mercredi 18 décembre 2013

Psychanalyse et politique ?


Comme c'est le cas depuis le commencement de cette expérience de blog,
l'article que je publie aujourd'hui n'est pas un travail de fond, exhaustif, sur un sujet, et qui se boucle.
Car non seulement il n'épuise pas son sujet, mais bien au contraire
 il n'existe que par ses possibilités infinies d'associations, développements de développements.

D'ailleurs, tout en tapant ces mots et ayant en tête le sujet de l'article,
je pense en même temps que cet acte-là, d'adresser mes élaborations, d'une part,
via un blog, "à la cantonade", et d'autre part sous ce titre-là, englobant "Divan, fauteuil ..
(le dispositif psychanalytique conscient, typique, matériel, concevable)
.. et "gargoulette" (un mot de mon enfance, et plus loin encore : de l'inconscient insondable)
ne pouvait qu'aboutir -mais je ne le sais qu'aujourd'hui, dans l'après-coup-
à l'article d'aujourd'hui, à un manifeste.

Car il s'agissait, quand j'ai commencé le blog, de "faire leçons" sur la psychanalyse autrement
qu'en débitant, "du haut de la chaire", un savoir théorique, uniquement conceptuel,
car pour cela les productions ne manquent pas, ne serait-ce que les dictionnaires (*)(**)
Mon intention était d'aller chercher, dans ce que nous offre le savoir psychanalytique,
de quoi penser une situation actuelle, vivante, 
une situation vécue en tant qu'être parlant travaillé en même temps par l'intime et le social,
et d'exposer mes propres associations d'idées. Exercice quasi-impossible, en fait.
J'ai dit "quasi" : pas tout à fait impossible. Mais hors-confort, et brisant la jouissance attendue :
se repositionner à chaque article pour produire quelque chose qui ne soit pas un épanchement
(même "séance après séance" ne fait état que de la partie émergée de ce qui s'élabore, pour moi,
et ne s'arrête jamais), produire quelque chose qui ne soit pas de la "psychanalyse sauvage" sur
les individus, mais dire sur les discours publics sans préjuger de la structure singulière de l'être
qui donne à voir et à entendre dans l'espace public,
et, et là j'introduis ce qui motive mon article aujourd'hui,
ne pas prendre parti car la psychanalyse ne s'occupe que des positions de l'inconscient.
Par exemple, l'inconscient ignore la droite, la gauche, le bien, le mal : il est, sans savoir.
Mais le psychanalyste ?
N'être attentif qu'à ce qui s'est noué, ce qui aspire à la vérité, dans le sujet, pour qu'il advienne,
c'est son travail, et c'est son désir.
Certains disent qu'ils s'en tiennent à cela parce que c'est ainsi que ça doit être, et qu'il le faut.
Sur le bouleversement sociétal du mariage dit pour tous ceux-là n'ont ni objecté ni approuvé.
Pourtant les effets de la loi touchent au cœur de ce qui occupe la psychanalyse, à savoir
l'être parlant, sexué, né d'un homme et d'une femme, affecté par sa mémoire et la pulsion de mort.
Alors que beaucoup, parmi ces psychanalystes qui disent se tenir en retrait, discourent tant et plus
sur l'effet des lois fascistes (nazies ou bolchéviques) sur le parlêtre, sur la mémoire en lui,
sur la mémoire de ses parents en lui, de cette mémoire sur ses enfants pour les siècles des siècles.

Témoin de l'articulation entre le subjectif et le sociétal, ou le politique, dans quoi lui-même est pris,
le psychanalyste peut tout à fait faire abstraction de ses convictions citoyennes,
faciles à faire taire dans nos démocraties ordinaires, sans que son écoute en soit biaisée.
Mais dans l'extra-ordinaire du mensonge d'état, du déni en acte aux effets de ravage ?
Doit-il, hors la cure aussi, taire sa conviction citoyenne devant ce ravage en acte ?

J'ai débuté cet article en suggérant qu'introduire dans le titre le mot gargoulette, si personnel,
signifiait mon choix de me "prendre avec" dans une démonstration de la psychanalyse.
 Finalement de ce choix je ne suis pas quitte, et j'en suis fort aise. Je suis donc redevable :
à la psychanalyse, à mes ancêtres, père et mère, et à ma descendance, de la vérité que je connais.
Et j'assume de la dire :
Du massacre qui eut lieu à Oran le 5 juillet 1962,
ce pouvoir que nous avons s'applique à taire l'existence. Et nous enterrer avec, peut-être ?
C'est pourtant, dans son horreur crue et nue, un événement qui fait pivot,
un événement à partir duquel penser et appréhender une histoire qui commença bien avant,
du fait qu'elle plonge ses racines dans l'histoire du monde et des relations entre les hommes,
et une histoire qui perdure, dont le récit se fait sur deux partitions :
celle d'une ligne officielle, de parti-pris, de déni, et d'insulte à la vie,
celle de la vérité historique, à quoi s'accrochent les survivants, dans leur inaliénable dignité.

Ce qui a donné lieu à l'élaboration de cet article, c'est un autre article de blog rencontré par hasard :
http://benillouche.blogspot.fr/2013/12/oran-5-juillet-1962-le-massacre-censure.html

Ce n'est pourtant qu'un témoignage parmi d'autres, des centaines, des milliers, des millions,
de ce coté-ci de la méditerranée et de l'autre.
Nous sortirons un jour des camps.


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