
Après cette parenthèse, revenons dans nos ornières.
Quelque chose dans toutes ces images, un nom ? un détail évocateur ? poussait à continuer.
De quoi était-ce une mise en bouche ? Vers quoi était-ce une étape, cette "anémone des bois",
par exemple ? La fleur (maintenant que je la vois dans la bague, je peux l'inclure dans les indices) ?

Pendentif art nouveau, Lalique.

Et ces "trois oiseaux" du même Lalique "inventeur du bijou moderne" ?
il y a de la fleur, aussi, mais c'est moins pregnant.


Quelle promesse, alors, dans ces images, ou les mots autour d'elles, pousse à chercher encore ?
 à les dévorer des yeux : encore une, encore une, encore !
Serait-ce, pourquoi pas, quelque chose qui n'y est pas ?
L"historique" révèle la quantité impressionnante d'images regardées, toujours poussée.
Jusqu'à ce que me vienne l'idée de taper "Vaisselle Art nouveau".

et d'extraire, enfin, de quoi conclure : ceci est une soupière.



Ce n'est pas la "Magnifique soupière fin 19e en faïence signée BFK, à décor sorbier 
bleu-vert en guirlande de fruits", en elle-même qui compte,
mais quelque chose dans son environnement langagier, dans les sons utilisés pour l'évoquer.
si on s'amuse à faire défiler les images de la bague, l'anémone des bois, les trois oiseaux, la soupière,
et qu'on possède un certain savoir sur soi,
on s'aperçoit que l'élément signifiant commun à toutes, plus prégnant encore que les fleurs :
c'est un son : p - i - è - r.

Comme je l'ai évoqué dans les premiers articles de "séance après séance"**
et comme je l'ai suggéré en début d'article avec l'évocation des "petites fleurs roses",
dès que nous ouvrons la bouche pour parler, si on a le désir d'en savoir plus,
on finit par repérer que c'est toujours le même matériel langagier qui tourne.
Il faut du temps pour boucler une analyse, des années parfois,
pour être ramené une première fois au point de départ,
puis pour s'apercevoir que "ça repart" sans cesse, à la fois le même, à la fois différent.
Car ce trajet, qui s'est une fois refermé sur lui-même, est ré-amorçable.
Si on a ce goût comme dit Liliane Fainsilber :
 le goût de la psychanalyse, le désir de l'inconscient.

Partir d'un article traitant de la (dite) voracité féminine (qui fait l'objet de ma lecture très appliquée
du séminaire de Lacan La relation d'objet), être saisie par une image illustrant l'article,
et choisir (?) de se laisser guider, de fixation en fixation, de point de jouissance scopique
en point de jouissance vocale, avec derrière, aussi, des points évocateurs de jouissance orale,
le tout balisé, ponctué, et mis dans l'ornière, par une chaîne langagière,
permet d'accomplir un bout de chemin. Les mots tracent leur route.
C'est pourquoi j'ai décidé de titrer "Comment le désir .."
Mamaan ! Quel voyage !

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http://www.lalique-parfums.com/fr/linventeur-du-bijou-moderne

samedi 29 juin 2013

23 ème séance : Oui, le temps est venu.


Il s'avère que ce blog fut un exercice très personnel, aussi.

J'avais pressenti quelque chose de ce genre, à un certain moment qu'il faudra que je retrouve.
J'avais alors modifié le titre "Divan, fauteuil et gargoulette .. un passage vers la psychanalyse",
pour "Divan, fauteuil et gargoulette .. et passe."
Puis il y a eu une précipitation, suffisamment radicale pour me déstabiliser,
 lors de mon élaboration-rédaction de la 20 ème séance,
et quelque chose s'est précisé, finalement, dans les deux séances suivantes.

J'en suis là, depuis que s'est posé la question du temps venu, d"animer les pierres".
" Là ",
c'est plus loin que je ne suis jamais allée, vers l'origine.
Grâce à vous, que je suppose, puisque j'ignore si vous êtes un, dix, et si même vous existez.

A partir de maintenant je vais être plus didactique, mais je prendrai appui, pour ce faire,
sur ce que fut cet exercice : l'expérience d'un dire, guidé par la psychanalyse, en séances, et Adressé.
La prochaine séance sera en même temps
une terminaison, car appuyée sur un bouclage, et sera la fin d'un certain style d'adresse,
une prolongation, car les nouveaux messages s'appuieront toujours sur ce dire déjà produit,
et un commencement, car je vais tenter d'en tirer un savoir, et des enseignements..
De l'expérience d'un dire à sa théorisation, pour un retour à l'expérience, modifiée.
C'est mon intention.
C'est dans cet esprit que je suis en train d'élaborer cette prochaine séance, la 24 ème.
J'ignore le temps que cela va me prendre, ayant un peu de mal, pour l'instant,
 à ordonner les choses pour les rendre transmissibles.

pascal-cessou-jarre-provencale-n-7142894-0.jpg

Dessine-moi une gargoulette ..

pascal-cessou-gargoulette-n-4939046-0.jpg
galerie.creation.com





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mercredi 12 juin 2013

22 ème séance : animer la pierre.



Le moment est venu, d'animer les pierres ?




De dire que "pierre" n'est qu'un son,

de dire que ce n'est qu'un mot qui, bien qu'appelant certaines images,
est en fait une porte .. dans le langage même.
Une porte dans le langage, qui ouvre .. sur d'autres mots.

Dire que c'est de mot en mot qu'on s'avance vers le passé,
pas jusqu'au bout, toutefois, pas jusqu'à l'originaire, qui garde énigme et .. attrait,
et que, de la même façon, de mot en mot, on en revient.


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dimanche 9 juin 2013

21 ème séance : Ni d'ici, ni d'ailleurs. Divagations.





J'hésitais à mettre cet article dans la rubrique 'Séance après séance', ne voyant pas,
au premier abord, dans ce qui me poussait à titrer "Ni d'ici, ni d'ailleurs" ce qui pouvait faire chaîne,
du coté des signifiants, avec l'article précédent "Pétrifier, et après ?" 
J'avais titré "Pétrifier, et après ?" suite à une remarque sur l'article "La chose primitive" :
  "ça fait beaucoup de pierres, tout ça." m'a-t-on dit.
Effectivement, à première vue, toutes ces pierres, dans ces deux articles. Pierres ? depuis quand ?

