samedi 8 octobre 2011

S.IV : I,4. La dialectique de la frustration.



             Séminaire IV : LA RELATION D'OBJET ET LES STRUCTURES FREUDIENNES
                      partie I :   THEORIE DU MANQUE D'OBJET
                                      leçon 1. Introduction
                                              2. Les trois formes du manque d'objet
                                              3. Le signifiant et le Saint-Esprit
                                              4. La dialectique de la frustration
                                              5. De l'analyse comme bundling, et ses conséquences.


        __________________________________________________________
                            Agent                    Manque                         Objet
                            
                                                         castration                     imaginaire
                                                     (dette symbolique)                 
                        
                                                          frustration                        réel
                                                       (dam imaginaire)

                                                            privation                    symbolique
                                                            (trou réel)
                      ____________________________________________________________

Ce tableau permet d'articuler le problème de l'objet tel qu'il se pose dans l'analyse.

L'analyse est partie d'une notion qui a fait scandale : les relations affectives
de l'homme. non pas tant d'avoir mis en valeur le rôle de la sexualité (personne ne songe
plus à s'en offenser), mais surtout d'avoir introduit ce qui fait ses paradoxes, à savoir
que l'objet sexuel présente un difficulté essentielle qui est d'ordre interne.

Certains ont pourtant effectué un glissement vers une notion harmonique de l'objet, très loin
de ce que Freud a rigoureusement articulé, notion qui concerne l'objet (choix d'objet etc..)
et non la relation d'objet. Dans "Pulsion et destin des pulsions" : l'objet de la pulsion est
celui à travers lequel l'instinct peut atteindre son but. Il est variable, rien ne lui est
originairement accroché, mais quelque chose lui est subordonné, suite à son appro-
priation, la possibilité de son apaisement "(citation approximative).
Donc pas d'harmonie entre l'objet et la tendance, l'objet qui lui est lié l'est à cause
de conditions spécifiques à lui => articuler ceci en suivant Freud qui dit que l'objet n'étant
que re-trouvé à partir d'une Findung primitive, la re-trouvaille (Wiederfindung) n'est
jamais satisfaisante,  l'objet est toujours inadéquat. Cela amène à critiquer la théorie 
actuelle qui privilégie la notion de frustration qui était marginale pour Freud. pour cela
il y a à différencier  castration, frustration et privation.

La castration est liée à un ordre symbolique déjà institué en une longue cohérence
de laquelle le sujet ne peut être isolé. Nos réflexions antérieures, et Freud, le disent,
elle est liée à la position du complexe d'Oedipe, articulation essentielle de l'évolution de la
sexualité. Le complexe d'Oedipe comporte fondamentalement, en lui-même, la
notion de LA LOI. C'est pourquoi la castration institue une dette symbolique. L'objet
 mis en jeu dans la dette symbolique instituée par la castration est un objet imaginaire,
 c'est le phallus.

Nous occuper de la notion de frustration déroge peu à la notion mise par Freud au centre
de la conflictualité analytique, la notion de désir. A quoi se rapporte cette frustration ?
La notion de frustration, mise au 1er plan de la théorie analytique, se rapporte au
premier âge de la vie, et est liée à l'investigation des traumas, fixations, impressions,
provenant d'expériences pré-oedipiennes. Elle n'est pas extérieure à l'Oedipe, elle
en donne la base, le terrain préparant chez le sujet ses inflexions, plus ou moins poussées,
vers atypie ou hétéronymie. Le mode de relation à l'objet en jeu dans la frustration
introduit la question du réel dans le développement du sujet, avec son cortège de
métaphores quantitatives : satisfaction, gratifications, somme de bienfaits adaptés,
adéquats, saturation, carence .. Toutes conditions réelles censées être repérées dans
les antécédents du sujet en analyse, comme le dit la littérature analytique actuelle. Alors
que c'est absent ou conceptualisé autrement dans les premières observations analytiques.

La frustration est considérée comme un ensemble d'impressions réelles, vécues au moment
où la relation à l'objet réel est centrée sur l'imago dite primordiale du sein maternel, par
rapport à quoi vont se former penchants et fixations premières. De là ont été articulés les
stades instinctuels, stades oral, anal, subdivisions phalliques, sadiques etc.. et leurs relations
 marquées par un élément d'ambivalence qui fait que le sujet est deux,  qu'il participe de la
position de l'autre. C'est une anatomie imaginaire du développement du sujet.

Nous limiter à cela : un sujet dans une position de désir pour le sein objet réel, pose
la question de savoir ce qu'est ce rapport le plus primitif du sujet à l'objet réel ?
Freud ayant parlé du stade vécu d'auto-érotisme, les uns y ont vu le rapport primitif de
l'enfant à l'objet maternel primordial, d'autres ont objecté que les observations directes 
contredisent que l'enfant ne connaisse que lui-même. ((Quoi de plus extérieur au sujet que
cet objet en lui-même la première nourriture, et dont il a le besoin le plus pressant ? je mets
cette phrase entre parenthèses, je ne sais pas à quoi elle s'applique exactement))
Confusion ==> malentendus ==> discussion qui piétine ==> formulations dont je donne un
exemple avec la théorie d'Alice Balint : concilier la notion d'auro-érotisme telle que Freud
en a parlé et l'objet réel avec lequel l'enfant est confronté primitivement ==> une forme
d'amour (primary love) avec égoïsme et don parfaitement conciliables, réciprocité entre
exigences de la mère et exigences de l'enfant, parfaite complémentarité des deux pôles
du besoin. C'est contraire à toute expérience clinique. un soi-disant primitif amour
parfait et exactement complémentaire, alors que nous avons sans cesse affaire dans le
sujet à l'évocation de tout ce qui a pu advenir de discordances fondamentales. D'ailleurs
A.B. quand elle dit que là où les rapports sont naturels (chez les sauvages), l'enfant est
toujours au contact de la mère. C'est ailleurs, au pays des rêves, que la mère à toujours
l'enfant sur le dos .. Mais un amour si strictement complémentaire est une évasion si peu
correcte que les auteurs sont obligés de dire que c'est une position idéale (idéactive).

Pour introduire à notre critique de la notion de frustration, je vais utiliser la théorie de
Mélanie Klein. Dans un bulletin de l'Association des psychan. belges, on trouve les 
auteurs cités dans ma 1ere leçon, qui se centrent sans vergogne sur une vue optimiste de
la relation d'objet. Pasche/Renard reprochent à M. Klein de mettre tout à l'intérieur
du sujet d'une façon préformée (tout l'Oedipe, dont les éléments n'auraient plus qu'à 
sortir), comme le chêne dans le gland en biologie, et rien ne viendrait de l'extérieur. 
Il y aurait au départ des pulsions agressives (c'est vrai que MK théorise beaucoup 
l'agressivité) puis les chocs en retour venant de l'extérieur, du champ maternel, et par
leur intermédiaire la construction de la totalité de la mère, schème préformé à partir
de quoi s'instaure la soi-disant position dépressive. Je simplifie, et souligne à quoi cet
article aboutit : les auteurs paraissent fascinés par la question de savoir comment ce qui
vient de l'extérieur s'inscrit dans le développement, et croient lire dans l'apport kleinien.
Que l'enfant naîtrait avec des instincts hérités face à un monde qu'il ne perçoit pas mais
dont il se souvient, et qu'il aura ni à faire partir de lui-même ou d'autre chose, ni à
découvrir par une suite de trouvailles, mais à reconnaître. Le caractère platonicien est
là patent,  le monde instauré suite à une préparation imaginaire à quoi le sujet serait déjà
adéquat. Cela va à l'encontre de tout ce qu'a écrit Freud, et ce n'est même pas ce
qu'a voulu soutenir M. Klein. Elle montre au contraire que la situation 1 ère est 
chaotique, véritablement anarchique : le bruit et la fureur des pulsions, et de dont il s'agit est 
comment quelque chose comme un ordre peut s'établir à partir de là.
Sa conception a quelque chose de mystique car les fantasmes n'ont qu'un effet rétroactif,
car c'est dans la construction du sujet qu'ils se projettent sur le passé. Mais c'est à partir de
points très précoces, et si elle peut lire rétroactivement dans son passé rien moins que la
structure oedipienne, c'est qu'il y a là une raison. Si on fait abstraction des mirages (l'Oedipe
déjà là sous les formes morcelées du pénis se déplaçant au milieu des frêres et soeurs à
l'intérieur du champ défini par le corps maternel), cette articulation précoce décelable dans
un certain rapport avec l'enfant est une question féconde. Cette articulation théorique 
se base sur une idée qui satisfait notre idée des harmonies naturelles, 
mais elle n'est pas conforme à l'expérience.

Il faut partir de la frustration, qui est le vrai centre où situer les relations primitives de
l'enfant, mais à condition de savoir de quoi on parle, d'en avoir une notion juste.
Car dans la frustration il y a deux versants, inséparables jusqu'au bout.

D'une part un objet réel, qui commence d'exercer son influence dans les relations du
sujet bien avant d'être perçu comme objet. Avec cet objet réel la relation est directe.
En fonction d'une périodicité où apparaissent des trous et des carences le sujet établit 
un certain mode de relation. Sans rapport avec une éventuelle distinction moi/non-moi.
Dans la position auto-érotique de Freud par exemple, il n'y a pas de constitution de l'autre
ni d'abord concevable de la relation.
D'autre part il y a un agent. L'objet n'entre en fonction que par rapport au manque, et 
dans ce rapport fondamental du manque à l'objet, il faut inclure la notion d'agent, la mère en
l'occurrence. Freud a saisi de façon fulgurante cette position principielle de l'enfant 
vis à vis des jeux de répétition. La mère est autre chose que l'objet primitif, et cela
apparaît bien à l'occasion de ces premiers jeux de prise d'un objet indifférent en lui-même
et sans valeur biologique : n'importe quoi que le petit enfant de quelques mois fait passer
par-dessus le bord de son lit pour le rattraper ensuite, d'une manière ou d'une autre. C'est
un couplage présence//absence (articulé très précocement) qui connote la première
constitution d'un agent de la frustration, qui est donc à l'origine la mère. Nous
pouvons donc écrire S(M) le symbole de la frustration. A l'étape "position dépressive" de
M.Klein l'élément nouveau que la mère introduit dans le "chaos des objets morcelés" vient
davantage de sa présence/absence que d'elle même. La présence/absence n'est pas
posée, elle est articulée par le sujet lui-même, grâce au registre de l'appel : l'objet
maternel appelé quand il est absent, rejeté quand il est présent, par une vocalise
qui fait scandement, scansion, et qui est une amorce de l'ordre symbolique.

Cet élément, qui se dégage de la relation d'objet réelle, est aussi l'élément qui permettra
au sujet d'établir un rapport à un certain objet réel et les traces qui en restent, lui offrant
la possibilité de raccorder la relation réelle à une relation symbolique.

Ce qui est introduit dans l'expérience de l'enfant par le couple d'opposition prés/abs. tend à
s'endormir au moment de la frustration. L'enfant se situe donc entre la notion d'un agent
qui participe déjà de l'ordre de la symbolicité, et le couple d'opposés présence/absence
avec sa connotation plus-moins, 1er élément de l'ordre symbolique. Il ne suffit pas
à le constituer mais l'opposition +/- en contient l'origine, la condition fondamentale.

Revenons à ce virage, où la relation primordiale à l'objet réel devient plus complexe,
où la relation mère-enfant s'ouvre à des éléments qui introduiront à une dialectique **
C'est à dire : que se passe-t-il si l'agent symbolique, terme essentiel de la relation de l'enfant
à l'objet réel, la mère en tant que personne, ne répond plus à l'appel du sujet ?
Elle déchoit**
Elle était inscrite dans la structuration symbolique comme objet présent-absent en fonction
de l'appel, comme agent distinct de l'objet réel de satisfaction. Mais si elle ne répond à l'appel
qu'à son gré à elle, elle sort de la structuration et devient réelle, devient une puissance.
C'est, pour toute la suite, l'amorce de la réalité.

En même temps se produit un renversement de la position de l'objet : tant qu'il s'agit d'une
relation réelle, du sein par exemple, on peut le faire aussi enveloppant qu'on veut.
Mais si l'agent, la mère, devient puissance réelle de qui dépend l'accès aux objets,
les objets qui = purs et simples objets de satisfaction deviennent objets de don.
Ils deviennent alors, comme la mère et ni plus ni moins, susceptibles d'entrer dans la
connotation présence-absence dépendant la puissance maternelle devenue objet réel.
Et les objets possédables, saisissables, ceux que l'enfant peut retenir objectivement,
ne sont pas seulement objets de satisfaction, ils sont aussi la marque de la valeur
de cette puissance qui peut ne pas répondre, de la puissance attribuée à la mère.
La position s'est renversée : la mère est devenue réelle, l'objet est devenu symbolique.
Valant comme témoignage émanant du don venant de la puissance, il englobe deux ordres
de propriété satisfaisante, 2 fois possible objet de satisfaction : 
satisfaction d'un besoin + symbole d'une puissance favorable.
C'est important, au regard de la notion devenue encombrante depuis que la psychanalyse
s'est "génétisée" , de toute-puissance et d"omnipotence de la pensée". L'enfant ne peut avoir
la notion de toute-puissance, et même s'il en a l'essentiel, de quelle toute-puissance s'agit-il ?
La toute puissance dont il s'agit est celle de la mère, à ce moment décrit plus haut.
Moment décisif où la mère passe à la réalité à partir d'une symbolisation archaïque.
Il est impensable que l'enfant ait la notion de sa tout-puissance à lui. Rien n'indique dans son
développement cette soi-disant toute puissance et des échecs qu'elle rencontrerait.
Ce qui compte ce sont les carences et déceptions autour de la toute-puissance maternelle.

Là des distinctions essentielles sont à faire.
Voilà l'enfant en présence de quelque chose qu'il a réalisé comme puissance : du plan
présence-absence à l'appel, il passe au registre de ce qui peut se refuser et qui détient tout
ce dont il a besoin. Et même s'il n'en a pas besoin, dés lors que cela dépend de quelqu'un,
cela devient aussi symbolique.
Posons cette question à partir de cette donnée : Freud dit que dans le monde des objets
il y en a un qui a fonction paradoxalement décisive, le phallus objet imaginaire, à ne pas
confondre avec le pénis réel dont il est la forme érigée. Si décisive que sa nostalgie, sa
présence,  son instance, sont, dans l'imaginaire, plus importantes pour la moitié de l'humanité
auquel manque son corrélat réel, que pour ceux qui l'ont et dont pourtant toute la ie sexuelle
est subordonnée au fait qu'ils en assument imaginairement l'usage comme licite, permis.

