vendredi 25 octobre 2013

11. Il paraît que mes pieds sont noirs.


Aux temps lointains de mon année de licence en psychologie 
nous avions eu un professeur qui, pour nous faire entendre les concepts psychopathologiques
de "projection/paranoïa/idéal du moi", nous avait montré à quel point les formations politiques
"écologistes" et "front national" étaient dans les mêmes mécanismes d'exclusion et de purification,
la haine n'étant pas l'apanage d'un groupe, mais bel et bien ce qui est partagé par tous,
comme mécanisme constitutif du psychisme, diversement déplacé ensuite.
Proférant ".. si nous ne sommes pas capables d'intégrer quelques dizaines de milliers de Roms 
alors que nous avons intégré en 62-63 un million de pieds-noirs .."  Eva Joly
nous fait l'éclatante démonstration qu'elle est ni plus ni moins que dans un délire de préférence,
nationale ou pas-nationale, au choix.
Je pourrais choisir une photo où elle est à son désavantage, elles ne manquent pas,
je préfère celle-ci où elle pose, satisfaite de se penser du coté du Bien et de l'énergie propre,
et parée des couleurs censées les représenter. 
Pourtant elle aussi est du coté du sale, en tant femme qui peut assassiner : en vert, avec le sourire,
vert-tueuse.
Eva Joly en fer-et-noir

Comment elle ou ceux qui écrivent ses discours en sont-ils venus à associer "pied-noirs" à "roms" ?
dans quelle chaînes signifiantes, dans quel imaginaire se sont-ils déplacés,
 pour y sélectionner ce qui ne fait sens que pour eux ?
Nous pouvons nous en approcher en entrant dans "la mouvance de la lettre",
chacun avec nos propres signifiants.
Pour ma part, ce qui fait pivot c'est "sale pied-noire" tombant sur l'enfant hébétée que j'étais alors.
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mardi 22 octobre 2013

10. Monsieur Hollande devrait relire (ou lire ?) les mythes qui, dit Jacques Lacan, "'donnent du sens aux rapports entre l'homme et le monde"'.


illustration des Provensen pour «L’Iliade et l’Odyssée, récit
de la guerre de Troie et des fabuleuses aventures d’Ulysse». Ed. Cocorico 1957 -bibliothèque Vert et Plume-

C'est un jalon, que je pose, là, avec cette référence aux mythes et aux dieux,
pensant à l'Oedipe de Sophocle (où il s'agit d'accepter le "non" du Père pour avoir un nom).
En effet, en ce point de ma réflexion, pas synthétisée encore,
sur l'affaire qui a fait se précipiter François Hollande, président de la république,
dans les studios de télévision pour dire ... rien ,
j'en suis à laisser tournoyer des associations d'idées autour des thèmes de la loi
(les lois juridiques de la société civile, et la Loi symbolique, et ceux qui, ces lois,
les portent, les incarnent, ou les transmettent, ou s'en défont, ou les ignorent),
et de la circulation des mythes, ces histoires qui romancent ce qui est "impossible à dire".

Outre des considérations sur la structure ou le désir qui ne seraient qu'extrapolations hasardeuses,
outre ce symptôme qu'il donne à voir, d'annulation systématique de l'acte qui le ferait sujet,
son discours nous incite à un questionnement sur le rapport aux lois, et à la Loi.
- rapport que beaucoup repèrent, catastrophés, et qualifient : j'ai lu un terrible "poulet-sans-tête"
- rapport qu'il me semble possible de relier (dans cette optique du rapport à la loi, du rapport aux
mythes que certains disent "fondateurs"), à ce qui nous a préoccupés à l'occasion de l'autre affaire
qui a secoué l'opinion publique, aux conséquences sans commune mesure,
mais avec le même spectacle navrant de décideurs pataugeant, celle du mariage homosexuel.

Ce qui relie ces deux affaires c'est que toutes deux illustrent déni et effacement :
déni de ce que l'humanité repose sur la différence des sexes (alors que ce qui caractérise la
psychanalyse c'est la prise en compte de la différence des sexes et des générations)
(voir ma rubrique "société civile", le texte de Daniel Pendanx inspiré des travaux de Legendre)
effacement de l'histoire, des mythes des origines pourtant constitutifs du fait humain,
dont Lacan dit qu'ils "donnent du sens aux rapports entre l'homme et le monde",
dont Legendre dit qu'ils font "tenir la société .. elle-même faisant tenir les individus qui passent ..
 .. muant le vide en scène de l'origine, agençant la dialectique des deux termes qui soutiennent la vie
 (naître et mourir), c'est à dire le principe générationnel de l'humanité".

Il me semble opportun de rapprocher ces réflexions
d'une part sur l'appui structurant qui naît d'un adossement à l'histoire et aux origines (historisation)
et d'autre part sur l'atterrant spectacle de ce pouvoir qui donne à voir, pathétiquement,
et la cause, et le résultat d'un projet d'effacement des différences => déni de la différence
sexuelle, dont la mise en oeuvre dans l'école frise le délire, et par contre-coup de la différence
générationnelle, dont on a l'éclatante démonstration dans cette adresse directe, court-circuitant
l'autorité parentale, d'un président de la république proposant un plan à une fille mineure),
 d'effacement de l'histoire, par omission ou falsification,
d'effacement  des mots de la langue.
Bref, de nous "déconstruire" sur ordonnance.
Il se révèle incapable de nous faire tenir ensemble dans un cadre législatif en appui sur nos qualités
d'êtres humains structurés par le symbolique -le langage- lui-même en appui sur les différences
des sexes et des générations.