Notons que dans cette phrase il y a aussi "ça", et deux fois. L'inconscient freudien.
Or c'est dans "ça" que, pour moi, se pose la question de la pi err e, entre autres questions.
"ça", qui est présent dès la première ligne du blog, et dans le titre, aussi.
Ceux qui ont la passion des fouilles peuvent se reporter à l'article "Je reviendrai",
où il est possible de lire, dans ce qui s'entend, quelque chose.
Fermons cette piste du ça qui (bien que l'étant toujours) n'est pas à l'ordre du jour,

l'ordre du jour étant "Ni d'ici, ni d'ailleurs".
J'ai choisi pour illustrer l'article un tableau de G. Richter, à cause de quelques mots de lui
sur la peinture abstraite, dont on entend dire qu'on n'y "voit rien", qu'on n'y "comprend rien",
et que ces mots peuvent aussi s'appliquer à l'inconscient :
dans la peinture abstraite il s'agit de "visualiser une réalité que nous ne pouvons ni voir, 
ni décrire, mais dont nous pouvons néanmoins conclure à l'existence."
Cela rejoint les thèmes de "ce qu'on voit" et du "ça" du début de l'article, car
ce que Freud nomme "ça" et Lacan "Réel"  c'est l'inconscient,
qu'on ne voit pas, mais qui existe.

L'expression "Ni d'ici ni d'ailleurs" me vient d'un site où j'ai atterri  ce matin, de clic en clic :
"Terres de femmes", et une question qui m'est venue en le parcourant :
 "Mais où est ma terre, à moi ?", et une réponse : " Ni ici, ni ailleurs ".
Par ailleurs (!) j'avais posté vers midi, sur un site (c'est matinée internet) un commentaire d'humeur
qui m'avait laissée dans un questionnement : "mais d'où je parle, moi, là , pour venir m'immiscer ici ?"

J'en étais là, en préparant mon repas : "où est ma terre" .. "d'où je parle" .. "ni d'ici ni d'ailleurs" etc
quand m'est venu aux lèvres : "qu'ils disent !" renvoyant ainsi sur l'autre, dans l'espace public,
 le tourment qu'il me cause, cet autre, semblable à moi pourtant,
 du fait que quelques uns de mes ancêtres on fait, dans l'espace-temps,
un petit crochet historico-géographique,
 et qu'en conséquence il n'y a pas de consensus sur là d'où je suis, sur où est ma terre, à moi,
certains m'accusant (de "mise en accusation" au sens juridique, avec procès, lapidation, et tout)
de ne pas être d'ici, mais d'ailleurs, et que cet ailleurs se verrait à la couleur de mes pieds,
d'autres m'accusant (de "mise en accusation" au sens juridique, avec procès, lapidation, et tout)
de ne pas être d'ailleurs, mais bien d'ici, et que mes origines ne sont pas "là-bas".

Comme si je pouvais choisir entre ma mère et mon père, ou entre mes fils,
ou entre ma terre natale et la terre de mes ancêtres. Il y a de l'impossible.

Voilà ce qui s'est amalgamé, ce que je peux dire des associations de ces dernières heures,
qui m'ont conduite à venir ici pour en fixer quelque chose.
Une suite d'idées suffisamment pregrantes
 pour m'empêcher de persévérer dans la tentative de regarder un documentaire-télé en déjeunant.
des associations d'idées qui ont pris le caractère d'urgence qu'elles revêtent quelquefois,
quand on on a l'impression de tenir quelque chose, qu'on est sur le fil d'un savoir,
et qu'il faut le noter.
Quelque chose s'est ouvert, puis refermé, et dont la trace est cet article.
 Car même si le sout err ain, cet inconnu absolu, à peine éclairé s'est de nouveau obscurci,
à cause de "pierre", et de "terre", et de la question qui en résulte,
l'opération a laissé un reste : des mots et des sons, qui en appellent d'autres.



http://terresdefemmes.blogs.com/
                           http://www.tate.org.uk/art/artworks/richter-abstract-paintinf-726-t06600


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samedi 25 mai 2013

20 ème séance : "Pétrifier". Et après ?






Il n'y a pas d'antinomie, entre l'immuabilité et l'ardeur.


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http://pinterest.com/ekimenni/gerhard-richter

samedi 6 avril 2013

19 ème séance : La chose primitive.


La séance 18 traitait du thème de la sortie.
Sortie d'un lieu, par Thésée, grâce au fil d'Ariane,
 sortie d'un état, celui de l'ignorance, suite au désir de savoir.

Ce thème s'était déduit de la rencontre entre tout ce qui bruite ici, associations
 de mots, de sons, d'images qui trament la suite des séances,
et un élément quelconque rencontré à l'extérieur, et que j'intègre parce qu'il sert la visée du blog.
L'élément quelconque, là, c'est ce fragment de texte qui dit quelque chose sur le désir d'analyse

 L'important est que nous touchons une perspective historique rétroactive.
Le sujet formule et organise une situation primitive dramatique 
à partir du point où nous en sommes dans l'analyse, 
d'une façon qui s'inscrit dans sa parole actuelle, son pouvoir de symbolisation présent.
C'est ainsi que nous retrouvons, par le progrès de l'analyse, 
ce qui se présente comme la chose primitive, l'organisation primordiale la plus profonde.
                                                                                                                                      Lacan, La relation d'objet.

                                                                               
Le mot important est donc l'adjectif  "rétro-actif":
"Ici" dans l'analyse, et "maintenant" au point où nous en sommes, au présent,
nous formulons et organisons -parole actuelle, symbolisation actuelle-
une chose primitive, primordiale, un drame qui a déjà eu lieu,
et qui a toujours lieu.




J'ai trouvé cette image ici

samedi 23 mars 2013

18 ème séance : "Tu peux s.." ortir du labyrinthe.






Ariane a aidé Thésée à sortir du labyrinthe contre une promesse, qu'il n'a pas tenue.
En lui disant "Tu peux sortir du labyrinthe, si .." elle a pris ce risque : miser sur l'autre.

Je ne suis pas venue à penser au fil d'Ariane par hasard,
 mais parce que, dans cette élaboration que je poursuis ici "séance après séance",
après "X, Y, XX, XY" qui venait après "Panade", lui-même suivant  "$<>a" etc..
et avec à l'esprit ce projet de montrer comment fonctionne la psychanalyse, 
qui me fait choisir pas n'importe quelle communication, mais celles soumise à un fil conducteur 
(souvent invisible je le reconnais, mais patience ..), et sachant qu'y passe aussi de l'in-maîtrisable,
j'ai rencontré,
leçon 8 du séminaire sur la relation d'objet, leçon qui traite du fantasme "On bat un enfant"
 ce fragment de l'enseignement de Lacan :

L'important est que nous touchons là une perspective historique rétroactive. 
Le sujet formule et organise une situation primitive dramatique
 à partir du point où nous en sommes dans l'analyse, 
d'une façon qui s'inscrit dans sa parole actuelle, dans son pouvoir de symbolisation présent.
C'est ainsi que nous retrouvons par le progrès de l'analyse
ce qui se présente comme la chose primitive, l'organisation primordiale la plus profonde. 