Les Balint ns disent que mère en enfant forment une seule totalité de besoins. Je les dessine
au tableau comme deux cercles extérieurs. Freud ns dit que la femme a au nombre de ses
objets essentiels le phallus, et que cela entre ds le cadre de sa relation à l'enfant.
Pour la raison que si la femme trouve dans l'enfant une satisfaction, c'est parce que
quelque chose en lui calme et sature quelque chose en elle, son besoin de phallus.
L'enfant et la mère sont donc dans un certain rapport dialectique : l'enfant attend qq chose
de la mère, il en reçoit aussi qq chose, et peut (comme disent les Balint) se croire aimé
uniquement pour lui-même.

Or l'image du phallus pour la mère n'est pas complètement à ramener à l'image de l'enfant,
il y a une diplopie, une division de l'objet désiré soi-disant primordial : loin d'être harmonique
le rapport de la mère à l'enfant se double  d'un coté par le besoin d'une certaine saturation 
imaginaire, de l'autre par les relations réelles efficientes, à un niveau primordial, et visant
à être idéales. Il y a toujours, pour la mère, qq chose qui n'est pas réductible : l'enfant réel
est aussi le symbole de son besoin imaginaire. Les trois termes y sont.

Toutes sortes de situations déjà structurées existent entre l'enfant et la mère, toutes sortes
vont s'introduire encore. Une fois qu'elle est introduite dans le réel à l'état de puissance, s'ouvre
pour l'enfant la possibilité d'objet intermédiaire, d'objet de don. ==> question : quand et
comment sera-t-il introduit à la structure Imaginaire/Réel/Symbolique telle qu'elle se
produit pour sa mère ? C'est à dire assumer,  + ou - symboliquement, la situation
imaginaire et réelle de ce qu'est le rapport au phallus pour sa mère ? A quel moment 
peut-il, dans une certaine mesure, se sentir lui-même dépossédé de ce qu'il exige de
sa mère, en [s'imaginant] que ce n'est pas lui qui est aimé, mais une certaine image ?

Plus encore : cette image phallique, l'enfant va la réaliser sur lui-même. (c'est là
qu'intervient la relation narcissique).  => questions : dans quelle mesure l'appréhension
de la différence des sexes vient s'articuler avec ce qui lui est offert dans la présence de
la mère ? Comment s'inscrit la reconnaissance de ce tiers terme imaginaire qu'est le 
phallus pour la mère ? et la notion qu'elle manque de ce phallus, qu'elle est elle-même
désirante pas seulement désirante d'autre chose que de lui-même, mais désirante
tout court, c'est à dire atteinte dans sa puissance ? Ce qui sera pour le sujet plus 
décisif que tout, comme on le voit dans l'observation d'une élève d'Anna Freud, d'un cas
de phobie chez une petite fille. 
L'observatrice est une bonne observatrice parce qu'elle ne comprend rien, la théorie
 de Mme A. Freud étant fausse. Mais dans cet état d'étonnement, elle note tout,
et le résultat est très fécond.


Berthe Morizot "Sur un balcon"


La petite fille, 2 ans 5 mois, s'est aperçue que les garçons ont un fait-pipi (comme 
 le dit petit Hans) : elle se met alors à fonctionner en position de rivalité, fait tout pour faire 
comme les garçons. Elle est dans l'institution, séparée de sa mère qui a perdu son mari
au début de la guerre. Elle vient la voir, sa présence-absence est régulière, et elle se
livre, quand elle vient, à des petits jeux d'approche (pointe des pieds etc..) Bref, on voit sa 
fonction de mère symbolique, tout va très bien : l'enfant a les objets réels qu'elle veut 
quand sa mère n'est pas là, et la mère, quand elle est là, joue son rôle de mère symbolique.
Cette petite fille qui a découvert que les garçons ont un fait-pipi veut les imiter. Un drame
se produit quand elle veut aussi leur manipuler mais est sans conséquence.

Elle se réveille une nuit saisie d'une frayeur folle : un chien veut la mordre, il faut
la changer de lit. Cette phobie suit-elle la découverte du pénis ? En tout cas ce chien est
un chien qui mord, et qui mord le sexe, comme le montre sa 1ère phrase bien articulée,
et ceci en plein acting de sa phobie : 1 chien qui mord la jambe du méchant garçon.
Il y a donc un rapport net entre la symbolisation et l'objet de la phobie qui est là comme
agent qui retire, retire ce qui a été déjà plus ou moins admis comme absent (un fait-pipi).



Berthe Morizot

Se contenter de dire que la phobie est un passage au niveau de la loi, de l'intervention
d'un élément pourvu de puissance pour justifier ce qui est absent (parce que mordu, ou
enlevé), ne suffit pas. Et que (Jones) le surmoi serait pour l'enfant de l'ordre de l'alibi
imaginaire alors que les angoisses sont du coté du primordial encore moins.Comme 
si la culture était quelque chose de caduc à l'abri de quoi se reposeraient les angoisses !
Ce n'est pas complètement faux. Mais extrapoler, comme le fait Pasche en disant que
ce mécanisme expliquerait l'instinct de mort, par exemple, ou que les images du rêve ne
seraient qu'un habillage, une "personnalisation" de l'angoisse, c'est une méconnaissance
de l'ordre symbolique, qui ne se réduit pas à une espèce d'habillement,
ou de prétexte qui ne ferait que recouvrir quelque chose de plus fondamental.

L'intérêt de l'observation est qu'elle indique avec précision les absences de la mère
les mois précèdant l'éclosion de la phobie, et le temps entre la découverte par l'enfant
de son aphallicisme et cette éclosion, et ce qui s'est passé dans l'intervalle. La mère
est tombée malade, il a fallu l'opérer et elle n'est pas venue. Ayant "manqué", elle chute
comme mère symbolique. Rien ne se passe le jour où elle revient et rejoue avec sa fille.
A noter qu'elle est revenue faible, appuyée sur une canne, n'a plus la même gaieté et la
même présence que lors des relations hebdomadaires d'approche-éloignement, qui font
accrochage suffisant pour l'enfant. C'est le lendemain que survient la phobie.

L'aphallicisme seul n'a pas suffi, il a fallu cette 2 ème rupture dans le rythme alternant
de la venue-revenue de la mère : elle est apparue comme quelqu'un, qui pouvait manquer,
manque qui s'est inscrit dans le comportement de l'enfant devenue triste et qu'il fallait
encourager. Puis quand l'enfant revoie sa mère c'est sous une forme débile, malade,
 appuyée sur une canne. C'est le lendemain qu'éclate le rêve du chien, et la phobie.
C'est un des deux points paradoxaux de l'observation. 
Comment les thérapeutes ont-ils attaqué cette phobie ? Qu'ont-ils cru comprendre ? 
A considérer les antécédents de la phobie on voit qu'elle devient "nécessaire" à partir du
moment où la mère manque du phallus : qu'est-ce exactement qui la détermine ?
Qu'est-ce qui s'équilibre en elle ? Pourquoi est-elle finalement suffisante ? Nous verrons.

Autre point frappant : le "Blitz" (guerre) cesse, la mère reprend son enfant, se remarie.
La petite fille a un nouveau père, un nouveau frère acquis d'un coup plus âgé de 5 ans,
qui se livre avec elle à des jeux à la fois adoratoires et violents : lui demande de se montrer
nue et se livre sur elle à une activité manifestement liée au fait qu'elle est apénienne.
La psychothérapeute s'étonne que la phobie ne rechute pas (la thérapeutique d'AF.
étant fondée sur 1 théorie environnementale du moi, où les discordances s'installent suivant
que le moi est plus ou moins bien informé de la réalité), que la présence de l'homme-frère
non seulement phallique mais aussi porteur de pénis ne soit pas occasion de rechute.
 Or c'est le contraire : aucun trouble, la petite fille ne s'est jamais si bien portée.

Ce serait parce que elle est préférée par sa mère à ce garçon.
On voit Néanmoins que le père est assez présent pour introduire un nouvel élément,
un élément essentiellement lié à la fonction de la phobie, un élément symbolique :
élément symbolique situé au-delà des relations avec la mère, au-delà de ce qui est
sa puissance/impuissance, c'est à dire qu'il se substitue à ce qui paraît avoir été saturé
par la phobie, la crainte de l'animal en tant que castrateur, qui est l'élément d'articulation
essentiel, nécessaire, pour que l'enfant puisse traverser la crise grave où elle était entrée
devant l'impuissance maternelle. Son besoin est maintenant saturé par la présence
maternelle, par celle du père, et par sa relation au garçon.

Ce qui n'empêche pas que cette relation où elle est girl du frère est grosse de possibilités
pathologiques. Semblant devenue quelque chose qui vaut plus que le frère, elle peut devenir
cette girl-phallus dont on parle actuellement,  donc il s'agit de savoir dans quelle mesure
elle sera ou pas impliquée par la suite dans cette fonction imaginaire. Pour l'instant nul besoin
à combler par l'articulation du fantasme phallique, car le père est là et il suffit : il suffit à
maintenir entre les trois termes mère-enfant-phallus un écart suffisant 
pour que le sujet n'ait pas à mettre du sien pour le maintenir



Eugène Manet et sa fille



En cherchant comment cet écart est maintenu (voie, identification, artifice ..) nous
 introduira au plus caractéristique de la relation pré-oedipienne,
la naissance de l'objet comme fétiche.


Leçon 5. De l'analyse comme bundling, et ses conséquences.

La conception analytique de la relation d'objet a une histoire. Je la reprends dans un sens
en partie différent, en partie le même. Mais je l'insère dans un ensemble différent, ce qui lui
donne une signification à tous égards différente. Sa signification dans une certaine orienta-
tion analytique, sa formulation, aboutit à une conception articulée, lors qu'elle s'est amollie
s'est amollie chez celui qui l'a introduite, Bouvet.
L'article de P.Marty et M.Fain (L'importance du rôle de la motricité 1955) montre cette
conception : la relation entre l'analysé et l'analysant (?) s'y établit entre un sujet et un objet
extérieur, l'analyste, personne réelle. Un couple quoi, supposé être seul élément animateur 
processus analytique. Entre patient (divan ou non) et analyste objet-extérieur-réel s'établit
1 "relation pulsionnelle primitive" détectable dans l'activité motrice. Ce qui se passe "du coté
de la pulsion" gît dans les petites traces soigneusement observées de la réaction motrice du
sujet : 1 pulsion en quelque sorte localisée et sentie comme vivante par l'analyste.
Le sujet doit contenir ses mouvements (la relation est établie par convention)
et l'analyste localise ce qui se manifeste, la pulsion en train d'émerger.
Situation qui ne peut que s'extérioriser sous une forme ou une autre d'agression érotique
Si elle ne se manifeste pas, c'est par convenance. Ms il est souhaitable que l'érection en 
surgisse. C'est parce que, dans la convention, du fait de la règle, la manifestation motrice 
de la pulsion ne peut se produire, que se montrera ce qui interfère avec la situation 
constituante, et que se superposera, à la relation avec l'objet extérieur,
une relation avec un objet intérieur.
 je n'ai pas trop le courage de rapporter tout ce que dit Lacan, aussi j'abrège et je coupe.
...........     Les auteurs de l'article vont très loin : l'un d'eux , dans ses débuts, avait donné 
comme tournant crucial de l'analyse le moment où son patient avait pu le sentir, où il 
avait perçu son odeur ..  Conséquence mathématique d'une pareille conception.
Du moment que l'analyse est conçue comme une position réelle à l'intérieur de laquelle
doit se réaliser une distance active et présente vis à vis de l'analyste, et que c'est ce qu'il
attend, la subodoration est bien un mode direct de relation. C'est ce qui arrive quand 
on croit que l'analyse est un rapport réel entre deux personnes. Conception déjà
exhorbitante en soi, qui en plus elle sera menée de travers parce que ignorer que
les situations imaginaire et symbolique s'entrecroisent, ne les annule pas pour autant.
 L'analyse conçue comme situation réelle (imaginaire réduit au réel) va créer des pnénomènes
révélant les étapes où le sujet est resté + ou - fixé à la relation imaginaire. Ils font alors
l'exhaustion de ces positions imaginaires. L'analyse est réduite à l'exploration des relations
prégénitales. Ce qui est éludé dans cette conception n'est pas rien, et même tout est là :
on ne sait pas pourquoi l'on y parle (quid de la fonction du langage et de la parole dans cette
position ?) ce qui ne veut pas dire qu'on pourrait s'en passer. Aussi une valeur spéciale
est donnée à .. la verbalisation impulsive et aux cris vers l'analyste (du type pourquoi,
là, vous ne me répondez pas ?) la verbalisation n'ayant d'importance, pour eux, que pour
peu qu'elle soit impulsive, manifestement motrice donc. A quoi aboutit le "réglage de la 
distance de l'objet interne" ? en quoi consiste toute la technique ?

Sur notre schéma nous avons vu :
En a-a', la relation imaginaire qui rapporte le sujet (en tant que plus ou moins discordant,
décomposé, ouvert au morcellement) à l'image unifiante, narcissique, de l'autre.
S-A est une relation en plus de la relation du sujet à l'autre qui est là, à un Autre comme
lieu-de-la-parole (il existe déjà, structuré ds la relation parlante, quelque chose
au-delà de l'autre qui n'est appréhendé qu'imaginairement), un Autre supposé qui est en fait
du sujet, Autre dans lequel votre parole se constitue, parce qu'il peut l'accueillir,
 et même y répondre. Sur cette ligne s'établit tout ce qui est d'ordre transférentiel,
 avec l'imaginaire qui y joue le rôle de filtre, voire d'obstacle. Bien entendu, dans chaque
névrose le sujet a, si l'on peut dire, son propre réglage, qui lui sert à la fois pour entendre,
et ne pas entendre, ce qu'il y a à entendre au lieu de la parole.