(Ma répétition du mot "appui", ainsi que mon choix du mot "adossement", dans ce dernier paragraphe
où je tente un rassemblement des idées qui me sont venues après le discours sans direction de
François Hollande, ne sont pas anodins).

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samedi 19 octobre 2013

Apprivoiser les écrans.


     Je reçois ceci de "Les éditions érès", qui me paraît intéressant et très utile :
          "Les usages des écrans ne peuvent pas être les mêmes à chaque étape de la vie .. 
confrontés aux propositions des industriels et aux exigences de leurs enfants, 
les parents ne savent sur quelles règles se baser .. L’ouvrage de Serge Tisseron  
"3-6-9-12 Apprivoiser les écrans et grandir"  répond aux questions les plus urgentes. 
Son but est de fixer des limites à la consommation des écrans : 
dont la stigmatisation serait aussi absurde que l'idéalisation .. alors qu'une utilisation optimale,
et en éviter les pièges .. c'est apprendre à s'en protéger tout en les utilisant pour renouveler le monde".

Le livre : Collection « 1001 et + » 11,5 x 20 – 136 pages – 10 €) 
Une affiche reprend la règle établie par Serge Tisseron pour un usage raisonné des écrans, 
de la naissance à la majorité. Vous pouvez exposer cette affiche dans votre institution, cabinet, école, crèche .. 
où cela vous paraît utile. 59 x 84 cm (A1) - 3 € (frais de port offerts) Disponible sur le site des éditions érès 


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lundi 14 octobre 2013

9. Ça peut toujours s'en aller, ça reviendra dans le discours.


        Mon dernier article faisait état du discours de la ministre Carlotti qui, forte de se faire un tremplin de la puissance d'une Hautotorité dont elle a plein la bouche , groupe d'experts à sa botte sélectionnés pour ne représenter qu'eux-mêmes et leurs clients, nous a gratifiés des mots du fascisme (celui de gauche n'ayant rien à envier à celui de droite) et de l'intimidation pour dire comment effacer du paysage français la psychanalyse et les psychanalystes.
         Rappel : " (il y a des) méthodes recommandées .. et n'auront les moyens pour agir que (ceux) qui travailleront dans le sens où nous leur demandons de travailler." (**

         En même temps qu'elle exerce la vertigineuse puissance de balayer l'autre psychanalyste, de lui intimer l'ordre, sous peine de graves rétorsions, de se soumettre et de disparaître, elle se trouve dans le cas de figure singulier de "se faire" élire, choisir, parmi d'autres et par les autres, d'être préférée, adoubée, acclamée pour ce qu'elle est et ce qu'elle fait.
         Elle est balayée comme un fétu. 
       Ainsi renvoyée dans les décors, c'est dans l'urgence d'une blessure qu'elle parle : elle s'avoue incapable d'imaginer autre chose qu'une coalition contre elle, et lance un appel.
     Et le psychanalyste -qui est toujours là- de s'émerveiller, encore, encore, et encore, que le Réel (de la trilogie Réel/Imaginaire/Symbolique) ex-siste, que l'inconscient, toujours, toujours, toujours, expulse ses rejetons ("formations" qui le rendent approchable) dans le dire. Car il y a dans ce discours quelque chose de l'ordre de "moi, la vérité, je parle", la vérité du sujet dépendant du signifiant, de l'équivocité du signifiant qui signe que "faire" c'est aussi "se faire" ..
          vérité qui n'est pas celle des comportementalistes, ni celle des cognitivistes (détrônés par les premiers qui rêvent de faire pareil avec les psychanalystes) qui eux s'attachent aux phénomènes (de l'éviction manu-militari, en l'occurrence).   

          Le psychanalyste qui évalue (oui oui) ce qui dans la parole ressortit d'un Autre discours, ne peut que tomber en arrêt (en pâmoison même, si on n'a pas peur de faire état de sa jouissance) en entendant madame la ministre nommer ce qui la faite chuter clientélisme, puissance, sentiment d'impunité, intimidationorganisation paramilitaire et en appeler (délice des délices pour qui qui navigue dans le langage) à une Haute Autorité (des primaires socialistes !) pour qu'Elle recalcule les comptes (de campagne) car il lui semble que tout cela n'a pas été fait dans une entière légalité .. 

  Il y a dans cet appel à une Instance Autre que le vote de petits autres pas gentils avec elle,
à une Hautorité qui lui accorderait sa faveur rien que parce que c'est elle,  Marie-Arlette, 
un pathétique retour.

  En tant que femme politique, décisionnaire, je me permets de la critiquer et même la vilipender.