Rien n'est mieux approprié pour s'insérer dans mon élaboration, ici, que ces mots traitant de
perspective historique rétroactive,
de fantasme comme drame primitif pouvant s'inscrire dans une parole actuelle.
En cherchant un titre et une illustration, j'ai pensé à "fil d'Ariane", qui m'a fait imaginer cet homme
tâtonnant, cherchant une issue , à qui Ariane a dit "tu peux sortir" (assorti d'une condition).
Il y a une infinité de lieux, réels, imaginaires, symboliques, desquels on peut vouloir sortir ..

La superposition des significations possibles, et des sons, n'en doutons pas,
autour de "tu peux sortir du labyrinthe" m'ont conduite à
"Tu peux savoir",
autre formule de Lacan par laquelle il a voulu nous dire que nous pouvons sortir de l'ignorance.
Notamment : en confiant notre position subjective à un autre, ou d'autres, voire à un public,
nous pouvons avancer vers un savoir sur notre absolue intimité,
notre organisation primitive la plus profonde, sur ce qu'organise notre fantasme fondamental.

Il n'est question que de cela, ici, séance après séance.

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haut article : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Dionysos_Ariadne_Louvre_CA929.jpg?uselang=fr

jeudi 28 février 2013

vendredi 25 janvier 2013

16. Panade.





Encore une fois, je suis dans l'embarras pour continuer, après avoir affiché 
la formule du fantasme  ($ <> a) dans le message précédent.

                 Embarras, comme Panade*, ou peine, ou panne, évoque le tourment d'être arrêté
             dans un élan, une trajectoire : ça piétine, ça balance, il y a de l'indécision et de l'impossibilité.
                                 
             Suivant mon choix d'y mettre du mien, de "me prendre avec" ce que je dépose dans ce blog,
                           j'ai glissé "gargoulette", ce signifiant de ma propre histoire, dans l'affiche
               "ici-on-parle-de-psychanalyse-et-je-vais-tenter-de-vous-en-transmettre-un-bout".
                                                                      Résultat ?
                     Quitter le fauteuil pour se ré-arrimer au divan présente des difficultés imprévues.
                                     
                                  Dans ce que j'ai créé là, cet hybride fruit des deux hybrides
                          "Enseignement-mais-pas-vraiment"  + "déballage* non-sans-maîtrise",

                                     donner la formule sèche $ <> a, la formule du fantasme,
              et "tout sujet humain($) .. garde un certain rapport(<>) .. à son premier objet(a)"
                       (un savoir sur le fantasme, sa formule, un savoir qui s'enseigne), ne suffit pas,
                  je dois tenter de montrer que mon inconscient est impliqué dans cet acte de volonté.

                                         Par chance aujourd'hui c'est facile, alors allons-y :
                 Tout un chacun est impliqué dans ce qu'il dit, soit d'une manière volontaire (les mots
                 sont choisis pour servir notre message), soit d'une manière involontaire, hors volonté,
              hors pensée consciente, qui fait que certains des mots alignés, enchaînés pour servir l'idée
            consciente, le projet, servent en même temps une autre logique, invisible, mais parallèle.
               Dans un discours enseignant bien maîtrisé, bien étale, fluide, chaque mot se lie à celui qui
              l'a précédé et à celui qui le suit dans une parfaite continuité. Pourtant un psychanalyste qui
              connaîtrait le parleur depuis un certain temps pourrait repérer ceux qui parmi eux relèvent
                                                             des deux logiques.
             L'éclosion est discrète : une bulle légère venue éclater à la surface de l'eau sans la troubler.
              Qui pourrait croire que ce qui a produit ce léger clapotis a la même origine que le geyser
                            qui a surpris Rachida Dati et déstabilisé tant de monde ? Et pourtant.

                          A la ligne 4 de ce message pensé et réfléchi sur le fantasme en général,
              s'est glissé un mot discret en ce sens que je suis la seule à savoir que s'il est venu là pour
                servir mon idée de sur-place et de piétinement, il sert aussi ma logique inconsciente car
                                          aussitôt écrit il m'a renvoyée à métronome.
                  Métronome a à voir avec un rêve de cure personnel, cure dans laquelle il a joué
                -jeu qui n'est jamais fini, la preuve-, un rôle fondamental quant à l'élucidation de mes
                                        propres fantasmes, originaire et fondamentaux.

            Les lignes qui suivent sont la conclusion de ce que j'ai écrit aujourd'hui, à partir de "panade"
          et de la définition du fantasme. Pour ce faire j'ai choisi mes mots. Si vous m'avez un peu suivie
              vous trouverez peut-être parmi eux un verbe qui a une parenté avec "ça balance" et avec  
           "métronome", avec ce qui, dans mon discours, témoigne du monde sous la surface de l'eau.

                                                             Conclusion :
          Deux incidences font obstacle à la vitesse de production des messages "séance après séance" :
                 la première tient à mon intention de présenter un travail théorique le plus clair possible,
                  mais la seconde tient .. au fantasme lui-même d'être ainsi en quelque sorte appelé,
                le fantasme originaire impose (plus ou moins) sa loi, qui est d'osciller entre deux pôles :
                                         un pôle qui éteint, et un pôle qui euphorise.

                 En attendant la suite, qui viendra quand elle viendra, je poursuis mes comptes rendus
                       de lectures très appliquées : le séminaire sur LA RELATION D OBJET
                      et, au gré des circonstances, PSYCHANALYSE DES CONTES DE FEES
                                          ou DENOUEMENT D UNE ANALYSE
                 


                                                       
                                                      J'ai pris l'image du métronome ici :
                    http://www.medecine-des-arts.com/Le-rythme-le-metronome-le-tempo-le.html


                                                                         

jeudi 3 janvier 2013

15. Tout sujet humain garde un certain rapport à son objet premier.








         Tout sujet humain  ..            garde un certain rapport  ..          au 1er de tous ses objets






                                                                           

mardi 27 novembre 2012

13. Je m'en retourne.




   Par la magie de l'informatique, d'internet et de Google j'ai pu écrire et m"adresser", 
sinon de fait, du moins imaginairement, et symboliquement, pendant plus d'un an.

    Il a suffi d'un geste infime, d'une très légère pression du doigt sur une minuscule surface,
pour que la scène intime soit livrée à la pâture publique, et que je ne sois plus qu'un personnage 
parmi d'autres sur la grande scène du web.   Acte ? acting-out ? passage à l'acte ?

Le versant technique de cette affaire 
(je suis dans mon fauteuil, bien à l'abri en un minuscule point du globe, pendant que des robots, 
"activés" -quand même- dispersent ma pensée, et que d'autres la captent par balayage intéressé)
révèle les effets possiblement in-maîtrisables de cette décision.