Si notre effort ne porte que sur la relation imaginaire en elle-même et pas au fait que
elle traverse l'avènement de la parole, et si nous ignorons le lien entre 
relation imaginaire et rapport symbolique inconscient qui doit advenir, lien qui est
au fondement de toute la doctrine analytique, si nous oublions que quelque chose 
doit permettre au sujet de s'achever, de se réaliser comme histoire et comme aveu,
si nous négligeons le rapport "relation imaginaire+symbolique" et l'impossibilité de
l'avènement symbolique que constitue la névrose, si nous ne les pensons pas sans cesse 
chacun en fonction de l'autre, et ne nous intéressons que à ce que les tenants de 
cette conception appellent la "distance à l'objet" dans l'unique dessein de l'anéantir 
(ce qui est d'ailleurs impossible si on ne s'occupe que d'elle) sachez que nous avons 
les résultats sur des sujets passés par ce type d'appréhension et d'épreuve dans un certain
nombre de cas, en particulier de névrose obsessionnelle : concentrer la situation analytique 
sur la poursuite de la réduction de la fameuse distance qui caractériserait la relation d'objet 
dans cette névrose, il s'ensuit des réactions perverses paradoxales, des phénomènes qui
n'existaient pas dans la littérature analytique avant la promotion de ce mode technique.
Par exemple la précipitation d'un attachement homosexuel pour cet objet en quelque sorte
paradoxal, qui reste là comme un artefact, une espèce de gellification d'une image autour
des objets à la portée du sujet. Et ça peut persister. 

Le schéma de la triade imaginaire montre que ce n'est pas étonnant. 
La triade imaginaire mère-enfant-phallus est le prélude à la relation symbolique 
qui ne s'achèvera qu'avec la quarte fonction du père introduite par l'Oedipe. 
Le triangle est préoedipien et ne nous intéresse qu'en tant qu'il est ensuite repris dans
le quatuor qui se constitue avec la mise en jeu de la fonction paternelle, 
et d'une déception, fondamentale pour l'enfant, qui se produit lorsqu'il reconnaît qu'il
n'est pas l'objet unique de la mère, celle-ci ayant comme intérêt le phallus. Reconnaissance
qui l'amènera à s'apercevoir que de cet objet, elle est privée, qu'elle manque de cet objet.

Le cas de phobie transitoire chez une très jeune enfant, abordé la dernière fois, montre ce qui
se passe à la limite de la relation oedipienne : il y a d'abord double déception imaginaire :
l'enfant repère le phallus qui lui manque, puis qu'à sa mère, qui est à ce moment à la 
limite du symbolique et de l'imaginaire, il manque aussi. Il doit alors faire appel à un terme
qui soutienne cette relation insoutenable. C'est la fonction de la phobie : en faisant surgir le
chien, "être" fantasmatique qui mord, qui châtre, elle en fait le responsable d'une situation qui
devient pensable, vivable symboliquement. C'est une solution parmi celles appelées, quand se
rompt l'attelage des trois objets imaginaires, que l'oedipe soit normal ou anormal.

Situation oedipienne normale : 1 certaine rivalité avec le père, ponctuée d'identifications
dans l'alternance des relations, fait s'établir quelque chose qui cantonne le sujet dans certaines
limites, celles qui vont l'introduire à la relation symbolique, à la puissance phallique.
Pour le garçon : on a vu que l'enfant comme être réel est pris par la mère comme symbole
de son manque d'objet, son appétit imaginaire pour le phallus [disons que l'enfant est cet être
réel qui la console d'être manquante mais il ne s'agit pas de compenser un manque imaginaire
par un être réel, il s'agit de la satisfaction d'être égale en capacité]. L'issue normale est que
l'enfant reçoit ainsi le phallus dont il a besoin, après la menace de l'instance castratrice, en
l'occurrence paternelle. Tout est sur le plan symbolique d'une sorte de droit au phallus,
de pacte qui établit l'identification virile existant à la base de la relation oedipienne normale.

(remarque latérale : Freud distingue objet d'amour narcissique//objet d'amour anaclitique en
grec = "appui contre". Freud garde le sens de besoin d'appui, de dépendance (certains
en font un mécanisme de défense !?!) Il y a des contradictions dans la formulation par
Freud des 2 modes de relation. C'est dans la méconnaissance de la position des éléments
 intersubjectifs, d'une part, d'autre part parce que l'intérêt de la position anaclitique réside
dans sa persistance chez l'adulte, où elle est conçue comme prolongation de l'infantile.
Freud la qualifie d""érotique" pour montrer que c'est la position la plus ouverte. On en
méconnaît l'essence si on ne vit pas que c'est parce que le sujet mâle, dans la
relation symbolique, se voit investi du phallus comme lui appartenant, comme étant
pour lui d'exercice légitime, qu'il devient porteur, lui, pour son objet du désir à lui,
objet du désir qui dans la position normale de l'oedipe est la femme. 
[([Puisqu'il y a un premier objet, ceux qui viennent après sont des successeurs. Le fait que
le 1er soit à jamais perdu ds une circonstance marquante lui donne 1 brillance particulière.
 Les objets qui succèdent ne peuvent que garder la marque de cet évènement, ce qui s'est
passé autour de la mère primitive ceci est  à préciser, j'y reviendraiG. Boyer]] 
Du fait d'un tel achèvement de la position oedipienne le sujet se trouve dans une position,
dans une perspective disons optimale par rapport à cet objet (objet "trouvé" dans l'envi-
ronnement, mais comme tout objet porteur de l'espoir de la brillance connue/perdue il est
quelque part (re)trouvé, successeur de l'objet maternel primitif. Par rapport à cet objet
trouvé ds lequel il espère retrouver quelque chose il devient, lui, objet indispensable et se 
sachant indispensable.du fait que cet objet manque. Toute 1 partie de la vie érotique des
sujets sur ce versant libidinal (les hommes) est conditionnée par le besoin, une fois expéri-
menté et assumé, de l'Autre, de la femme qui elle-même a besoin de trouver en lui l'objet
phallique. C'est un trait qu'elle partage avec la "mère primitive" qui n'est pas la personne
réelle. C'est ça, l'essence de la relation anaclitique par rapport à la relation narcissique.]]
Cette parenthèse 
montre l'utilité de la mise en jeu des trois objets premiers mère-enfant-phallus, ainsi que
du quatrième qui les lie dans la relation symbolique : le père. C'est lui qui introduit la
relation symbolique, passeport pour transcender la relation de frustration et la relation du
manque d'objet.Ce passeport c'est la relation de castration qui est toute autre, car elle fait
 entrer le manque d'objet dans une dialectique où l'on prend/donne/institue/investit = un jeu
qui donne au manque valeur de pacte, de loi, d'interdiction, celle de l'inceste en particulier.

Revenons à notre sujet : Sans relation symbolique (accident évolutif, historique ..),
la relation imaginaire règle seule la relation anaclitique ==> atteinte
aux relations mère-enfant et leur rapport au tiers objet, l'objet phallique, qui est à la fois ce
qui manque à la femme, et ce que l'enfant a découvert qui manque à sa mère => non lien,
désaccord, destruction des liens = la cohérence fait défaut. Une cohérence autre peut
s'établir, par d'autres modes que le mode symbolique, par des modes imaginaires non
typiques. Par exemple une identification à la mère => déplacement imaginaire, l'enfant
faisant à sa place le choix phallique, réalise pour elle l'assomption de son longing vers
l'objet phallique. La perversion fétichiste est une de ces solutions, ou d'autres voies, 
plus ou moins directes, d'autres solutions pour l'accession au manque d'objet.
Déjà sur le plan imaginaire le manque d'objet constitue la voie de la réalisation du
rapport de l'homme à son existence en tant qu'elle peut être remise en cause.
A la différence de l'animal, de toutes les relations animales possibles au plan imaginaire.
Il y a certaines conditions à cet accès imaginaire au manque d'objet, 
comme on le voit dans la perversion, qui a la propriété de réaliser à certains moments
un mode d'accès à cet au-delà de l'image de l'autre qui caractérise l'humain.
Des moments paroxystiques, moments syncopés à l'intérieur de l'histoire du sujet. 
Il y a une montée vers ces moments qu'on peut qualifier de passages à l'acte où quelque
chose d'une fusion, d'un accès à cet au-delà, est réalisé. xxxxxx
La théorie anaclitique freudienne appelle Eros cette dimension transindividuelle, union de
2 individus où chacun est arraché à lui-même et pour un instant plus ou moins fragile et
transitoire, partie prenante de cette unité. Cette unité est réalisée à certains moments  
la perversion, sachant que le propre de la perversion est que cette unité ne se réalise 
dans des moments non ordonnés symboliquement.
Le fétichiste dit qu'il trouve son objet, son objet exclusif, d'autant plus satisfaisant qu'il
est inanimé, il sera plus tranquille, sur de ne pas être déçu.  Aimer une pantoufle c'est
vraiment avoir l'objet de ses désirs à sa portée. Objet dépourvu de toute propriété 
subjective, intersubjective, transsubjective ... Pour réaliser la condition de manque
la solution fétichiste est une des plus concevable, effectivement réalisable.

Les relations imaginaires étant des relations en miroir, parfaitement réciproques, il faut
s'attendre chez le fétichiste à le voir en position d'identification non pas à la mère mais 
à l'objet. Nous voyons cela dans son analyse, du fait que cette position est ce qu'il y a de
moins satisfaisant. Que pour un court instant l'illumination fascinante de l'objet qui a été
l'objet maternel satisfasse le sujet, ne suffit pas à établir un équilibre érotique. De fait, s'il
s'identifie à l'objet pour un instant il y perd son objet primitif,  la mère et se voit en
objet destructeur pour elle. Ce jeu perpétuel, cette profonde diplopie (plusieurs images
pour un seul objet) marque toute la manifestation fétichiste. C'est si évident que Phyllis
Greenacre, cherchant à approfondir la relation fétichiste, eut cette formule qui lui est sortie
sans qu'alors elle sache pourquoi : "on semble en présence d'un sujet qui vous montrerait,
dans une très grande rapidité, son image dans deux miroirs", et elle a le sentiment que 
"c'est ça" : le sujet n'est jamais là où il est
C'est qu'il est "sorti de sa place" : il est passé dans une relation spéculaire de la mère au
phallus, il est alternativement dans l'une et l'autre position. (Je ne comprend pas cette
phrase : il passe, ds une relation spéculaire, de la mère au phallus ? ) Il y a stabilisation 
quand est saisi ce symbole unique, privilégié, et en même temps impermanent qu'est l'objet 
précis du fétichiste : le quelque chose qui symbolise le phallus.

C'est donc sur un plan de relations analogue (c'est à dire de nature perverse) 
que vont se manifester les résultats d'un maniement de la relation analytique 
quand elle est centrée exclusivement sur une conception de la relation d'objet 
qui ne considère qu'imaginaire et réel, et qui règle l'accomodation 
de la relation imaginaire sur un prétendu réel de la présence de l'analyste.
Dans mon rapport de Rome j'évoque l'usage de ce mode de relation d'objet dans l'analyse,


le comparant à une sorte de bundling poussé à des limites suprêmes en fait 
d'épreuves psychologiques. Le bundling est une pratique qui existe dans certains îlots où
persistent de vieilles coutumes : une conception, une technique des relations amoureuses 
entre mâle et femelle dans certaines conditions d'hospitalité : la fille de la maison offre 
de partager son lit à condition que le contact n'ai pas lieu : elle est souvent enveloppée
d'un drap, ce qui permet toutes les conditions d'approche sauf la dernière. C'est ainsi que

