mardi 31 décembre 2013

Fuckenelle.


J'aime beaucoup cette sculpture 
(Hidari Jingoro, sanctuaire Toslogu, à Nikko, Japon)
Choisie par Jean-Michel Louka pour son blog, d'ailleurs.
Mais pour mon article d'aujourd'hui, celle-ci, plus bas, est plus représentative : 
visiblement, Mizaru, Kisaragu et Iwazaru sont un peu tétanisés.
On imagine notre Johnny s'étonner : "AAh Que.. c'estquoi qu'ils ont ?"


Ils représentent un symbole d'origine asiatique appelé "les singes de la sagesse" :
à celui qui ne voit rien, ne dit rien, n'entend rien, il n'arrivera rien.
L'artiste qui a créé cette figurine les imagine assez effrayés, quand même, 
bien serrés les uns contre les autres, et chacun bien bien serré sur soi-même.
Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à cette posture de François Hollande sur les photos officielles,
où il nous présente un corps serré, enserré dans un costume dont les manches laissent dépasser
deux mains qui semblent terriblement inertes. "Aah Que .. retenir ?"  pourrait demander Johnny.


Costume-corset, corps serré, tenue, geste retenu .. d'un sujet pris, aussi, dans le discours.
Corps parlé ? parlant ? corps contraint ? corps joui, jouissant, de parler ? de taire ? 
Comment le langage s'accommode-t-il, de nos ouvertures/fermetures/armatures corporelles ?
On entend "mât" dans armature, ce qui tient, mais "arme", aussi : instrument actif ? passif ?
une même posture peut signifier tout et son contraire (le corps, ce malentendu ..*), 
mais chez les politiques toujours en représentation, quel est la part du conflit montrer/cacher ?

Sans tenter de déchiffrer quoi que ce soit chez François Hollande, on ne peut que constater
que ce corps, qui contraint les bras, déflagre régulièrement dans le discours :
la combustion est ultra-rapide, le parler s'enflamme, et des mots explosent.

Dans ce cas, aucun doute : aussi polissés qu'ils tentent d'être en s'aidant du ton et de la mimique,
ils équivalent à un gros "Fuck !",  ils équivalent à un "doigt", à un bras d'honneur, 
que dis-je : à une Quenelle. Aaaaaah QUe oui !!

Le mieux c'est de tout serrer.


Au cas où, devant témoin, et en tant que corps en représentation,
 nous prendrait l'envie soudaine de nous gratter le haut du bras. Par exemple.
Car alors le cerveau, balayant en un éclair des images actuelles (galette des rois, quenelle ..)
et les mots inoffensifs de la langue de bois (création, culture, patati, patata..)
risquerait, au lieu de tranquillement se soumettre au refoulement habituel,
de nous faire un de ces retours du refoulé catastrophiques pour le politique
qui s'applique à tout retenir pour ne rien lâcher qui puisse le compromettre.



__

* Un texte de Philippe Lacadée, un peu long et un peu difficile, mais on en prend et on en laisse,
il ne faut pas se gêner.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci pour votre visite, et votre commentaire. Il sera publié après lecture.