      La relecture des premiers messages prenant en compte ce fait, que je ne suis plus seule,
j'ai le désir d'en ré-écrire certains, vers lesquels je vais m'en retourner.
Je reviendrai.

                  


                                                                           

               

               


 Pour le lexique à venir : adresse, imaginaire, symbolique, acte, acting-out, passage à l'acte, intention.

lundi 19 novembre 2012

12. L'inconscient, on n'y a pas accès.



En cherchant dans le séminaire "La relation d'objet", pourtant déjà lu et relu, 
quelque chose ayant à voir avec un travail en cours, 
je lis ceci, qui me paraît convenir à la visée du blog :

" Le fantasme porte en lui le témoignage encore visible
 des éléments signifiants de la parole 
articulée au niveau de ce trans-objet, si l'on peut dire, qu'est le grand Autre, 
ce lieu où s'articule la parole inconsciente, 
et le sujet en tant qu'il est parole, histoire, mémoire, structure articulée ".

C'est mon but, et c'est ce qui motive la forme du blog, 
pas facilement saisissable j'en conviens,
que d'essayer de montrer comment, depuis Freud, la parole dans toutes ses acceptions
est, au-delà de ce qui s'articule dans la conversation,
le lieu d'un retour.

Et bien entendu avec cette citation pas forcément compréhensible,
je ne fais que poser quelque chose,
sur quoi je reviendrai.
....................

Un jour après ....

Du fait de la rencontre avec un texte j'ai dévié de la conduite choisie
(tenter d'être simple en appliquant la psychanalyse à partir du quotidien)
et je me suis vautrée dans les gros mots :
fantasme, signifiant, objet (et trans, qui plus est), Autre, inconscient ....

Comment NE PAS expliquer ?
Disons que :

- le fantasme, et l'objet, ont à voir avec "gargoulette",

- "signifiant" est le terme technique caché sous celui, plus général, que j'utilise ici : le MOT,

- que dans le message "Il n'y a que nous deux, ici", se cache l'Autre,

- et que ce qui a fleuri dans le discours de Rachida Dati,
 c'est en fait un mot arabe, un son arabe, la langue qui structure son inconscient, à elle.
Que je ne connais pas, d'ailleurs, puisque personne n'a accès à son propre inconscient,
et encore moins à celui des autres.
Mais on a accès aux formations de l'inconscient, qui, elles, sont visibles, ou audibles.
Quant à être interprétables, c'est une autre paire de manches.

Ce qui nous promet pas mal de jouissance : des siècles et des siècles.
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lundi 5 novembre 2012

11 ème séance : Des clefs .. si ça peut servir à ouvrir quelque chose ..





Sous le titre "Les clefs de la psychanalyse"
Patrick Valas nous met en ligne cet entretien de Madeleine Chapsal avec Jacques Lacan,
paru dans L'express en mai 1957.
http://www.valas.fr/Jacques-Lacan-Les-clefs-de-la-psychanalyse,181


Cet entretien figure, avec d'autres, dans "Envoyez la petite musique"
http://www.livredepoche.com/envoyez-la-petite-musique-madeleine-chapsal-9782253044703



J'ai tapé "clefs" sur Googgle pour trouver de quoi illustrer "Les clefs de la psychanalyse"
en pensant à l'objet clef, et voilà que s'est ouverte une page entière de clefs .. musicales !
Quoi de mieux pour illustrer le lien entre l'article de Valas et le livre de Chapsal ?

Il y a mieux : une bannière de solfège.
Je ne connaissais pas cela, une sorte de blason, qui réunit des éléments de l'écriture musicale
et les lettres de notre alphabet, de nos écritures.
En pensant à la place centrale que tient l'écriture dans la psychanalyse,
(le symptôme, notre musique intime, apparaît comme ce qui demande à être écrit)
je trouve que cette bannière a sa place ici.




http://www.irisenterprises.net/mbanner.html


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vendredi 26 octobre 2012

10 ème séance : Les indices se mettent à pulluler.








Les indices se mettent à pulluler .. 
à un point tel que je décide de changer le fond du blog.
Ainsi, plus d'un an après avoir décidé de titrer "Divan, fauteuil et gargoulette",
plus d'un an après avoir dit que je m'expliquerai sur "gargoulette" ...
.. sans pouvoir le faire,

je trouve ces images de pot et figurines en terre cuite qui me permettent de faire un lien.
Gargoulette .. soupière .. terre cuite .. femme ..




                Figurine en terre cuite : Attis dansant, Macédoine, IIIe s. av. J.-C ; (vers 250 av. J.-C.), 
                                                             (RMN/Hervé Lewandowski)

samedi 20 octobre 2012

9 ème séance : Ceci est un indice.




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Un indice, une trace.
Une image qui semble s'inscrire dans quelque chose d'entendu, ou vu, ou connu.
Ou un mot, un signifiant qui tout à coup fait boucle avec d'autres mots, d'autres images.
A des titres divers,
ma rencontre avec cette image est à ranger dans cette catégorie du "connu".
Et dans le blog en particulier,
elle est à placer directement à la suite de trois des messages :
"Je reviendrai" (1), "1re variation, soupière .."(2), et "Panne ou peine" (4).
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http://commons.wikimedia.org/wiki/File:2_Majapahit_Terracotta_pot_2_xith_top.JPG


samedi 21 juillet 2012

8 ème séance : Il n'y a que nous deux, ici.



Il m'est arrivé de regretter d'avoir dit ce que j'avais dit. 

Je pense à cette situation banale d'une discussion banale,
 au cours de laquelle tout à coup le ton monte, des mots s'ensuivent, et "ça part en vrille"..
(très juste image, qui me fait penser au tourbillon produit par un cyclone).
D'ailleurs c'est consacré par une expression : "Untel et Untel, ils ont eu des mots."

Ce qui s'est passé c'est qu' un mot de son discours a percuté quelque chose chez moi.
Quelque chose qui n'avait rien à voir, mais qui me tenait à cœur, sûrement.
On peut avoir le cœur "tenu". 
On peut être tenu "à cœur" par quelque chose celé, et scellé, dans la langue. 
Mon emportement soudain, ma sortie, disons "de route", l'a sidéré.
Ce qui est fait est fait.
Je ne sais pas comment les choses se sont décantées pour lui.
J'espère que c'est un jugement sur moi, genre "ça va pas la tête ?"
*décanter un liquide : le séparer des matières en suspension, qui se déposent au fond.
Clarifier, mettre de l'ordre, dégager les éléments essentiels.
L'analyse peut servir à cela : la décantation. Sans empêcher qu'on y revienne, la preuve.
On peut revenir sur un acte, avec l'acte de dire.