17 ou 18 ans après la mort de Freud la situation analytique est formalisée par certains.
L'article de Fain et Marty mentionne une séance où tous les mouvements de la patiente
qui manifestent quelque chose vers l'analyste sont notés, élan + ou - retenu, à + ou - de
distance, etc. Voilà à quoi se réduit la psychanalyse dans certaines conceptions.
Ce genre de paradoxe existe chez les Amish, et dans toute une tradition religieuse ou
même symbolique. Ou ce que nous savons de l'amour courtois et sa rigoureuse
élaboration technique de l'approche amoureuse, avec longs stages réfrénés envers
l'objet aimé, visant un au-delà de l'amour proprement érotique
Ce qui est visé, et atteint, c'est un au-delà du court-circuit physiologique, par l'usage
délibéré le la relation imaginaire. Cela peut paraître pervers aux yeux du naïf, alors que, et
c'est à préciser, ça ne l'est pas plus que d'autres approches amoureuses dans certaines
sphères des moeurs ou des pattern.
Prenons le cas rapporté par Ruth Lebovici, d'un sujet phobique arrivé à une inactivité
presque complète : son symptôme le plus manifeste est la crainte d'être trop grand (il a une
attitude très penchée). Sa vie est réduite à la sphère familiale, mais il a une maîtresse,
plus âgée et "fournie" par sa mère L'analyste qui s'empare de lui à ce moment-là fait fine-
ment le diagnostic. L'objet phobogène n'a pas l'air d'être extérieur au début, mais un rêve
répétitif signe une anxiété extériorisée. L'objet découvert au second est un substitut d'image
paternelle carente : un homme en armure pourvu d'un instrument agressif, un tube de flytox
qui va détruire tous les petits insectes phobiques, et surtout la crainte d'être traqué, étouffé
dans le noir par cet homme en armure. L'auteur ayant titré l'observation  Perversion 
sexuelle transitoire au cours d'un traitement psychanalytique, nous allons poser la
question de la réaction perverse.
C'est peu dire qu'elle n'est pas tranquille, s'étant aperçue que la réaction (qu'elle appelle
perverse) est apparue dans une circonstance où elle a sa part : l'objet phobogène détecté,
 l'homme en armure, elle l'a interprété comme étant la mère phallique (????) En tout cas 
elle rapporte ses questions avec fidélité et son N'ai-je pas fait là une interprétation qui 
n'était pas la bonne ? prouve qu'elle a conscience que la question est là. Effectivement
tout de suite après s'engage une réaction perverse consistant, pendant trois ans, à avoir le
fantasme pervers de s'imaginer vu urinant par une femme qui le sollicite pour des relations
amoureuses. Puis une réversion où le sujet observe en se masturbant une femme en train
d'uriner. Puis troisième étape effective où, ayant trouvé dans un cinéma un local pourvu
d'un oeilleton il pouvait observer des femmes dans les WC en se masturbant. L'auteur se
questionne sur la cristallisation fantasmatique d'un élément parmi d'autres du sujet :
non pas la "mère phallique" mais la mère dans son rapport avec le phallus. Questions aussi 
sur sa propre menée du traitement, beaucoup plus interdictrice que ne l'a jamais été la mère,
L'entité "mère phallique" est produite en raison de ce qu'elle appelle ses propres positions
contre-transférentielles. On n'en doute pas. 
Le sujet, sur fond de relation imaginaire, et "aidé" par ce faux-pas analytique, il apporte un
 rêve : en présence de quelqu'un de son histoire envers qui il a des impulsions amoureuses
il en est empêché par une femme qu'il avait vu uriner alors qu'il avait passé treize ans.
L'analyste : Sans doute vous aimez mieux vous intéresser à une femme en la regardant
uriner que faire l'effort d'aller à l'assaut d'une autre qui peut vous plaire mais qui est
mariée. L'interprétation est un peu forcée (un PEU ?) sur le personnage masculin, indiqué
par des associations, mais elle pense introduire la vérité, c'est à dire le complexe d'Oedipe.
Faire intervenir le mari prétendu de la mère pour ce faire tient de la provocation, et d'autant
plus que c'est le mari de l'analyste qui lui a envoyé ce patient. C'est d'ailleurs à ce moment
que se produit le virage, le retournement progressif de son fantasme d'observation,
de être observé à observer soi-même.
Et comme si ce n'était pas assez, à la demande du sujet de ralentir le rythme des séances
elle répond vous manifestez là vos positions passives parce que vous savez très bien
que, de toutes façons, vous ne l'obtiendrez pas. (Chaque fois que personnellement je
constate ce genre de relation analytique "VOUSceci, VOUScela et pan ! pan ! pan ! je
m'arrache les cheveux) A ce moment le fantasme se cristallise complètement, prouvant
qu'il y a autre chose. Le sujet, qui comprend qq chose à ses relations d'impossibilité
d'atteindre l'objet féminin finit par développer ses fantasmes à l'intérieur même du
traitement (crainte uriner sur le divan etc..) et à avoir ces réactions qui manifestent un
rapprochement de la distance de l'objet, comme épier les jambes de l'analyste, qui
le note avec une certaine satisfaction (!!!!). On est donc près d'une situation réelle
comme si nous assistions à la constitution d'une mère non pas phallique, mais a-phallique,
ce qui est au principe du fétichisme : le sujet s'arrêtant à un certain niveau de son obser-
vation et investigation de la femme en tant qu'elle a ou n'a pas l'organe mis en question.
Ce qui conduit le sujet à se dire Mon dieu il n'y aurait de solution que si je couchais
avec mon analyste et il le dit ! Elle lui fait alors cette remarque vous vous amusez pour
l'instant à vous faire peur avec quelque chose dont vous savez très bien que ça 
n'arrivera jamais. Et ensuite elle se demande : ai-je bien fait de dire ça ?
Je suis fatiguée de cet exemple, cette manière d""analyser"" me rebute. Mais on arrive au
bout de la démonstration de Lacan, qui poursuit : n'importe qui peut s'interroger sur le degré
de maîtrise d'une telle intervention. Mais ce rappel un peu brutal des conventions est bien
dans la ligne de la position analytique comme réelle. C'est justement après cette intervention
que le sujet passe à l'acte, trouve dans le réel l'endroit parfait,comme il dit l'organisation de
la petite pissoire des Champs-Elysées : réellement à bonne distance -réelle- de l'objet
dont un mur le sépare, et qu'il pourra bel et bien observer non pas comme mère phallique,
mais comme mère a-phallique. Il suspend toute autre activité érotique et déclare y trouver
une telle satisfaction après avoir vécu comme un automate, que maintenant tout est changé.
Voilà où les choses en sont arrivées.
J'ai résumé le traitement pour vous faire toucher du doigt que cette notion de distance à
l'objet-analyste en tant qu'objet réel, notion dite de référence, peut avoir des effets, et pas
les plus désirables. Chaque détail est instructif. La dernière séance est éludée, mais tout
y est, la timide tentative d'accès à la castration, une certaine liberté qui peut en découler,
et on juge après cela que c'est suffisant, le sujet retourne à sa maîtresse, et comme il ne
parle plus de sa grande taille on considère que la phobie est guérie.
Sauf qu'il ne pense plus qu'à une seule chose : la taille de ses souliers.
De sorte que la transformation de la phobie est accomplie. Considérer cela comme un travail
analytique ? Du point de vue expérimental ce n'est effectivement pas dépourvu d'intérêt.

La prétendue bonne distance à l'objet réel est donnée pour acquise,
qui atteint son sommet quand le sujet perçoit en présence de son analyste une odeur d'urine.
 pour l'analyste c'est le moment où la distance à l'objet réel (tout au long de l'observation on
indique que c'est le point où pèche toute relation névrotique) est enfin à sa portée exacte.
Que ce point coïncide avec l'apogée de la perversion, qui est plutôt un artefact qu'une perv.
Ces phénomènes, qui peuvent par ailleurs être durables, sont susceptibles de ruptures ou
de dissolutions quelquefois brusques. Ainsi dans ce cas le sujet se fait surprendre par une
ouvreuse, ce qui fait tomber du jour au lendemain la fréquentation de cet
endroit particulièrement propice que le réel était venu fournir à point nommé.
Le réel offre toujours à point nommé tout ce dont on a besoin quand on a été enfin "réglé"
par les bonnes voies à la "bonne distance" !

La leçon suivante,
Le primat du phallus et la jeune homosexuelle,
est dans le message du 9 octobre,
accessible aussi par ce lien :


                                 




















                                     




                                   






                                                                   



















                           




vendredi 7 octobre 2011

S.IV, I,3. Le signifiant et le Saint-Esprit

             Séminaire IV : LA RELATION D'OBJET ET LES STRUCTURES FREUDIENNES

                           partie I :   THEORIE DU MANQUE D'OBJET

                                      leçon 1. Introduction
                                              2. Les trois formes du manque d'objet
                                              3. Le signifiant et le Saint-Esprit
                                              4. La dialectique de la frustration
                                              5. De l'analyse comme bundling, et ses conséquences.



J'ai dit le bien que je pensais de l'exposé de Madame DOLTO sur l'image du corps. Nous savons que 
l'image du corps n'est pas un objet. Bien que la notion d'objet a son importance dans la définition 
des stades du développement, l'image du corps n'est pas un objet, ne le devient pas = important à
dire pour la situer parmi les objets à propos desquels on se pose la question de leur nature imaginaire.

2 exemples : la phobie et le fétiche, pour aborder ces objets possiblement imaginaires tels qu'ils nous
sont donnés dans l'expérience analytique. Objets qui n'ont pas révélé leur secret, à quelques genèses
ou contorsions fantasmatiques qu'on se soit livré : cela reste mystérieux, que les enfants, filles et
garçons, se croient obligés à certaine période de leur vie d'avoir peur des lions par exemple, objet
peu rencontré, dont il est difficile de déduire la forme de quelque donnée primitive ou inscrite, par ex.,
de l'image du corps. On peut essayer, il restera toujours un résidu (ce qu'il y a de plus fécond dans les
 explications scientifiques, et l'escamoter annulerait le progrès).

De même le nombre des fétiches sexuels est assez limité, sortis des chaussures et autres jarretières,
toutes choses tenant d'assez près à la peau. La question : sont-ce des objets imaginaires ? quelle est
leur valeur ds l'économie libidinale ? sortent-ils d'une genèse ? d'une succession de stades ?
En tout cas si ce sont des objets nous en sommes fort embarrassés, et le thème nous fascine.

Au 1er abord ce sont des constructions ordonnant et organisant un certain vécu. L'usage qu'en fait
Madame DOLTO est frappant, usage qu'on ne peut comprendre qu'avec les notions de signifiant
et de signifié : en effet elle use de cet objet comme d'un signifiant, c'est comme signifiant que l'image
intervient dans son dialogue et représente quelque chose, aucune ne se soutenant par elle-même.
Et quand une image prend valeur cristallisante, qu'elle pénètre, en l'orientant, le sujet, c'est toujours
par rapport à une autre.

Certaines choses que j'ai dites la dernière fois sur la notion de réalité n'ont pas été comprises.
J'ai dit que des psychanalystes en ont une notion aussi mythique que celle
qui a entravé la psychiatrie,qui est de chercher quelque chose de matériel dans la réalité.
 C'est comme si, dans mon exemple de l'usine hydraulique, quand des accidents surviennent on
raisonnait uniquement sur la matière qui la fait marcher, la chute d'eau. Et bien on est venu me dire
que pour l'ingénieur elle est tout, que tout est déjà donné dans son énergie potentielle,
y compris la puissance de l'usine ... Or :
1 : j'ai défini la réalité par la Wirklichkeit, l'efficacité du système, psychique en l'occurrence.
2. j'ai pris l'ex de l'usine pour illustrer le caractère mythique d'une certaine conception de la réalité.
3. on peut présenter le thème du réel en considérant la réalité de "ce qui est avant", avant l'exercice
d'un fonctionnement symbolique, à ce qu'il y a de plus solide dans le mirage qui soutient l'objection
qui m'a été faite. Avant qu'advienne le "Je" par exemple, était le "ça" => qu'est-ce que ce "ça" ?

Pour l'usine je sais bien qu'avant il y a l'énergie, mais entre cette énergie et la réalité naturelle il y a
un monde, d'autre part elle ne compte qu'à partir du moment où on décide de la mesurer, une fois
que l'usine fonctionne. C'est à propos de l'usine qu'on fait des calculs, parmi lesquels l'énergie.
La notion d'énergie est construite sur la nécessité d'une civilisation productrice, et de s'y retrouver
dans ses comptes = quel travail dépenser pour telle efficacité ? Et il n'y a pas d'énergie absolue,
uniquement par rapport à un niveau inférieur, le déversoir lui-même ne suffit pas à lui seul.

La différence du niveau d'écoulement n'a pas d'intérêt, l'important c'est que pour qu'il y ait intérêt
à calculer l'énergie certaines conditions naturelles soient réalisées, et aussi que les matières comptant
dans l'usage de la machine se présentent d'une manière privilégiée, signifiante, qui pousse à l'installer
une usine = on est sur le chemin d'un système pris comme signifiant.

Rapprochement avec le psychisme : avec cette notion énergétique Freud forge la notion
en elle-même totalement abstraite car fixée à aucun support matériel, et permettant
de poser une équivalence entre des manifestations qualitativement différentes : la notion de libido. 
On peut s'émerveiller que dès 1905 (Les trois essais ..) il parle pour la 1ère fois de
 support psychique de la libido dans des termes tels que la notion ultérieure d'hormones sexuelles
ne l'oblige qu'à peine à modifier ce passage. Parce que ds cette occurrence se référer à un support
chimique n'a strictement aucune importance : qu'il y en ait un, ou plusieurs, un pour la féminité, un
pour la masculinité, ou plusieurs, ou interchangeables, ou noir .. l'expérience analytique contraint
à penser qu'il n'y a qu'une seule et unique libido, que Freud situe d'emblée sur un plan neutralisé.

La libido est ce qui lie le comportement des humains entre eux et leur donne leur position
qui peut être active ou passive, mais a dans tous cas des effets actifs. Que cette position
 active ou passive, la libido se présente toujours comme une forme activement efficace,
et de ce fait plutôt parente de la forme masculine. Cela semble paradoxal, mais c'est parce que
cette notion n'est là que pour incarner la liaison de type particulier qui se produit à un certain niveau
le niveau imaginaire qui est celui où le comportement d'un être vivant en présence d'un autre
exprime le désir, ou l'envie, c'est à dire est du coté de ce ressort essentiel de la pensée freudienne
pour organiser ce dont il s'agit dans tous les comportements de la sexualité.

Nous avons l'habitude de considérer le Es comme une instance ayant le plus grand rapport avec
les tendances, les instincts, la libido. Mais comme l'usine quand on ignore comment elle marche,
 et qu'on croit que c'est le courant qui, agissant en elle, transforme l'eau en lumière ou en force ..
le Es n'est pas simplement ce qui est là, avant, le Es c'est déjà le Sujet, c'est à dire
ce qui est susceptible, par l'intermédiaire du message de l'Autre, de devenir "Je".
C'est cela que la psychanalyse nous a apporté :
il n'est pas seulement ce qui est avant en tant que réalité brute,
il est ce qui est, déjà organisé, déjà articulé, comme le signifiant est : déjà articulé, déjà organisé.

Toute la force déjà dans la machine pourra être transformée, sachant qu'elle n'est pas que chose
à transformer, elle peut aussi être accumulée. C'est l'intérêt de l'usine  hydro-électrique (et non
hydro-mécanique) : bien qu'il y ait déjà toute cette énergie avant, une fois l'usine construite il y a
différence sensible qui existe dans le réel, pas seulement dans le paysage. Elle s'est construite
par l'opération du saint-esprit, et c'est pour comprendre la présence du saint-esprit, essentielle
à notre compréhension de l'analyse, que je vous donne ces indications sur le signifiant et le signifié.

Reprenons cela au niveau des deux systèmes : le système primaire où ce qui se passe est soumis 
au principe de plaisir, à la tendance à revenir au repos, et le système secondaire défini par le fait
que le sujet est forcé à un détour dans la réalité extérieure. Ces définitions ne éludent l'idée de
 caractère conflictuel et dialectique alors qu'on les utilise avec ce paradoxe. Eludé, pas oublié.

C'est avec le système de plaisir lié à une tendance répétitive au repos que Freud introduit la notion
de libido parce que le plaisir au sens concret, le LUST, a ce sens -ambigu- d'être en même temps
le plaisir et l'envie, plaisir comme état de repos en lui-même, et surgissement du désir. Les 2 termes
peuvent paraître contradictoires alors que l'expérience les montre comme étant parfaitement liés.
Paradoxe aussi au niveau de la réalité : ce n'est pas seulement la réalité à laquelle on se cogne,
c'est aussi le contour, et le détour, de la réalité.

C'est à dire que corrélativement à l'existence des 2 principes interviennent les 2 termes qui les lient
 et permettent leur fonctionnement dialectique : les 2 niveaux de la parole : signifiant + signifié.
Et nous avons une sorte de superposition, de parallèle
--------> le cours du signifiant, le discours concret ..........................................................................
--------> le cours du signifié où gît la continuité du vécu, des tendances, chez 1 sujet et entre les sujets.

Rien ne se conçoit de la parole, du langage, des phénomènes qui se présentent ds l'analyse,
sauf à admettre cette possibilité essentielle de perpétuels glissements,
perpétuels glissements du signifié sous le signifiant, glissements du signifiant sous le signifié.
Rien de l'expérience analytique ne peut s'expliquer hors de ce schéma fondamental, qui montre que
ce qui est signifiant de quelque chose peut à tout instant devenir signifiant d'autre chose.
Tt ce qui se présente dans l'envie, tendance, libido, est toujours marqué par l'empreinte du signifiant.
Cela n'exclut pas que dans la pulsion ou l'envie existe autre chose, non marqué par cette empreinte.
Le signifiant est introduit dans le mouvement naturel, dans le désir, et dans la demande. Le terme
anglais "demand" inclut la notion primitive d'exigence, d'appétit, même si l'appétit en tant que tel n'est
pas marqué par les lois propres du signifiant. Ainsi on peut dire que l'envie devient du signifié.