                En tant qu'être humain montrant là sans fard et sans calcul, 
dans l'urgence de sa blessure, que comme moi, comme chacun d'entre nous,  
elle est un parlêtreun sujet de l'inconscient humain habité par le signifiant
elle a toute ma sympathie.

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jeudi 10 octobre 2013

8. L'instrumentalisation du langage qui nous éloigne de notre histoire.

Moïse sur le mont Nebo

Dans une lecture que je fais en ce moment,
qui est L'expérience d'une psychanalyse de Ignacio Garate Martinez,
j'ai relevé ce matin un passage, ou plutôt une remarque, dans un phrase, un simple rappel en fait,
mais qui m'a renvoyée à ma réflexion du moment sur la mise en oeuvre du traitement des mots
par les pouvoirs totalitaires qui veulent se débarrasser d'un opposant "pas dans la ligne" :
ils commencent par le supprimer .. dans leurs discours.
Sauf que l'histoire ne peut s'arrêter là, parce que :
1/ la chose qui a un jour été nommée vit pour toujours,
2/ le pouvoir qui pense s'en débarrasser en l'éradiquant des discours qu'il contrôle,
des discours qu'il fait tomber sur le peuple pour "restreindre les limites de sa pensée" (Orwell)
et en l'occurrence par "réduction programmée de la sphère langagière" (Dubuis-Santini)
va finir par vouloir se débarrasser de la parole qui porte ces mots,
 puis de ceux mêmes qui portent cette parole.
Ainsi en va-t-il du fascisme : les mots d'abord, les hommes et les femmes ensuite.
Cette idée est très bien évoquée dans l'article sur la suppression du mot "vin" :
".. interdire son évocation, harceler les vignerons via l'administration, 
traiter le vin comme du poison, ceux qui le font comme des dealers, 
et ceux qui en parlent comme des dissidents".
Ou dans le discours sur le plan autisme qui éradique les mots "psychanalyse" et "psychothérapie"
pour énoncer très tranquillement que les opposants perdront statut social et subsistance :
"(il y a des) .. méthodes recommandées .. et n'auront les moyens pour agir 
que (ceux) qui travailleront dans le sens où nous leur demandons de travailler."
(chaque fois que je lis cela, madame Carlotti, je me pince)

La volonté de mise à l'écart de la psychanalyse,
comme celle de l'histoire, de la philosophie, des langues anciennes,
revient à supprimer ce qui, de fait, touche à la mémoire, à l'histoire et à l'origine de l'homme.

Avec "L'expérience d'une psychanalyse" Ignacio Garate Martinez,
nous instruit sur le trajet de la nomination, de la transmission d'un nom, des valeurs
 et de la culture qui jalonnent l'histoire de chacun et l'inscrivent dans une lignée.
A contrario nous vivons aujourd'hui sous l'égide d'une "modernité" qui tente de supprimer
 la fonction paternelle, la différence des sexes, et les mots qui les évoquent,
sous l'égide d'une culture de la consommation qui prône de faire usage de tout possible.
(ce pourquoi le DSM supprime névroses/psychoses/perversions, structures du MANQUE,
au profit des TIC TAG TOC d'une horloge sans pendule, de symptômes du DEFICIT,
 sériés et endormis à coups d'antidépresseurs par généralistes interposés).

La phrase qui m'a amenée à associer sur l'instrumentalisation des mots est celle-ci :
"L'expérience du texte et le travail sur la lettre sont soumis à la raideur du narcissisme
( dont il ne faut pas oublier qu'il nous tient ensemble )
qui parfois mousse, et quitte le domaine de l'acte, et fugue,
pour éteindre la brûlure d'un autre texte en souffrance.
Il y a là le rappel que le travail du psychanalyste, sur la lettre, est comme toute action humaine
soumis à un déterminisme inconscient, cet "autre texte en souffrance", qui le colore et l'infléchit.
Et il y a la référence au narcissisme assortie du rappel de sa positivité,
qui est que : c'est un processus nécessaire dans la construction du psychisme.

Or le sort que subit ce mot, après un détour outre-atlantique, le ravale à une négativité.
Pour faire "nouveau", pour "vendre" des études à tire-larigot, Freud est ringardisé,
(ce n'est pas le pire) et il est diabolisé (ce qui, quand on est un anglo-saxon à l'esprit mal placé,
consiste à l'associer, sans nuance aucune, avec ce qui a trait à la sexualité génitale).
C'est ainsi que le narcissisme, processus indispensable à la construction psychique,
a laissé place à une étiquette : le "narcissique", et, pour bien évacuer le sens de l"ancien" mot,
le mot "pervers" est systématiquement accolé :
Adieu le narcissisme freudien, ses bons et loyaux services,
bonjour les pervers narcissiques dont strictement personne ne réussit à donner une définition,
que strictement personne ne réussit à cerner, et pour cause :
son élaboration repose sur un postulat tordu, aussi biaisé que celui des "gender theory".

Voilà pour mes associations concernant l'instrumentalisation fasciste de la langue.

Comme d'habitude, à partir des premiers mots j'ai tiré des fils et me suis laissée entraîner.
Ces premières réflexions jetées ici nécessitent une relecture, une synthèse et un bouclage,
qui viendront quand ils viendront.

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