Il y a une scène d'enfance dans la série "Les Sopranos",  que Tony adulte évoque
parce qu'à l'époque elle l'avait sidéré, et lui avait "coupé le sifflet".
"ça me la coupe", c'est quelque chose qui s'entend assez couramment.
 Donc Tony et sa mère sont dans la cuisine quand il l'apostrophe assez irrespectueusement, 
et alors elle se penche vers lui pour lui rabattre son petit caquet
du genre "toi mon petit bonhomme il faudrait voir à pas trop la ramener"..
 Sur le seul plan verbal quelque chose comme : 1: "Vlan !" et 2: "Vlan !" le retour.
mais le cinéaste a du génie, ou des souvenirs, et un inconscient : 
il nous montre les visages (de profil) et les yeux dans les yeux. 
Mais ce sont des italiens, ils parlent aussi avec les mains, 
alors entre les deux visages on voit aussi la main de la mère.
Comme ils sont dans la cuisine et qu'elle touillait la tambouille 
elle a gardé sa fourchette à la main.
Dans le bureau elle aurait eu un stylo on aurait une scène intellectuelle,
dans la chambre elle lui mettrait sous le nez une chaussette ce serait scène comique ..
Mais la fourchette sous le nez de Tony pendant que sa mère le remet à sa place ..
Comme tout un chacun 
le cinéaste sait sans le savoir ce qu'il en est de l'interdit, de la castration symbolique,
et de la question, universelle, qui porte sur le phallus ..

Le rapport avec ce que j'évoque au début c'est l'enfant sidéré, interdit,
quand en lui se réveille le trauma,
le drame quasi universel, qui a déjà eu lieu mais qui a, et aura toujours, son lieu.
C'est l'effet "fourchette" d'un dire perçu comme menaçant quelque chose.

Pendant notre discussion, banale, 
un mot a ouvert la porte à quelque chose qui s'est faufilé chez moi.
Ainsi envoyée ailleurs - tout en étant là -
 à cause d'un mot qui, de mon coté seul, en a tamponné d'autres, 
j'ai eu des paroles non appropriées sur un ton inapproprié, il a été sidéré.

Dans ces cas là, au mieux on dit "je ne dis pas ça pour toi". 
Excuse dérisoire qui est pourtant la vérité vraie.
"Ah bon ? pour qui alors ?"  pourrait-il demander à juste titre.
 "Je ne dis pas ça pour toi" ou "ça ne t'était pas adressé".
 "Non ? et à qui alors ? Je ne vois que nous deux,ici." pourrait-il dire.

Oui.   Et non.

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                  Pour ma définition de *"décanter", ainsi que pour choisir les termes *"celer" et *"sceller",
                                je me suis connectée sur  LEXILOGOS, un plaisir et une merveille :

                                                               http://www.lexilogos.com/

                   D'ailleurs j'y retourne, il me semble que "percuter" et "tamponner" le nécessitent aussi.

                                                        http://www.cnrtl.fr/definition/percuter
                                                                           _________


Ceci est la page wikimédia sur laquelle j'ai trouvé cette photo des Femmes dansant, 
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bengasi_(cirenaica),_donne_danzanti,_200_ac..JPG 



jeudi 26 avril 2012

7 ème séance : Lacan l'homme.

     
     Plus de trois mois sans me connecter ! Et ça dure ..


     J'ai voulu faire ce blog en respectant la forme de l'association d'idées : les idées comme elles viennent, à partir d'une parole première, d'un acte qui inaugure : c'était en août dernier, avec le message "Je reviendrai", et la volonté de laisser venir la suite, sur le thème des mots qui tracent.

     Mais les blogeurs sont des coucous, ils nichent chez un hébergeur : ici c'est Monsieur Google. Et malgré notre projet commun (qu'existent les blogs),  nous ne sommes pas complètement dans la même temporalité, nous n'avons pas le même horizon, ni les mêmes motivations.
     Et lui il veut qu'on alimente, sinon-il-prend-des-sanctions : de fermeture, carrément !
     Déjà que je n'ai pas fait tout-bien tout-comme-il-faut pour être "référencée dans les moteurs", 
et qu'en conséquence le blog est sur la même page que les canapés et les fauteuils !

     Mais ça me va. Parce que c'est cohérent avec mon idée d'illustrer la psychanalyse comme elle vit,
 comme elle vient, de montrer comment se manifeste l'inconscient qui ne connait pas le temps, l'inconscient qui connait la grammaire mais pas comme vous et moi, l'inconscient qui peut nous pousser à aligner, dans le discours, des mots qui n'ont rien à voir, qui nous pousse à insérer sans le vouloir un mot-intrus dans une phrase, à manger* des mots, en fabriquer d'autres.

     Ce qui m'éloigne d'ici en ce moment, ce n'est pas seulement une panne dans les associations, une résistance au dévoilement, c'est aussi que le monde nécessite mon attention, et en particulier
- l'affaire de la psychanalyse qui serait à écarter des personnes autistes,
- l'affaire de Toulouse où un jeune homme, dont on dit qu'il serait un loup solitaire en réseau -comprenne qui pourra- a commis l'horreur des horreurs. 

     Voilà que j'ai été amenée, par mon discours et ce qu'il signifie dans le dernier paragraphe, bien loin de ce par quoi j'ai introduis le message d'aujourd'hui, qui était du coté du plaisir, plaisir à penser, à imaginer, à écrire ici.

     Alors sans transition : plutôt que faire la critique d'un livre en disant pourquoi ceci et pourquoi cela, je mets à disposition, tel quel, un extrait de :
                                                                  
                                                   Q U A R T I E R   L A C A N
                                                           (champs Flammarion)    


     C'est un livre d'entretiens d'Alain-Didier Weill, que je relis de temps en temps.
     A chaque lecture je suis émue et même bouleversée par certains entretiens, moi qui n'ai pas connu Lacan alors que son oeuvre me donne tant et tant*. L'entretien avec Wladimir Granoff surtout, où se manifeste .. l'humanité : la peine, le regret, la trahison, l'amour déçu .. Mais il est un peu long pour être recopié, alors je choisis un entretien parmi les plus courts, entre Alain-Didier Weil, Madeleine Chapsal et Serge Leclaire.