L'intervention du signifiant posant problème,  j'ai parlé du Saint-Esprit qui est, pour nous et dans
la pensée de Freud, l'entrée du signifiant dans le monde. Freud l'a appelé  instinct de mort :
limite du signifié jamais atteinte par un être vivant, ce quelque chose virtuellement à la limite de
la réflexion de l'homme sur sa vie qui lui permet d'entrevoir la mort comme étant la "condition
indépassable de son existence" (Heidegger). Les rapports de l'homme avec le signifiant sont
liés à cette possibilité de penser la suppression, la mise entre parenthèse de tout le vécu.

Le support de la présence dans le monde du signifiant, la "surface efficace" où il reflète
le dernier mot du signifié, de la vie, du vécu, du flux des émotions, du flux libidinal, c'est
une "mort", une opération du St-Esprit, qui fait exister ce signifiant et ses lois propres,
qu'elles soient ou non reconnaissables ds tel ou tel phénomène. Par exemple, à la question
"Ce signifiant est-il là ce qui est désigné dans le Es ?", nous répondons que : pour comprendre
ce que nous faisons dans l'analyse : oui." Car le Es dont il s'agit dans l'analyse c'est 
du-signifiant-déjà-là, du signifiant déjà là dans le réel, mais incompris.
Et pas quelque propriété primitive et confuse relevant d'on ne sait quelle harmonie pré-établie
comme le pensent les esprits faibles, Mr Jones le 1er qui fait l'erreur de partir de l'idée qu'il y a
le fil et l'aiguille, le fille et le garçon + la supposition d'une harmonie pré-établie avec l'inconscient
de l'un fait pour deviner l'inconscient de l'autre.

A quoi s'oppose la remarque si simple de Freud (Les 3 essais..) que rien dans le développement de
l'enfant, dans son rapport aux images sexuelles, ne montre les rails d'un accès libre de l'homme
vers la femme et vice-versa, mais susceptibles d'accidents. Au contraire, les théories
sexuelles infantiles, qui marqueront l'histoire du sujet dans sa relation entre les sexes, sont liées à la
1 ère maturité du stade génital, ou phase phallique, juste avant le développement complet de l'Oedipe.
Ce stade est dit phallique, pas par égalité énergétique fondamentale (ça c'est pour la commodité
de l'esprit), ni même parce qu'il n'y a qu'une seule libido, mais parce que
sur le plan imaginaire il n'y a qu'une seule représentation primitive du stade génital :
le phallus en tant que tel.

Le phallus n'est pas l'appareil génital masculin c'est son image érigée sans son complément
que sont les bourses. Le phallus érigé dans son image. Il n'y en a qu'une parce qu'il n'y a pas
d'autre choix : soit l'image virile, soit la castration.
C'est le point de départ de Freud quand il reconstruit le développement, à partir des références
naturelles à cette idée, découverte dans l'analyse, et dans ce qui antécède "Les trois essais.."

Mais l'expérience nous fait découvrir une foule d'accidents loin d'être si naturels. En particulier
cette idée au principe de toute l'expérience analytique, la notion de signifiant déjà installé,
déjà structuré (l'usine existe et fonctionne sans que nous l'ayions installée) : c'est le langage,
qui fonctionne depuis aussi longtemps qu'on peut s'en souvenir, sachant qu'on ne peut pas
se souvenir de l'au-delà de l'histoire de l'humanité. Depuis que les signifiants fonctionnent
les sujets sont organisés, dans leur psychisme, à partir du jeu de ces signifiants.
Même le Es, que certains vont chercher dans des "profondeurs" n'est pas plus naturel que les images
L'existence d'une usine faite dans la nature par l'opération du saint-Esprit, est le contraire
de la notion de nature. C'est même dans le "scandale" de ce fait que gît la position analytique :
quand nous abordons un sujet, il y a déjà, dans "la nature", quelque chose qui est son Es,
qui est déjà structuré selon une articulation, une organisation signifiante, marquant tout, chez lui,
de ses empreintes, ses contradictions, sa profonde différence d'avec des cooptations naturelles.

Derrière le signifiant il y a la réalité dernière, voilée à l'usage du signifiant, voilée au signifié, que
la vie est caduque, ce qui est dans le signifié peut ne pas exister : c'est l'instinct de mort.
Cela n'a rien à voir avec l'exercice du vivant, notre petit passage dans l'existence comme tous ceux
qui nous ont précédé. L'existence du signifiant est liée au fait que le discours existe,
qu'il est déjà introduit dans le monde, plus ou moins connu, ou inconnu. Freud n'a pas pu le
caractériser autrement qu'en disant qu'il fonctionne sur le fond d'une certaine expérience de la mort.
Pas celle ayant à voir avec le vécu, l'exercice du vivant, mais une reconstruction
motivée par ce phénomène inexplicable, ce paradoxe constaté dans l'expérience, que le Sujet
se comporte de façon essentiellement signifiante en répétant indéfiniment quelque chose
qui lui est mortel en tant que sujet (le sujet n'est pas la personne physique)
et inversement : la mort est reflétée au fond du signifié, et le signifiant emprunte toute une série
d'éléments liés à ce qui est engagé dans le signifié : le corps. De même que dans la nature il y a des
réservoirs, dans le signifié il y a des éléments qui, donnés comme des accidents du corps, sont repris
dans le signifiant et lui donnent ses "armes" premières. Choses insaisissables et pourtant irréductibles,
parmi lesquelles le terme phallique, la pure et simple érection : pierre dressée, totem érigé etc..
La notion de corps érigé produit des éléments liés au corporel en général (pas judte le vécu)
et constituant des éléments premiers : d'abord empruntés à l'expérience et ensuite complètement
transformés, car symbolisés, introduits dans le lieu du signifiant et de ses lois, des lois logiques,
(pensez au jeu de pair/impair, aux suites de + et de - groupées par 2 ou 3 en séquences temporelles)
des lois implicites, présentes dans tout départ et aussi lois dernières, impossibles à ne pas rencontrer.

[Notes, provisoires : ds la mesure ou une fois désigné sous un signifiant, et parce que épinglé, 
le sujet disparaît, meurt au fait d'être un sujet,derrière le signifiant = la mort, = la vie est finissable, 
caduque, ce qui est ds le signifié peut ne pas exister= l'instinct de mort dc pas seulement la capacité
 de se penser dans la chaîne mais de se penser inexistant, sous un signifiant.ainsi il y a ds le signifié des significations d'accidents du corps que le signifiant utilise comme armes]


La relation d'objet centrale décrite dynamiquement ds l'expérience analytique 
est celle du manque. C'est ce qu'a dit Freud : toute Findung est une Wiederfindung :
toute "trouvaille" de l'objet est une "re-trouaille". Il ne faut pas lire "Les trois essais sur la sexualité"
comme s'ils avaient été écrits d'un seul jet, tous les textes de Freud ils comportent des révisions,
des notes ajoutées, et les modifications sont fréquentes. "La Traumdeutung" s'est enrichie sans que
change son équilibre fondamental. Par contre dans la 1ère édition des "Trois essais.." on ne trouve rien
de ce qui nous est familier dans le livre de 1915, des années après "Pour introduire le narcissisme".
Il faut avoir cela en tête : tout ce qui concerne le développement libidinal pré-génital ne se conçoit
qu'après qu'aient été isolées les théories sexuelles infantiles et ce qui les caractérise, c'est à dire
les malentendus majeurs qui viennent du fait que l'enfant n'a aucune notion de sperme, vagin,
génération etc.. Et la notion de phase phallique n'aboutit qu'après l'édition de 1923 et l'article
"L'organisation génitale infantile", moment crucial qui n'est pas dans "Les trois essais..", dont
la progression dans la rechercher s'explique par l'importance des théories sexuelles.

De même pour la libido, avec un chapitre qui concerne la notion de narcissisme : on peut
rendre compte de l'origine de l'idée d'une théorie de la libido, dit Freud, depuis la notion de
Ich-libido, de "réservoir" de la libido constituante des objets.
Cette notion de tension narcissique, du rapport de l'homme à l'image, a introduit l'idée d'une
mesure libidinale commune, et d'un centre de réserve à partir duquel s'établit toute relation
objectale. Celle-ci est fondamentalement imaginaire, et la fascination du sujet par l'image est liée
à une image qu'il porte en lui-même. C'est le dernier mot de la théorie narcissique.

Une certaine orientation analytique reconnait une valeur organisatrice au fantasme parce qu'on ne
soupçonnait pas d'harmonie pré-établie de l'objet au sujet : la 1 ère version des "Trois essais .."
caractérise le développement de la sexualité infantile en 2 temps : du fait de la période de latence,
(où la mémoire est latente), l'objet 1er, l'objet de la mère, est remémoré d'une façon inchangée,
irréversible : l'objet ne sera plus, que (re)trouvé dans une nouvel objet dans le style du 1er.
 ==>  discordance, division  fondamentalement conflictuelle, dans l'objet (re)trouvé
par rapport à l'objet toujours recherché. Cette notion inspira la 1ère théorie de la sexualité
 de Freud : la supposition que pendant la période de latence il y a conservation de l'objet dans
la mémoire, à l'insu du sujet : transmission signifiante d'un objet, qui perturbera les relations
d'objets ultérieures. C'est dans ce cadre que se découvrent les fonctions imaginaires :
tout ce qui relève de la fonction pré-génitale est pris dans cette parenthèse. Ainsi s'introduit
l'imaginairedans une dialectique qui n'était faite que du symbolique et du réel.

Ainsi ce qui prévaut aujourd'hui en psychanalyse, la relation d'objet, n'est introduit par Freud
qu'à partir de l'article sur le narcissisme de 1923 : préparé par la théorie de la sexualité de 1915,
puis formulé à propos de la phase phallique en 1920.  Le milieu analytique, perplexe, a situé
la dialectique dite à l'époque pré-génitale par rapport à l'Oedipe. Or pré-génital ne veut pas dire
pré-oedipien. En 1920 pré-génital désigne les expériences préparatrices à l'expérience oedipienne
et qui s'articuleront dans celle-ci, faisant que la relation pré-génitale s'appréhende dans l'articulation
signifiante de l'Oedipe.  Le terme "pré-oedipien" est introduit en 1930 sur la sexualité féminine.

Le signifiant prend son matériel quelque part dans le signifié, dans les rapports vivants
et vécus. C'est après-coup que ce passé est saisi, que se structure l'organisation imaginaire
en opposition avec l'idée de développement harmonique régulier, mais sous une forme
paradoxale, un développement critique, où l'origine des objets des différentes périodes (orale,
anale ..) sont déjà pris pour autre chose que ce qu'ils sont. Car ils sont déjà "travaillés" par le
signifiant. La structure signifiante de ces opérations est impossible à extraire. On les désigne par
toutes les notions d'incorporation qui les dominent et permettent de les articuler.

Nous articulerons cette organisation autour de la notion du manque d'objet aux 3 niveaux
de frustration, privation, castration quand il y a crise, rencontre, dans la recherche (toujours
critique), d'objet. Nous commencerons avec la notion de frustration que les théories
analytique actuelles privilégient au détriment de la notion de castration, et une conférence de
Annelisse Schurmann élève d'Anna Freud sur une phobie d'enfant.
Nous verrons la succession temporelle, apparition puis disparition
de cette création imaginaire privilégiée qu'est une phobie et ses effets comportementaux.

Difficile d'en articuler l'essentiel avec la seule notion de frustration en rapport avec la privation
de l'objet privilégié du stade oral. Il est bien plus éclairant d'utilser les 3 catégories du manque :
la castration, où se situe le manque fondamental en tant que dette dans la chaîne symbolique,
la frustration, où le manque comme dam, dommage, se situe que sur le seul plan imaginaire,
la privation, où le manque est cette limite, cette béance purement dans le réel, c'est à dire pas
dans le sujet. Pour accéder à la privation, le sujet doit être capable de pouvoir symboliser le
réel, de le concevoir autre qu'il n'est. Cela précède la possibilité de dire des choses sensées.

Dans la psychogénèse courante tout se passe à la façon d'un rêve idéaliste où chaque sujet
est comme une araignée qui doit elle-même tirer le fil de sa toile et s'envelopper dans la soie
son cocon, sortir de lui-même sa conception du monde, sécréter de lui-même ses relations
au nom d'on ne sait quelle maturité pré-établie avec les objets qui finiront comme objets de
notre monde. On croit que la psychanalyse rend cela possible parce qu'on ne retient que ce
qui va dans ce sens. Et quand ça s'embrouille on attribue cela à une difficulté de langage alors
que c'est la manifestation de l'erreur. L'image du corps comme signifiant le montre bien.

Le problème de la relation d'objet doit être posé à partir de ce cadre fondamental que
dans le monde humain ce qui structure l'organisation objectale c'est le manque d'objet.
Et que ce manque est à concevoir à ses différents étages chez tout sujet :
au niveau de la chaîne symbolique qui lui échappe de son commencement à sa fin, au niveau
de la frustration où il est installé dans un vécu imaginable, pensable, et au niveau de réel
il ne s'agit pas de privation ressentie : le réel c'est ce qui est absolument hors du sujet, et pour
l'appréhender il doit d'abord l'avoir symbolisé. Et dans cette affaire le sujet n'est pas isolé,
il n'est pas indépendant, ce n'est pas lui qui introduit quoi que ce soit. (pour F. Dolto les enfants
dont la mère a subi un trouble dans sa relation à son propre père peuvent faire une phobie).

C'est un passage absolument majeur, que cette notion, qui fait intervenir autre chose
que la seule relation mère/enfant de personne à personne. C'est pour cela que j'ai
posé le trio mère-enfant-phallus : il y a toujours, chez la mère en tant qu'elle est femme
l'exigence du phallus. Que l'enfant le symbolise ou non, lui n'en sait rien. Quand on évoque
l'image du corps à propos de l'enfant : si cette image est effectivement l'enfant, si même elle lui
est accessible, est-ce parce que la mère voit son enfant ? Quand l'enfant est-il en mesure de voir
que ce sa mère désire, sature et satisfait en lui, c'est aussi son image phallique à elle ? Toute
relation entre sujets est-elle du même ordre que la relation de Mme Dolto avec son sujet ?
Est-ce qu'à part elle, qui voit toutes ces images du corps, il y a quelqu'un pour les voir aussi ?

Le fait que pour la mère l'enfant n'est pas seulement l'enfant, mais aussi le phallus
constitue une discordance imaginaire. L'expérience montre que l'enfant y accède, y est introduit
après une époque de symbolisation. Quelque fois il aborde ce qui est pour la mère un
dam imaginaire en rapport avec la privation du phallus de façon directe. S'agit-il alors d'un
imaginaire reflété dans le symbolique ? d'un élément symbolique qui apparaît dans l'imaginaire ?
Ce sont les points cruciaux où nous amenons la question de la phobie.

Pourquoi l'enfant se met à plus ou moins occuper la position de la mère par rapport au phallus ?
ou du phallus par rapport à la mère ?  L'enfant établit une liaison entre le phallus et la mère :
ce rapport lui est-il donné de façon spontanée et directe ? dans quelle mesure y met-il du sien ?
C'est plus compliqué que simplement regarder sa mère et voir qu'elle désire le phallus ....
Ce n'est pas autour de cette liaison-là mère/phallus que se développe la phobie.

La phobie constitue un mode de solution au difficile pb des relations de l'enfant et de la mère.
Nous avons vu que pour qu'il y ait les 3 termes du trio mère-enfant-phallus
il faut un espace clos, une organisation symbolique du monde qui s'appelle le père.
La phobie concerne ce lien cernant : il arrive qu'en un moment particulièrement critique,
en l'absence de voie d'une autre nature, la phobie est un appel à la rescousse
d'un élément symbolique particulier pour la solution du problème.
C'est sa singularité : être extrêmement symbolique, complètement éloignée de l'imaginaire.
L'élément symbolique appelé pour maintenir la solidarité menacée par la béance 
introduite par l'apparition du phallus entre la mère et l'enfant a un caractère
carrément mythique.



Fin de la troisième leçon
























































































jeudi 6 octobre 2011

S.IV : I, 2. Les trois formes du manque d'objet.



deuxième leçon du séminaire "La relation d'objet" (28 novembre 1958)
 "Les trois formes du manque d'objet".

Des psychanalystes ont écrit sur l'objet, plus précisément "génital" .. lectures instructives ..
Pour Renan "la bêtise humaine donne une idée de l'infini". Il aurait pu ajouter "et les divagations
théoriques des psychanalystes", car c'est frappant de voir à quelles difficultés extraordinaires
ont été soumis leurs esprits à la suite des énoncés, si abrupts et étonnants, de Freud.

Freud nous a apporté que : l'idée d'un objet harmonique
qui par sa nature achèverait la relation entre le sujet et l'objet est parfaitement contredite
tant par l'expérience analytique que par l'expérience commune, et de l'homme et de la femme.

Et s'il y a de l'analyse, c'est justement parce que l'harmonie dans ce registre est problématique :
il y a ds ce registre une béance, quelque chose qui ne va pas. (Malaise dans la civilisation,ou
Les nouvelles conf. sur la psychanalyse n°31) Ce qui ns amène à nous questionner sur l'objet.

L'expérience et la doctrine freudienne situent cet objet :
1. l'objet c'est ce qui se présente dans une quête, quête d'un objet perdu. Il s'agit
de l'objet retrouvé,pris dans une recherche (opposé à la notion d'objet "achevant" un sujet autonome).

2. l'objet en question est celui qui surgit de l'exercice du système primaire de plaisir 
avec la notiond""objet halluciné sur fond de réalité angoissante"".
(Opposée à cela, une pratique analytique avec la notion de l'objet réduit au réel, où ce qu'il s'agit de
retrouver c'est le réel : l'objet se détachant non sur fond d'angoisse, mais sur fond de réalité commune,
avec comme terme de la recherche analytique de s'apercevoir qu'il n'y a pas de raison d'en avoir peur,
"peur" étant à distinguer d"angoisse").

3. l'objet de la réciprocité imaginaire, quand dans la relation sujet/objet les deux places
sont occupées par le sujet : au fond de toute relation à l'objet il y a identification à celui-ci.
Une certaine pratique analytique moderne fait de l'identification un impérialisme :
"puisque tu peux t'identifier à moi et moi à toi, et que de nous deux c'est moi le meilleur modèle .."
l'adaptation à la réalité et le but idéal est "l'identification au moi de l'analyste".
Un tel maniement de la relation d'objet peut conditionner une déviation extrême, 
en particulier dans la névrose obsessionnelle :
la névrose obsessionnelle comme notion structurante, et l'obsessionnel
comme acteur qui assume certains actes comme s'il devait se mettre à l'abri de/par la mort.
=> montrer qu'il est invulnérable, s'exercer à un domptage qui conditionne son approche d'autrui :
dans une sorte d'exhibition il montre jusqu'où il peut aller dans cet exercice qui ressemble à un jeu,
y compris dans son caractère illusoire de montrer jusqu'où peut aller un autre, son double.
Il faut pour cela qu'il y ait une sorte d'Autre/Spectateur, là réside le plaisir.

Il sait que ce qu'il fait est à fin d'alibi, que le jeu ne se joue pas exactement où il se trouve lui,
que ce qui se passe n'a pas pour lui de véritable importance.
Mais ce qui est inconscient c'est qu'il ne sait pas quelle place il occupe, ni d'où il voit tout cela.
 Nous savons que c'est lui qui mène le jeu. Mais pour savoir où ce jeu est mené
il faut introduire la notion d'objet, de l'objet significatif pour un tel sujet

Cette objet ne peut être défini en termes de relation duelle, ou de notion d'objet telle que définie dans
Evolution de la psychanalyse et La clinique psychanalytique. Nous verrons où cela mène ..

Dans une situation si complexe la notion d'objet ne peut être donnée dès l'abord,
cet objet qui participe d'un jeu d'illusion, de triche, de rétorsion agressive
qui consiste à aller aussi près que possible de la mort tout en étant hors de portée des coups,
car il a "mortifié", "tué" à l'avance le désir chez lui.
La notion d'objet est infiniment complexe, à approfondir sans cesse pour savoir de quoi on parle,
c'est à dire : démontrer ce que ce sujet a articulé sans le savoir pour un Autre "spectateur",
en place de quoi il met l'analyste, à mesure que le transfert avance.

L'auteur en question manie la relation d'objet dans le cas de l'obsédé comme une scène de cirque,
où Auguste et Chocolat s'administrent des claques en alternance !=> descendre dans l'arène
par peur d'en recevoir pendant que le sujet en donne à proportion de son agressivité .. là-dessus
arrive un Mr Loyal "ce n'est pas raisonnable, bouffez-vous plutôt mutuellement votre bâton,
vous l'aurez alors à la bonne place, c'est à dire "intériorisé" !!..
 Cela apparaît sur fond de caractère profondément oral de la relation d'objet :
prendre ainsi la relation duelle pour réelle soumet la pratique aux lois de l'imaginaire
avec pour aboutissement de cette relation d'objet le fantasme d'incorporation phallique.

Donc non seulement l'expérience ainsi menée révèle ses paradoxes, en ne menant pas vers
l'accomplissement idéal, mais l'accomplissement in fine de cette relation duelle révèle
qu'au 1er plan l'objet imaginaire privilégié est le phallus.
Et que pour comprendre la relation d'objet il faut penser le phallus comme étant
non pas un élément médiateur, mais un élément tiers.
C'est ce que montrait mon schéma de l'année dernière en conclusion de l'analyse du signifiant,
où nous avait menés l'exploration de la psychose.

Je vous le propose cette année comme introduction, comme schéma inaugural de la relation d'objet,
Je ne trouve pas de schéma du triangle imaginaire Mère-Enfant-Phallus (M.E.Phallus)
il faut donc regarder les deux que je mets ici en ne considérant que la partie du haut :













Toute relation imaginaire est modelée sur le rapport fondamental mère-enfant et sa problématique.
C'est un rapport qui donne l'idée qu'il s'agit d'une relation réelle uniquement,
 et une certaine psychanalyse actuelle essaie de la réduire à n'être
qu'une affaire de développement de la relation initiale mère-enfant, et à ses traces et reflets.
Mais dès qu'on fait intervenir cette seule relation imaginaire
se révèle un point-clé au centre de celle-ci : le phallicisme imaginaire,
aussi bien dans l'expérience analytique que dans la théorie.
Et toute tentative de le réduire à des données uniquement réelles, sans tenir compte
qu'on peut être dans l'imaginaire, dans le symbolique, ou dans le réel, conduit à des impasses.

Un dernier trait sur la conduite de la relation duelle par ces praticiens : quand l'analyste
entre dans le jeu imaginaire de l'obsessionnel, insiste pour qu'il reconnaisse son agressivité,
lui fait replacer l'analyste dans une relation duelle (belle analyse des "réciproques" !) :
on nous dit que la preuve de la méconnaissance de la situation par le sujet serait que le sujet
ne voudrait jamais assumer l'agressivité, ou qu'il serait agacé par la rigidité du dispositif !
En fait l'auteur avoue par là qu'il ne cesse de ramener lui-même le sujet à ce thème.
Comme si c'était un thème central !
Comme si agacement et ironie n'étaient que manifestations agressives, ce qui n'est pas le cas,
et que d'autre part l'agression peut être provoquée par d'autres sentiments, y compris l'amour.
Dire que l'ironie est par nature agressive est incompatible avec ce fait qu'elle est, avant tout,
et bien loin de toute agressivité, un mode de questionnement, et que même si celui-ci
comporte un élément agressif, il est secondaire.
Bon. C'est mon dernier mot sur cette conception de la relation d'objet.

Revenons à la question fondamentale, celle d'où partir, et à laquelle nous devrons aboutir,
du fait que toute l'ambiguïté de la question autour de l'objet, et de son maniement dans l'analyse,
se résume à : L'objet est-il, ou non, le réel ? à quoi nous arrivons aussi bien
par intuition immédiate que par le vocabulaire dont ns ns servons : symbolique, imaginaire, réel ..
Que veut dire "la relation d'objet dans son versant d'accès au réel doit être obtenu en fin d'analyse" ?  
Est-ce un réel à trouver dans un objet ? ou un objet que serait à trouver dans le réel ?

C'est saillant ds l'expérience analytique, que toute la dialectique du développement individuel
et toute la dialectique de l'analyse, tournent autour du phallus, qui devient un objet majeur.
Et qui n'est pas le pénis, attention !
On ne peut pas dire que le phallus n'est pas un objet prévalent, dont l'individu pense qu'il l'est, 
dans la dialectique analytique.
Même s'il n'a jamais formulé qu'il n'était concevable que sur le plan imaginaire, cela surgit
à toutes les lignes de Freud à une certaine date, ou les réponses de Deutsch, Klein, Jones.


Avant de voir comment la notion de phallicisme implique la catégorie de l'imaginaire,
demandons-nous quelles sont les positions réciproques de l'objet et du réel. Le réel d'abord :

Les conditions de l'expérience étant très artificielles, la situation n'est pas simple : pour théoriser
il faut se référer au réel alors que nous ne partageons pas la même notion, maniement, ou usage.
Disons qu'il s'agit d'abord de l'ensemble de tout ce qui se passe effectivement.
= Wirklichkeit en allemand, qui implique toute possibilité d'effet, de Wirkung.
C'est l'ensemble du mécanisme. La traduction française le rend mal, alors que c'est à cette notion là
de réalité que les psychanalystes doivent être introduits. La tradition mécano-dynamiste datant du 18e
qui réfère ce qui se passe au niveau mental à quelque chose de matériel n'a aucun intérêt.
C'est une succession d'effets avec leur ordre propredans une perspective énergétique. 
C'est dans ce sens que Freud l'emploie.

Mais la matière exerce une fascination telle sur l'esprit médical que même dans l'analyse
des médecins s'appuient sur une réalité organique : besoin de réassurance, comme toucher du bois
ou cantonner cette énergie à celle qui sort de la machine qui remonte le Rhin. Or l'énergie
ne nous intéresse qu'à partir du moment où elle est accumulée.
Les machines peuvent toujours s'animer par la propulsion venue du fleuve, l'énergie et la force
sont d'un ordre différent : il faut être fou pour vouloir retrouver dans ce qui est accumulé à la fin
comme élément possible de Wirklichkeit quelque chose étant là de toute éternité : ce n'est pas ça.

Ce besoin de confondre le stoff/impulsion/tendance/flux, avec ce qui est en jeu dans l'exercice de
la réalité analytique, est une méconnaissance de la Wirklichkeit symbolique qui est organisation,
 structure, ou conflit d'éléments qui se composent et s'édifient sur une autre portée énergétique.
 Conserver le besoin de parler d'une réalité dernière comme si elle n'était pas dans l'exercice même
 c'est de la superstition, c'est une séquelle du postulat organiciste qui n'a aucun sens,
c'est méconnaître que nous nous déplaçons, en psychanalyse, dans une réalité particulière.

La notion de réalité dont on fait usage dans l'analyse est mise en jeu dans un double principe,
principe de plaisir + principe de réalité, s'exerçant de façon réelle, que l'analyse doit démontrer.
Opposer les deux termes fut fécond ==> introduction système primaire / système secondaire
ds l'ordre psychique. Mais aujourd'hui ? L'enfant qui dit que le roi est nu est-il un génie ? un benêt ?
est-il féroce ? Personne n'en saura jamais rien. Juste que c'est quelqu'un de libérateur.

Cela arrive de temps en temps : des analystes, qui ont l'espèce d'intuition primitive que ce qu'on disait
n'explique rien. C'est arrivé à Winnicott avec l'objet transitionnel, la transition d'objet :
il fait remarquer qu'on s'intéresse de plus en plus à la fonction de la mère comme décisive dans
l'appréhension de la réalité par l'enfant. C'est à dire qu'à l'opposition dialectique impersonnelle
des principes (plaisir et réalité), on a substitué des acteurs : même si les sujets sont idéaux,
on en vient à une sorte de figuration, un guignol imaginaire.
Nous avons le principe de plaisir avec une certaine relation d'objet (la relation au sein maternel)
et le principe de réalité au fait que l'enfant doit apprendre à s'en passer.