     A.D.W : .. tu représentes .. celui dont la communication au colloque de Bonneval sur l'inconscient en 1960 a été le texte "passeur" de l'enseignement de Lacan .. as-tu conscience du rôle que tu as joué dans la rencontre de cette génération avec Lacan ?
     M.C : Je vous ai vu pour la première à Guitrancourt chez Lacan, et en ai conclu que vous étiez un intime. Qui avez-vous connu d'abord ? L'analyste ? celui que faisait des séminaires ? ou l'ami ?
     S.L : Ni l'un ni l'autre. J'ai été le voir sur les indications de Françoise Dolto alors que la psychanalyse était pour moi une chose vraiment très peu familière. Notre premier contact est exemplaire de ce que fut pour moi cette rencontre : à la fois en direct, au coeur des choses, et en biais, sur les cotés. Il a été décidé quasiment sur le champ que je viendrais lui parler comme analysant, ce qui s'est fait pendant plus de quatre ans, pendant lesquels beaucoup de choses se sont passées, dans l'analyse elle-même et dans le mouvement analytique.
     M.C : Donc il était votre analyste ?
     S.L : Il était à la fois mon analyste et quelqu'un d'extraordinairement proche. Pas au sens de la familiarité, mais de quelqu'un qui entendait, et que vraisemblablement j'entendais aussi. Beaucoup d'anecdotes témoignent de relations non strictement analytiques ..
     .. vers les années 54-55, il passait en Alsace au prétexte d'une visite à Heidegger et un pélerinage sur les lieux de Goethe -ce qu'il a fait scrupuleusement. Il ne faisait pas très beau. Je lui ai proposé une promenade dans la forêt, sur les petits sommets vosgiens. Son enthousiasme était modéré, mais dès que je lui dis le nom de l'endroit, un lieu-dit, Urchstein, "pierre originelle", on est parti immédiatement, non équipés bien sûr, alors qu'il restait un peu de neige. Typiquement une rencontre sur des ....
     M.C : Sur des signifiants ?
     S.L : Sur des signifiants, comme il aurait dit, et comme nous disons maintenant.
     M.C : Vous faites de lui un personnage un peu austère. Mais il semble que vous l'ayez aussi aimé en tant qu'homme, tel quel ....
     S.L : Je crois que ce qui m'a le plus touché .. ce qui me touche le plus chez lui, c'est que je sentais toujours dans ses paroles, justement les plus neutres et les plus occasionnelles, quelque chose comme un appel, comme s'il était toujours là à appeler, à crier, à insister, à supplier, à dire : "Est-ce que vous m'entendez ? Est-ce qu'il y a quelqu'un pour m'entendre ?"
     M.C : Est-ce que vous l'avez entendu ?
     S.L : Je pense, à ma façon. Il y a mille façons de l'entendre. 
     M.C : Qu'avez-vous entendu de plus essentiel ?
     S.L : Sa persévérance, sa façon d'être tout entier dans son être, on pourrait dire, dans cet appel. Et du même coup, aussi, quelque chose de sa solitude. Elle n'apparaît pas dans son histoire, on ne peut pas dire qu'il a été seul, mais il y a quelque chose en lui d'une profonde solitude qui m'a touché. Cet appel, cela allait jusqu'au cri, tous ceux qui ont été proches de lui ont entendu, à un moment ou à un autre, ce que je dis là : c'est quelqu'un qui pouvait vous appeler à deux heures du matin parce qu'il avait quelque chose à dire dans des moments de crise, justement pendant ces années, comme en 1953 où il se sentait en butte à la malveillance, pour ne pas dire la persécution de ses collègues analystes. Il téléphonait, comme ça, en pleine nuit, pour dire son désarroi.
     M.C : Mais il n'a pas fait qu'appeler, ce que d'ailleurs font d'autres gens : il vous a apporté quelque chose. Pourriez-vous nous dire quoi, dans quel domaine essentiel ?
     S.L : C'est là qu'on peut reconnaître l'affinité. Il m'a apporté au fond ce qu'il me demandait, il m'a apporté cette formidable présence et cette écoute, qui ne s'est pas limitée à la situation analytique. J'ai su, avec lui, qu'il pouvait y avoir quelqu'un qui entendait. Qu'est-ce qu'on peut apporter de plus ? Je ne sais pas, le reste, je dirai, est presque secondaire .. C'est ce qu'il m'a apporté : cette fantastique présence, cette écoute, en situation analytique ou ailleurs, bien au-delà de ce que je pouvais entendre de mon appel, de mon cri, de mon angoisse, de ma solitude. Il y en avait au moins qui m'entendait, de ça, j'étais sûr. Alors ..
     M.C : Vous dites vous même, en tant qu'analyste, qu'il n'y a rien de plus rare que l'écoute ..
     S.L : Oui.
     M.C : Ca, il l'avait ? Beaucoup de bruit ont couru sur lui, qu'il ne serait peut-être pas formidable clinicien, vous vous dites exactement l'inverse ..
     S.L : Je dis exactement l'inverse. Dans une très grande discrétion, dans une économie de mots et de paroles, il pressentait, des semaines, des mois, des années à l'avance, ce qui allait advenir de tel ou tel, qui allait le trahir ou qui allait le quitter, qui allait se dévouer entièrement à lui, ce qu'il ne souhaitait pas d'ailleurs. Il avait une façon de pressentir, à partir d'une fraction de mots qu'il entendait .. Même s'il n'écoutait pas beaucoup ça ne l'empêchait pas d'entendre, malgré toutes ses préoccupations, occupations ..
     M.C : c'était aussi un théoricien, ça vous a nourri, aidé ? Freud pouvait suffire, considérez-vous qu'il y a un apport de Lacan au-delà, ou à coté, de Freud ?
     S.L : Sûrement, mais puisque c'est la façon dont je l'ai vécu et senti, disons que j'ai, par rapport à la théorie d'une façon générale, un intérêt très vif mais toujours méfiant. Lacan a apporté des mots, des concepts nouveaux, et, comme il le disait de façon pathétique les dernières années, des signifiants nouveaux. Dans le cours de son travail on peut relever beaucoup d'incohérences apparentes, de retournements, alors que les fils sont ailleurs, quelque chose qui excède le sens et la signification, comme il l'a toujours enseigné. La persévérance dans ses signifiants est un véritable travail théorique : une constante mise au travail de ce qu'il inventait, de ce qu'il découvrait, en empruntant à droite et à gauche, en faisant feu de tout bois, en se servant de toutes les théories, de toutes les philosophies, de toutes les recherches contemporaines, de toutes les hypothèses. Il en faisait quelque chose qui n'est pas à proprement parler un corpus ou une théorie, mais quelque chose qui garde encore sa force de travail vivante. Quand on lit les Ecrits c'est ça qui passe pour moi d'abord.
     M.C : Comment le situez-vous par rapport à Freud ?
     S.L : Bien qu'on puisse imaginer qu'ils n'auraient pas eu beaucoup d'affinités s'ils s'étaient rencontrés, je pense que Freud, malgré ses apparences de "Herr Professor", était quelqu'un qui avait la même folie et la même passion que lacan.
     C'était la même écoute. Freud n'avait pas la même pudeur que Lacan, la même réticence à faire état de son travail clinique, à commencer d'ailleurs par le travail avec ses propres rêves.
      Lacan avait la capacité de s'endormir en dix secondes, quand il avait un peu de temps, ce qui était fort utile étant donné son rythme de travail. Freud, lui, avait la capacité de produire des rêves quand il avait besoin de travailler. Il l'a raconté, ça fait partie de ses histoires avec Fliess.
     M.C : Est-on dans un après Lacan ? Ou encore en plein Lacan ?
     S.L : Après 1 siècle de psychanalyse, on est tout juste à découvrir une fois de plus l'analyse. On n'est dans aucun après, on est peut-être encore dans des avants, au moins pour ceux qui n'ont pas encore rencontré la psychanalyse .. ce n'est pas pertinent d'utiliser des termes comme "après Freud", "après Lacan". Ces écrits-là traverseront les siècles, ne ne sais pas, comme ceux de Parménide, même s'il en reste très peu.
     M.C : Et les analystes qui commencent ? Lacan est-il précieux pour eux ? Est-ce qu'ils le lisent ?
     S.L : Il est précieux, il est redoutable, et ils ont du mal, parce qu'ils n'ont pas connu l'homme. Ils ont du mal aussi parce qu'ils ne sont pas toujours passés par Freud, dont les écrits sont plus accessibles, plus sensibles, plus cliniques.
     Quelques uns d'entre eux, comme moi au début, ont fait une rencontre en ouvrant un texte de Lacan. Mais il y a tout l'appareil de glose autour de ses textes, dont Lacan se méfiait beaucoup, qu'il stigmatisait en le situant dans le registre du discours universitaire, celui avec lequel on fait les thèses. pour beaucoup l'accès à Lacan passe par là, ça leur rend les choses plus difficiles.
     M.C : Vous nous faites un portrait de Lacan magnifique, émouvant. Comment se fait-il que cet homme ait si peu conquis le grand public ? Qu'il ait même une espèce de mauvaise image, de réputation de dandy qui a essayé de bluffer le bourgeois, comme on disait autrefois des peintres ? Il y a là quelque chose qu'on comprend mal. Avez-vous une explication ?
     S.L : je vous dis ce qui me vient, ce n'est pas une explication. Il y a un versant de Lacan, qui fait aussi profondément partie de qui il est : c'est un personnage tragique.
     J'ai essayé certaines fois lors de nos rencontres d'en parler, de lui dire à quel point je trouvais cette obstination tragique contraire à l'esprit de la psychanalyse. Mais en même temps ça donne une familiarité avec ce qu'on pourrait appeler le fond de l'être. Ce coté tragique il s'employait à le masquer -il le reconnaissait- et c'est une chose qui m'a profondément touché. Je ne comprends que trop bien que certains aient essayé d'en faire un pitre, un clown : chacun sait que le pitre ou le clown est un personnage tragique.
     Plutôt que de le prendre au sérieux, parce que le tragique ça se prend quand même au sérieux, la tendance a toujours été de s'en défendre. Il m'est arrivé d'entendre des choses qui n'étaient rien de moins que "méfiez-vous c'est le diable" .. Ce versant du personnage, diabolique, tragique aussi, ne fournit pas une explication par rapport à la question que vous me posez, mais me paraît quand même quelque chose de fondamental, de déterminant. Pendant toutes ses dernières années le tragique était vraiment là, on l'a reconnu, même médiatiquement.
     M.C : A propos de la thérapie, comment se situait-il ?
     S.L : Il était d'une présence extraordinairement chaleureuse auprès des personnes en désarroi. Certains disent "qu'est-ce qu'il a eu comme suicides !" Alors que peu d'analystes ont eu une présence aussi chaleureuse, aussi tendre, aussi dévouée, auprès des personnes en désarroi.
     M.C : J'ai connu des cas qui vont dans ce sens. Mais j'aime votre formule "c'était un homme qui était proche du fond de l'être".
     S.L : Et qui ni ne le cachait, ni ne s'en prévalait, ni ne s'en servait comme faire-valoir.
     M.C : C'était un don ? ou quelque chose qu'il a cultivé, travaillé ?
     S.L : Je pense qu'il n'avait pas le choix : c'était le fond de son histoire et de son secret. Ca faisait partie de ses fantasmes originaires. Comme on dirait d'un personnage tragique, c'était son destin. 
     M.C : Cette persévérance dont tu parles, dégradée par certains en persévérance diabolique, m'évoque l'Eglise qui a nommé, à sa façon "errare humanum est, perseverare diabolicum". Quand Lacan a défini comme religieuse la communauté analytique de l'IPA qui l'excluait, n'est-ce pas une façon de dire que l'horreur de l'inquisiteur est induite par l'hérétique soutenu par sa persévérance ?
     S.L : Oui, et je préciserai ce que tu dis, à quoi je souscris. Cette persévérance dans le péché de Lacan, c'est à la fois persévérance dans le fait d'avoir dérobé aux dieux non pas le feu du ciel, mais de leur avoir dérobé la parole et le langage, et persévérance dans le fait de la rendre aux humains. Sur ce point il était intraitable. Le perseverare que tu dis, il l'a lui même proféré en disant "je persévère", ou "encore", c'est à dire : quelque chose ne lâchera pas. Qu'il se soit retrouvé, par rapport à la communauté analytique, dans cette situation d'excommunication n'est pas étonnant, étant donné qu'en dérobant la parole aux dieux ou à leurs substituts, il s'est confronté aux analystes pour lesquels la parole analytique était devenue parole réservée.
     M.C : C'était un combattant ?
     S.L : Je le vois plus comme un explorateur, et ça c'est très freudien. Explorateur que rien ne pourrait arrêter ....  le nombre de lieux où il avait quelque chose à découvrir, le nombre de fois où il a tenté de se faire ouvrir une église, un musée, un lieu fermé .. est incalculable. On a pu en rire, mais c'était une passion.
     M.C : Il avait la passion des êtres, aussi .. il est allé voir Cohn-Bendit dès qu'il a surgi. Il y a eu d'autres cas ?
     S.L : Oui, il était explorateur de tout ce qui bouge, de tout ce qui vit : dès que ça vivait quelque part, il y allait.
     M.C : Dans la mesure où tu fais partie de cette génération qui a rencontré Lacan dans l'immédiat après-guerre, peux-tu évaluer l'incidence de cette période historique sur ta rencontre avec lui ?