Winnicott fait remarquer à quelles conditions tout se passe bien. Quand ça va mal, c'est attribué
à une anomalie primordiale, la frustration, le terme devenant un terme-clef au point que,
pour que l'enfant ne soit pas traumatisé la mère doit opérer en étant là au moment qu'il faut :
placer, au moment de l'hallucination délirante de l'enfant, l'objet réel qui le comble.
C'est à dire qu'au départ de la relation -idéale- mère/enfant il n'y a pas distinction entre
l'hallucination du sein maternel qui surgit par principe du système primaire, et la rencontre
de l'objet réel dont il s'agit. Si tout se passe bien l'enfant n'a donc aucun moyen de distinguer
- la satisfaction fondée sur l'hallucination liée au fonctionnement du système primaire
- l'appréhension du réel qui le comble, et le satisfait de manière effective.
Et la mère apprend alors progressivement à l'enfant à subir les frustrations et du même coup
à percevoir, sous la forme d'une tension inaugurale, la différence entre la réalité et l'illusion.
Différence qui s'installe par la voie du désillusionnement quand, de temps en temps,
la réalité ne coïncide pas avec l'hallucination qui surgit du désir.

Ce que fait remarquer Winnicott c'est que dans une telle dialectique on ne peut rien élaborer qui
aille plus loin que la notion d'un objet strictement correspondant au désir primaire.
Dans une telle dialectique, incarnée dans 2 acteurs réels, l'extrême diversité des objets,
objets instrumentaux ou fantasmatiques
qui interviennent dans le champ des désirs humains, est impensable.
Et, c'est un fait d'expérience nous voyons apparaître même chez le plus petit enfant
ces objets, dits par Winnicott transitionnels, parce que nous ne pouvons pas dire de quel coté
ils sont dans la dialectique réduite, et incarnée, de l'hallucination et de l'objet réel.

Tous les objets de jeu de l'enfant sont transitionnels : l'enfant fait des jouets avec tout ce qui
lui tombe sous la main, et ils sont transitionnels. Pas besoin de se demander s'ils sont + subjectifs
ou + objectifs, ils sont transitionnels et, ce que ne dit pas Winnicott, ils sont imaginaires.

Dans leurs travaux pleins d'hésitations et confusion, les auteurs cités plus haut, cherchant
à s'expliquer l'origine d'un fait (par ex l'existence d'un fétiche sexuel), sont amenés à ces objets
parce qu'ils cherchent les points communs entre l'objet chez l'enfant, et le fétiche des exigences
objectales de la satisfaction sexuelle : alors ils épient chez l'enfant le maniement d'un objet
dérobé à la mère (mouchoir, coin de drap ou autre partie de réalité à sa portée) dans une période
appelée transitionnelle mais pas intermédiaire, puisque bel et bien permanente ds le développement
En confondant les 2 types d'objets, ils évacuent le fait qu'il y a une distance entre
la première apparition de l'objet en tant qu'imaginaire,  et l'érotisation d'un objet-fétiche.

En ne tenant pas compte de cette distance, ils oublient (et ça les oblige à ces supplémentations)
qu'un des ressorts les + essentiels de l'expérience analytique, dès le début,
c'est la notion du manque de l'objet.
Jamais, dans notre exercice concret de la théorie analytique, nous ne pouvons nous passer
de cette notion centrale, ce ressort même de la relation du sujet au monde.

Dès le départ l'analyse, l'analyse de la névrose commence par la notion paradoxale de castration.
La Castration la frustration et la privation sont trois choses non équivalentes.

La notion que nous avons de la frustration quand nous l'utilisons, est celle d'un dam : un tort, un
dommage, une lésion imaginaire qui ressort du domaine de la revendication : quelque chose
qui est désiré n'est pas tenu parce que c'était sans référence toute possibilité de satisfaction
ou d'acquisition. La frustration est du domaine des exigences effrénées et sans loi.
Le plan sur lequel se situe cette catégorie du manque est celui du dam imaginaire.

Quelle est la différence avec la privation ? Jones ns dit qu'elles sont éprouvées de la même façon
ds le psychisme. Nous nous référons à la privation dans le cadre du phallicisme, l'exigence
du phallus comme point majeur de tout le jeu imaginaire,
dans la progression conflictuelle de l'analyse du sujet, nous dit Freud.
Or on ne peut parler de privation que dans le réel, qui n'est pas l'imaginaire.
L'exigence phallique ne s'exerce pas par là, car un être présenté comme une totalité
ne peut pas se sentir privé de quelque chose que, par définition, il n'a pas. Ainsi la privation,
dans sa nature de manque, est essentiellement un manque réel. Un trou.

Qu'en est-il de la castration ?
Elle a été introduite par Freud de façon absolument coordonnée à ce qu'il y a de fondamental
dans l'interdiction de l'inceste et la structure de l'OEdipe. Par une espèce de saut mortel
il a mis au coeur et de l'expérience, et de la crise décisive, formatrice, majeure, qu'est l'Oedipe,
cette notion si paradoxale de castration, qui se classe ds la catégorie de la dette symbolique.
Quel émerveillement, après-coup, et de ceci, et que nous ne songions qu'à n'en pas parler !

=> dam imaginaire,  absence réelle,  dette symbolique,
voilà ce qui nous permet de situer ces trois termes de référence du manque de l'objet.
Qu'est-ce que l'objet qui manque, à ces trois niveaux ?

Au niveau de la castration/dette symbolique ce qui manque N'EST PAS UN OBJET REEL.
Ce que sanctionne la loi de la castration symbolique  N'EST PAS UN OBJET REEL. Ce n'est pas
la loi de Manon où celui qui a couché avec sa mère doit se les couper et filer vers l'Ouest jusqu'à
ce que mort s'ensuive. Ces choses sont excessivement rares, elles sont d'un ordre qui n'a rien
à faire avec notre expérience et les mécanismes psychiques structurants qui y sont mis en jeu.
L'objet, dans la castration dont il s'agit en psychanalyse, est imaginaire : il s'agit donc de
castration symbolique d'un objet imaginaire

La communauté entre caractère imaginaire du manque dans la frustration et caractère imaginaire de
l'objet de la castration (manque imaginaire de l'objet) a fait croire qu'avec la notion de frustration
on pouvait aller au coeur des problèmes. Or manque et objet ne sont pas forcément au même niveau.

Même si la frustration est en elle-même imaginaire, c'est toujours d'un objet réel que l'enfant,
par exemple, comme sujet élu de notre dialectique, est en mal. Cela montre qu'il faut un certain
maniement métaphysique des termes quand on se réfère au critère de réalité.

Et l'objet de la privation n'est jamais qu'un objet symbolique car comment un objet peut-il
ne pas être à sa place ? Cela ne veut rien dire au niveau du réel, ce qui est réel est toujours à
une place, il porte sa place à la semelle même de ses souliers, même si on le dérange. L'absence
de quelque chose dans le réel est donc purement symbolique : c'est parce que nous le définissons
par une loi qui dit que ça devrait être là, qu'un objet peut manquer à sa place. Quand on dit d'un livre
de bibliothèque qu'il manque à sa place, il y est par principe invisible, même s'il est tout à coté, et le
bibliothécaire vit dans un monde symbolique ==> quand nous parlons de privation, en psychanalyse,
il s'agit de rien d'autre que d'un objet symbolique.
Cela paraît abstrait, mais cela aidera à détecter les mauvaises solutions données à de faux problèmes.
On fait des efforts désespérés pour rompre cet intolérable qu'est l'évolution absolument différente
de la sexualité chez l'homme et chez la femme, et tenter de ramener les 2 termes à 1 seul principe.
Or il existe dès le départ quelque chose qui permet de concevoir clairement pourquoi l'évolution
est différente entre les deux sexes.

Avec le manque, et l'objet, une autre notion trouvera sa place : celle de l'agent.
La référence à la triade imaginaire mère/enfant/phallus doit être complétée avec la notion d'agent
qui joue un rôle dans la manque de l'objet.
Par exemple s'agissant de la frustration, si nous supposons que l'agent c'est la mère, est-ce un agent
Symbolique ? Imaginaire ? Réel ? Et l'agent de la castration ? et   de la privation ? I ? S ? R ?

Je laisse ces questions ouvertes, la notion d'agent débordant celle des seuls rapports entre
l'objet et le réel, et des catégories de l'imaginaire et du réel, même si elle nous est suggérée par
le début de la construction du phallus.


-  fin de la deuxième leçon  -

La suite est là :
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mercredi 5 octobre 2011

Sém.IV, 1ère leçon : la relation d'objet et les structures freudiennes.


De novembre 1956 à juillet 1957 Jacques Lacan a donné des leçons sur la psychanalyse,
pour la quatrième année -scolaire- consécutive. Il appelait cela son séminaire.
On disait alors, comme on le dit depuis, "le séminaire de Lacan".
Après "Les écrits techniques de Freud" en 53
"Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse" en 54,
et "Les psychoses" en 55,
ce séminaire fut intitulé  " La relation d'objet ".


Femme allaitant -Paul Richer-


Quand on cherche à se renseigner sur ce séminaire, pensant trouver pléthore de propositions
commerciales d'éditeurs divers et variés, on tombe sur une seule et unique édition, et 
une image terrifiante nous saute à la figure : Saturne dévorant ses enfants peint par Goya.
Saturne, qui n'est pas une femme, ni une mère.

Pour peu qu'on cherche à en savoir plus en lisant la quatrième de couverture, on est agressé par
une autre terrification : ".. mère inassouvie .. cherchant ce qu'elle va dévorer .. gueule ouverte .." 
dont la violence ne risque pas d'être tempérée par la citation qui suit,
arrachée au discours de Lacan, isolée, incompréhensible.

Quelques mots, extraits tels quels d'un discours qui en comporte des millions,
amputés avec brutalité de tous ceux qui les précèdent et de tous ceux qui les suivent,
 et qui pourraient en ajuster la signification,

font dire à Lacan ce qu'il n'a pas dit, et à la psychanalyse ce qu'elle ne dit pas.

J'ai choisi, comme image d'introduction à ce séminaire,
une autre image que celle de Saturne choisie par JAM.
J'ai choisi une miniature de Paul Richer : Femme allaitant.

On pourrait croire, à contempler cette oeuvre, que mère et enfant sont seuls au monde.

Ce n'est pas le cas.

                                                                   
          Ceci m'amène à la raison pour laquelle je commence l'étude des séminaires, ici, par le quatrième.
De 2007 à 2009 j'ai re-lu chronologiquement tout ce que Freud a produit, sauf la correspondance
récemment publiée. (Je ferai un article sur ce que veut dire exactement "lire Freud", ou "lire Lacan".)
En 2010 j'ai entrepris la re-lecture des leçons données par Lacan, oralement, pendant 30 ans.
Arrivée, il y a deux mois, à la sixième année, celle de "Le désir et son interprétation",
 je me suis heurtée, et j'ai été heurtée, encore,
 par ce quelque chose balancé bêtement, ou sadiquement, c'est selon,
que pour Lacan et la psychanalyse les mères seraient des crocodiles "dans la gueule desquels" on est.
((à noter ici que la bêtise actuelle qui consiste à punir les mots, pris pour la chose qu'ils évoquent,
en les faisant disparaître  avec plus ou moins de succès du vocabulaire,
-voir le magnifique amuse-gueule devenu ce ridicule et bien plus salace "amuse-bouche"-
s'accommode sans broncher de la "mère-gueule-de-crocodile."
Maladie qui ne m'a pas été épargnée, mais dont je me suis guérie.
Un peu toute seule, à force de coups, reçus,
mais aussi en relisant ce que Lacan a réellement dit, pour savoir comment ça a commencé,
cette affaire là, du (!) crocodile à la gueule grande ouverte, qui en fait jouir plus d'un.

Entre-temps j'ai rendu le blog public, et une rubrique "étude des séminaires" semble un bon support.


La première partie du séminaire cette année traite
d'une théorie du manque d'objet et des voies que peut prendre le désir,
(la deuxième relatera la phobie d'un petit garçon de 5 ans, en rapport avec la structure des mythes).

Voilà ce que je prélève, à ma manière, dans cet enseignement,
et que je vais tenter de transmettre, à ma manière forcément.
                                                                   
1 ère leçon,  21 novembre 1956.

L'évolution de la psychanalyse pourrait donner une place centrale, aussi bien en théorie qu'en pratique,
à la relation d'objet. Nous nous sommes interrogés dans les séminaires passés sur les structures
dans lesquelles l'analyse se déplace et opère selon Freud, et spécialement la relation complexe
entre les deux sujets en présence dans l'analyse : l'analysé et l'analyste. Nous avons vu, en trois ans :

1953/54 : les éléments même de la conduite de la cure : transfert et résistance,

1954/55 : le fond de l'expérience et de la découverte freudienne : l'inconscient, notion qui a imposé
à Freud d'introduire les principes figurant dans l'au-delà du principe de plaisir,

1955/56 : l'absolue nécessité d'isoler cette articulation essentielle du symbolisme qu'est le signifiant,
pour aborder analytiquement le champ paranoïaque des psychoses.

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Je n'arrive pas à importer la photo du schéma L ou schéma en Z de Lacan, 

c'est peut-être aussi bien, je vais démonter le truc : à vos stylos et règles !

Un trait plein de 4cm entre un point (a)(moi) et un point (a')(l'autre) figure cette relation.
L'autre avec un petit a est appelé aussi le petit autre, ou le semblable, ou l'autre semblable. 

Couper cet axe a ----- a' en son milieu par une barre verticale en pointillés de 4 cm

à sa base le point (A), qui figure l'Autre, ou grand Autre, le trésor des signifiants du sujet.

quand (a) parle avec (a'), il s'adresse à lui en tenant compte de ce qu'il imagine que (a') pense,

et quelque chose de (a') influence son discours, qui lui "revient" avec cette "charge" imaginée.
le trait (a) (a') est en fait une flèche a <---- a' , un axe appelé sur ce schéma "axe imaginaire".

mais l'autre, (a'), n'est pas le seul élément à influer sur la discussion de (a) avec (a'),

l'inconscient (ce qui vient de l'Autre) de celui qui se présente avec son moi, a, sans qu'il le sache,
un effet sur lui et donc on trace une flèche qui va de (A) sur (a) le moi A -> a' .
et un effet sur son discours :  une flèche qui part de (A) achoppe sur l'axe imaginaire.

Tout ce qui part de (A) reste inconscient pour le moi conscient du sujet. Mais ce quelque chose,

qui est là, peut l'influencer sans qu'il s'en rende compte (par exemple il peut faire un lapsus).
Aussi le trait plein qui part de (A) puis qui coupe l'axe imaginaire, se poursuit ensuite en pointillés,
pour aboutir au point (S), le Sujet,
 composé d'un (moi) sociétal conscient, ET  d'un inconscient qui "existe quelque part" .
Ce Sujet de l'inconscient, en S, est méconnu par le (moi) conscient du sujet en conversation mondaine.
 et il est encore plus ignoré de l'autre (a') de la relation, celui qui entend le discours.
Pourtant il peut, à l'occasion, si le premier fait par exemple un lapsus comme on l'a vu plus haut, 
percevoir que quelque chose s'est échappé là. Ce pourquoi on trace une flèche,
mais en pointillés, qui, partant de (S), atteint l'autre (a' )

 Les schémas et les formules de Lacan pour figurer ce qu'il explique aident certains 

à mieux comprendre les leçons. Mais pour d'autres, dont je suis, une fois que j'ai vu, étudié 
et compris le schéma, je me satisfais mieux de dire les choses ainsi par exemple : 
quand Castor et Pollux discutent ensemble et s'adressent l'un à l'autre, 
leur discours ne reflète pas entièrement leur pensée, parce que deux éléments influent sur cediscours :
- ce qu'ils imaginent sur l'autre fait retour dans ce discours en l'influençant,
- leur inconscient, qui ex-siste quelque part Ailleurs, peut soudain y causer un accident 
de langage en percutant le discours policé, et bousculer ce qu'il était censé maîtriser.

Sur le schéma tel que Lacan l'a dessiné, et tel qu'on le trouve en tapant "Lacan schéma L",

ce qui se présente comme base c'est la relation (moi)(a) <-- (A)utre, inscription du sujet à l'Autre,
à quoi j'ai fait faire 1/4 de tour à droite pour partir de la relation imaginaire entre le moi et l'autre.
(tout sujet se présente visiblement aux autres, en société, avec son moi sociétal, et inversement.)
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ce schéma rend compte de l'inscription du sujet à l'Autre : le rapport de parole virtuel,
constitué en début d'analyse,  quand le sujet reçoit de l'Autre son propre message, sous la forme
d'une parole inconsciente. Un message par lui profondément méconnu,
parce que déformé, arrêté, capté, "interdit" en somme,
car la relation imaginaire qui existe entre son moi(a) et l'autre(a') qui est son objet s'interpose.
Cette relation imaginaire entre le moi et l'autre, est essentiellement une relation aliénée,
qui interrompt, ralentit, inhibe, inverse, et de ce fait méconnaît profondément le rapport de parole
qui existe entre le sujet et l'Autre, ce "sujet par excellence" capable de tromper.

Des analystes font prévaloir la relation d'objet comme primaire, y recentrent
la dialectique principe-de-plaisir/principe-de-réalité, et fondent la progression analytique sur
une rectification du rapport sujet/objet considéré comme relation duelle qui serait
excessivement simple, et sur quoi se calquerait la relation analytique.

Cette relation du sujet à l'objet dans la théorie analytique,
c'est ce que nous allons mettre à l'épreuve en introduisant notre schéma ,
où la relation d'objet en son aspect duel est la ligne a ---- a' .

Un ouvrage collectif  récent montre cette clinique entièrement centrée sur la relation d'objet,
avec une monotonie et une uniformité frappantes, et des praticiens
qui tentent d'ordonner leur esprit autour de celle-ci, sans en retirer une pleine satisfaction.
Mais dès lors qu'on conçoit l'expérience dans un sens, on doit la mener dans le même sens,
car théorie et pratique analytique ne sont pas dissociables l'une de l'autre.)

Introduire la question de la relation d'objet nécessite de savoir ce que cette notion doit à Freud.
Le guide que nous nous imposons est de partir du commentaire freudien.Or la "relation d'objet"
 n'y figurant pas sous la forme de ce qui est affirmé plus haut. Nous partirons de ces textes, récents,
puis, en fin du séminaire, reviendrons aux positions freudiennes concernant la notion d'OBJET.

Nous avons rencontré, en trois ans d'analyse de textes, comment Freud aborde l'objet :
-> dans "Trois essais .." le dernier paragraphe s'intitule " la trouvaille de l'objet",
-> de plus il est question d'objet chaque fois qu'entre en jeu la notion de réalité,
-> et aussi dans l'ambivalence des relations fondamentales, quand le sujet se fait objet d'un autre,
ou qu'il est dans une relation où il y a réciprocité patente, constituante, grâce à un objet.

J'insiste sur ce fait que les relations à l'objet d'en face apparaissent sous ces trois modes.
Quelque chose en apparaît dans "L'Entwurf" (publié contre la volonté de Freud) puis dans
"Les trois essais .." chap.3, qui est que : pour l'homme, toute façon de trouver l'objet 
n'est jamais que la suite de la tendance à re-trouver un objet perdu. 
Rien à voir avec l'objet de la théorie moderne qui serait pleinement satisfaisant, typique, objet
 par excellence, harmonieux, et fonderait l'homme dans une réalité adéquate à la maturité génitale.
Freud, théorisant l'évolution instinctuelle à partir des 1ères expériences analytiques, indique bien
que le saisissement de l'objet se fait par la recherche de l'objet perdu, et que l'objet de la maturité
des instincts, c'est l'objet re-trouvé du 1er sevrage, des 1ères satisfactions infantiles.
Cette "répétition" instaure une discordance, et une nostalgie de l'objet perdu marque tout l'effort
de recherche, toute "retrouvaille" du signe de l'impossible, car cela ne peut pas être le même objet.
Ce processus induit une tension dans la relation sujet/objet, qui fait que ce qui est recherché
(une satisfaction passée et dépassée) ne l'est pas au même titre que le nouvel objet qui sera trouvé,
et qu'il est "trouvé" ailleurs que là où il est cherché.

Toute recherche de l'objet comporte ainsi un élément conflictuel qui introduit une distance.
C'est sous cette 1ère forme qu'apparaît la relation d'objet chez Freud.
 (rien à voir avec la notion d'objet adéquat attendu puis coopté une fois le sujet mature.)
Notion freudienne de re-trouvaille de l'objet perdu, du même registre que la notion platonicienne
de reconnaissance d'un objet "pré-formé", et celle de Kierkegaard d'une répétition, jamais satisfaite.

Freud situe d'emblée la notion d'objet dans un rapport conflictuel entre le sujet et son monde,
et une opposition entre le principe de plaisir et le principe de réalité s'incluant l'un l'autre :
le principe de réalité est constitué par ce que la satisfaction impose au principe de plaisir,
et inversement, il implique en lui la tension inhérente au principe de plaisir.
Pourtant il y a entre eux une béance : le pr. de plaisir tend vers une réalisation irréaliste,
le pr. de réalité implique que ce qui est saisi peut être fondamentalement différent de ce qui est désiré
C'est un rapport qui inclut dans la dialectique du sujet et de l'objet un 3ème terme irréductible.

De même que le sujet est voué, dans ses exigences primordiales, à un retour impossible,
de même la réalité est dans une opposition foncière avec le retour recherché par la tendance.
La satisfaction du principe de plaisir étant toujours sous-jacente à toute création ds le monde,
toujours sous-jacente au moi,
elle tend toujours plus ou moins à se réaliser, dans une forme plus ou moins hallucinée,
a toujours cette possibilité de se "satisfaire" dans une réalisation irréelle.

Les deux positions, distinctes l'une de l'autre,
 montrent que le développement ne peut pas être centré sur la seule relation d'objet.
Sauf dans les relation qu'on appelle aujourd'hui "prégénitales" qu'elle se soutient :
directement, et sans béance : voir/êtrevu, attaquer/être attaqué, actif/passif ....
 relations vécues sur un mode qui implique toujours, plus ou moins manifestement,
identification au partenaire, réciprocité, ambivalence entre position-du-sujet/position-du-partenaire.
Relation sujet/objet directe, sans béance, de l'un à l'autre et de l'autre à l'un,
littéralement d'équivalence et de réciprocité : en miroir. J'ai introduit le stade du miroir
dans la théorie analytique comme ce moment où l'enfant reconnait sa propre image,
sans que ce soit connoté à un phénomène développemental.
Il illustre le catactère conflictuel de la relation duelle, du fait que tout ce qu'apprend l'enfant
dans cette captivation par sa propre image
c'est la distance entre ses tensions internes et l'identification à cette image.
Cette mise au 1er plan de la relation sujet/objet n'est pas une raison pour la prendre comme échelle
phénoménale de tout conflit dans une dialectique entre les deux termes.

La mise en valeur du conflit conscient/inconscient, du fait que ce que cherche la tendance est obscur,
et que la conscience méconnaît avant de reconnaître, a été remplacée par un recentrage
sur un objet terminal, idéal, adéquat comme aboutissement (voir K Abraham..)
(alors que nous nous partons en arrière pour comprendre comment s'atteint un point "terminal" ..
 jamais observé dans la réalité, puisque l'objet idéal est littéralement impensable.)
Ces analystes travaillent à une normalisation du sujet, ce qui d'ailleurs introduit des catégories
étrangères au point de départ de l'analyse) L'accent y est mis sur un retour à une position objectivante
 de l'individu dans sa relation à son environnement, et que c'est cela qui serait significatif
ds l'observation du petit Hans : la psychanalyse comme une sorte de remède social en somme,
avec la structure du moi représentante des étapes de la maturation instinctuelle,
un moi mis au centre de l'analyse,
des objets (les prégénitaux, moi faible, besoin incoercible et illimité, pulsions à l'aspect destructif,
 et les génitaux avec un moi dont la force dépend d'aucun objet significatif.
Liquidation des conflits infantiles, adaptation heureuse au monde, personnalité harmonieuse,
limpidité cristalline de l'esprit, pulsions tendres, aimantes, désinteréssées etc..
voilà pour eux la relation d'objet génitale. Textes de véritables chieurs de perles,
avec une conception primaire de la notion analytique d'évolution instinctuelle (Glover, par ex)
Ce qui ouvre la grave question de l'issue d'une enfance, d'une adolescence, d'une maturité "normale".
 De plus, concernant cette notion d'objectiité : il ne faut pas confondre  l'établissement de la réalité,
et ce qui est visé dans ces textes sous les termes d'objectivité et plénitude de l'objet.
Il y a confusion : l'objectivité est présentée comme ce qui caractérise la relation à l'autre
dans sa forme achevée, alors qu'il y a une différence entre ce qu'implique telle construction du monde
 à telle époque déterminée, et la relation à l'autre dans son registre affectif,
tenant compte des besoins et bonheurs de l'autre.
L'analyse introduit une notion de l'objet bien différente d'un pur et simple correspondant du sujet,
avec cooptation entre un objet et la demande du sujet.
La constitution de l'autre en tant qu'il parle, qu'il est un sujet, porte beaucoup plus loin.

L'objet, c'est ce qui sert à parer au fond fondamental d'angoisse
qui caractérise le rapport du sujet au monde.
L'objet est à placer sur fond d'angoisse : c'est ce qui caractérise, à chaque étape, le sujet.
 J'illustrerai cela avec la conception freudienne, classique, fondamentale, de la phobie,
dont l'étude montre qu'il n'y a aucun rapport direct entre l'objet primitif
et la prétendue peur qui le marque : au contraire, il y a une distance fondamentale
entre cette peur qui peut être (ou pas,suivant le cas) primitive, et l'objet constitué dans la phobie
 pour la tenir à distance en enfermant le sujet à l'abri de ses remparts.
Cet objet est lié à un signal d'alarme,
il est un poste avancé contre une peur qui lui donne un rôle à un moment de crise.

Glover a fait prévaloir une notion moderne de la phobie. Il ne conteste pas l'angoisse de castration.
Mais ce désir de reconstuire les choses dans le sens génétique,
de réduire la construction de l'objet paternel à partir de constructions phobiques objectales primitives !
C'est un renversement de ce qui lie la phobie à l'angoisse
ce qui établit une fonction de protection au moyen d'un objet phobique.
Et le fétichisme ! Lui aussi remplit une fonction de protection contre l'angoisse de castration liée
à la perception de l'absence d'organe phallique chez le sujet féminin, et la négation de cette absence,
 qui fait que l'objet a une fonction de complémentation
par rapport à ce qui se présente comme un abîme dans la réalité.
Pour savoir ce qu'il y a de commun entre objet phobique et fétiche à partir de la relation d'objet,
on se demandera ce qu'est l'objet typique, idéal, fonctionnel,
ou les formes d'objets supposables chez l'homme.
Et pas se contenter d'explication uniforme pour des phénomènes différents,
 mais faire la différence entre la fonction d'une phobie et celle d'1 fétiche,
toutes les deux sur fond d'angoisse fondamentale, 
toutes les 2 appelées comme protection du sujet.
Ce sera mon point de départ.
Car il ne suffit pas de parler d'un objet en général, qui pourrait par on ne sait quelle communication
magique régulariser toutes les relations, comme si arriver à l'être génital résolvait toutes les questions.

Ce qui peut faire "objet" pour un génital, biologiquement, est aussi énigmatique que
tout objet de l'expérience humaine. Une pièce de monnaie, par ex, a valeur objectale :
car la perdre en tant que moyen d'échange nous amène à la question du fétiche.
Objet-fétiche, objet-écran, donc en rapport avec la constitution de la réalité telle que Freud l'a mise
en lumière de façon saisissante, avec la notion de souvenir-écran constituante du passé de tout sujet.
Pour introduire ce thème de la phobie et du fétiche, nous allons commencer
par le rapport entre l'usage général du mot fétiche et son emploi dans les perversions sexuelles :
retour à l'expérience pour donner sa véritable valeur au terme de relation d'objet.


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Dans son édition J.A.M. a découpé les séminaires, et donné des titres à chaque partie.

"LA RELATION D'OBJET" est subdivisé en 5 Parties :


     - Théorie du manque d'objet  (dont ns venons de voir la leçon 1 intitulée "Introduction")
     - Les voies perverses du désir (leçons VI à VIII.)
     - L'objet fétiche (IX à XI.)
     - La structure des mythes ds l'observation de la phobie du petit Hans ( XII à XXIII.) 
     - Envoi (leçon XXIV.)

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La deuxième leçon du séminaire est intitulée par JAM 
et se trouve dans le blog sous le titre :
Les trois formes du manque d'objet

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mercredi 21 septembre 2011

3 ème séance : Avant d'aller plus loin.



La Gradiva, celle qui marche.
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