     S.L : Le terme d'après-guerre résume la question, et je vais être extrêmement abrupt dans ma réponse. Je le dis comme je le sens, pour ma génération, la Shoah, les camps, étaient moins connus qu'aujourd'hui. Je veux dire qu'on cachait encore cela, ou tout au moins on était très pudique là-dessus. Je ne sais pas si c'est resté ainsi après le film de Resnais Nuit et brouillard,  mais c'était ça le contexte d'après-guerre. Mon interprétation c'est que pour cette génération, pour nous, je ne vais pas reprendre des idées de rachat, mais il y avait quelque chose à rattraper, que Lacan a très bien saisi. Lui n'a pas parlé de façon aussi directe. Je pense que nous étions tous marqués, même sans l'avoir élaboré, même sans le savoir. Maintenant on ne laisse plus à tout un chacun le temps de l'élaborer, de le reconnaître et de le reconstruire, on vous explique les choses ..
     Il faudrait que je m'explique sur la façon dont l'invention de la psychanalyse par Freud a donné les moyens de penser l'extermination, celle des juifs en particulier, mais ce serait long et difficile. Heureusement aujourd'hui ça ressort, il y a tout le questionnement sur les années brunes de la psychanalyse, et sur notre positionnement, aujourd'hui, comme analystes, devant ce qui continue de menacer de revenir.
      M.C : Au colloque de Rome en 1975 Lacan avait dit que le retour du racisme lui paraissait prévisible et irrépressible, j'avais été étonnée. Qu'en penses-tu ?
     S.L : Que c'est peut-être à ce propos qu'il faudrait se transformer en combattant.
     M.C : il parlait de racisme et de ségrégation ?
     A.D.W : Il en a parlé bien avant que ça revienne si massivement sur le devant de la scène. A partir de son expérience ? du quotidien de la pratique ?
     S.L : C'est une chose dont nous avons tous l'expérience. Ce que nous entendons au fil des heures sur le divan c'est quand même mieux que la télé ! Au sens où ce n'est pas trop trafiqué, et ça s'entend. Avec l'oreille qu'il avait, il l'a entendu un peu plus tôt.
     MC : Je crois que Bettelheim l'a dit aussi.
     S.L : Oui, mais lui y avait été, en camp.
     A.D.W : Comment les proches de Lacan ont pris la question ? Qu'est-ce que ça suscitait ?
     S.L : Ce que ça suscite habituellement : 80% de surdité et 2 ou 3% disant "Oui, bon, d'accord." Et les autres ne disant rien de tranché.
     M.C : On n'a pas parlé d'une dimension qui me semble importante chez Jacques Lacan, sa relation aux femmes. Vous en avez été témoin ? Il avait un rapport particulier aux femmes, entre autre comme s'il y avait deux peuples : les hommes et les femmes. Moi je me suis sentie reconnue dans mon être par Lacan, et c'est ce qui m'a beaucoup attachée à lui ..
     S.L : J'ai envie de dire que ça devrait être la moindre des choses pour un analyste alors que de fait malheureusement ça ne l'est pas. Sans doute est-ce un des points forts qui font que Lacan restera dans l'histoire, parce que sa position vis à vis des femmes pour le coup n'est pas exactement la même que celle de Freud. Il y a sur cette question un apport lacanien. 
     M.C : Il a exploré le continent blanc ..
     S.L : Oui, ou noir .. Mais il me semble que demeurait, dans son style, quelque chose qui datait un peu, qui n'était pas aussi moderne que lui, quelque chose d'un petit peu traditionnel, disons. 
     M.C : Il avait envie d'en rester là sans doute ?
     S.L : Peut-être. Ce n'est pas un reproche, c'est que c'est peut-être sur ce plan là qu'il a pu s'attirer la critique .. Disons que grosso modo du coté du mouvement des femmes il restait, et cela faisait partie de son charme, un peu désuet.
     A.D.W : Et pourtant quel homme moderne !
     S.L : Oui.
     AD.W: Peut-on même dire qu'il a suscité le mouvement des femmes ?
     S.L : Alors là pour le coup : oui !
     A.D.W : Comment rendre compte alors du fait que ce mouvement, né d'une certaine façon de son enseignement, s'est senti persécuté par ce qu'il disait ?
     S.L : Ce serait une question de théorie un peu difficile à développer là, mais je crois que tout achoppe quand même sur la question du primat du phallus et tous les malentendus qui prolifèrent à partir de là.
     M.C : La question n'est pas résolue ?
     S.L : Non.
     A.D.W : Une toute autre question : les gens de ma génération ont été habitués à entendre de sa part une critique radicale de l'IPA, et nous n'avons toujours pas su interpréter la raison pour laquelle, a contrario, il a tellement souhaité pendant tant d'années, y être affilié ?
     S.L : De même que l'ancien élève du collège Stanislas a eu à coeur de rencontrer à Rome le pape, pour le convaincre de l'intérêt crucial de son enseignement pour l'avenir de l'Eglise, de même Lacan, depuis le début de sa carrière analytique, a eu à coeur de faire entendre aux papes en place dans le milieu analytique la fécondité de son apport. Il est toujours resté au fond très attaché au mouvement analytique, et une de ses grandes douleurs a été quand même, si l'on peut dire, le désintérêt et la trahison de Lowenstein, son analyste, qui aurait dû, et depuis longtemps sans doute, l'entendre. J'ai été témoin en 1963 à Stokholm de cette scène où Lacan courrait après Lowenstein, pour essayer désespérément de lui dire : mais il faut quand même que je vous explique, pour que vous compreniez que c'est vital pour vous.
     D'ailleurs pour en revenir, avant de terminer, à la question que tu posais au début sur notre génération des années cinquante, on a senti qu'il y avait quelque chose de vital pour nous dans la voie où nous nous étions engagés. Quelque chose de vital tout court, avec cet être d'exception.
     M.C : Génial ? Le mot ne vous convient pas ?
     S.L : "Génial" me paraît un peu réducteur, si on pense à l'extrême singularité de cet homme qui était fantastiquement vivant.
     A.D.W : Ce qui est d'exception, n'est-ce pas d'avoir su nous rendre transmissible le sujet de l'inconscient en le laissant persévérer ?
     S.L : ça peut se dire comme ça.

                                                      Entretien, Alain-Didier Weil, Madeleine Chapsal, Serge Leclaire, 1993.


* si "tant et tant" suit "temps et temps", ce n'est absolument pas dû au hasard.
 * "manger" non plus, pas plus que "soupière" ou "gargoulette" ..    

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        Beaucoup d'autres ont parlé de Jacques Lacan, de diverses manières. Je viens de (re)lire un commentaire de Patrick Valas qui nous énumère diverses manières de "rapporter". Comme souvent rien à enlever et rien à rajouter à cette connaissance et à ce style qui sont de purs délices.

                                   C'est le premier lien hyper-texte que je mets sur le blog. 
                        A tout seigneur tout honneur. Sachant que tout est relatif, quand même.

                             http://www.valas.fr/Qui-a-peur-de-Jacques-Alain-Miller,089


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http://youtu.be/uF26cytWZmk

http://youtu.be/FCFcvhClmk0