lundi 10 octobre 2011

Sém. IV : II, 7. "On bat un enfant" et La jeune homosexuelle.


                 Séminaire IV sur LA RELATION D OBJET ET LES STRUCTURES FREUDIENNES
1 ère partie : THEORIE DU MANQUE D OBJET
                      1. introduction
                      2. les trois formes du manque d'objet
                      3. le signifiant et le saint-esprit
                      4. la dialectique de la frustration
                      5. de l'analyse comme bundling et ses conséquences.
2 ème partie : LES VOIES PERVERSES DU DESIR
                       6. Le primat du phallus et La jeune homosexuelle
                 7. "On bat un enfant" et La jeune homosexuelle.





Nous avons tenté de résumer le cas d'homosexualité féminine présenté par Freud, et ébauché sa
structure. Le cas pourrait n'être que pittoresque, mais il faut poursuivre cette analyse structurale
aussi loin que possible, dans l'intérêt de la psychanalyse. Notre effort vise à répondre aux manques, 
de la théorie analytique. Lisez les propos de Mlle Anna Freud et Mme Mélanie Klein.
Sans soute Anna Freud a mis beaucoup d'eau dans son vin depuis,
     mais elle a fondé son analyse des enfants sur ce genre de remarques : 1) Les enfants étant encore inclus dans la situation créatrice de la tension névrotique, il ne peut pas y avoir à proprement parler transfert, névrose de transfert. 2) Les enfants étant encore en rapport avec les objets de leur
attachement inaugural, l'analyste a à intervenir entièrement sur le plan actuel, et 3) l'enfant
étant dans un rapport à la parole différent de celui de l'adulte, il doit être aidé au moyen du jeu.
Mélanie Klein quant à elle dit que rien n'est plus semblable à l'analyse d'enfant qu'une analyse
d'adulte, et que même à un âge précoce, ce dont il s'agit dans l'inconscient n'a rien à voir avec les
     parents réels, c'est une dramatisation profondément étrangère à l'actualité de la relation familiale Ainsi un sujet élevé comme unique par une vieille tante et loin de ses parents n'a pas moins
reconstitué tout un drame familial avec père, mère, frères et soeurs rivaux etc.. et 
donc ce dont il s'agit dans l'analyse n'est pas dans un rapport pur et simple avec le réel
mais s'inscrit d'ores et déjà dans une symbolisation.
Ces affirmations reposent sur son expérience, transmise dans des observations poussant parfois
les choses à l'étrange : voyez ce creuset de sorcière, de devineresse, au fond duquel s'agitent
dans un monde imaginaire global (l'idée de contenant du corps maternel
tous les fantasmes primordiaux présents dès l'origine, tendant à se structurer dans 
un drame apparemment préformé, et toute cette machine demandant pour se mouvoir 
que surgissent les instincts les plus agressifs. Fantasmagorie tout à fait adéquate aux données
uniques maniées par M. Klein, dont nous ne pouvons pas éviter de nous demander en présence
de quoi nous sommes, et que veut dire cette symbolisation dramatique qui se comble à mesure
qu'on remonte plus loin, qu'on approche de l'origine, avec un complexe d'OEdipe déjà là,
articulé, prêt à entrer en action. 
Cela mérite qu'on pose la question qui rejaillit partout, et que nous allons retrouver sur le chemin
par lequel j'essaye de vous mener pour l'instant, la question de la "perversion".
Question sur laquelle on entend des voix discordantes :
Les uns croient suivre Freud en revenant à la notion de fixation sur une pulsion partielle
qui traverserait indemne tout la dialectique de l'OEdipe sans rien subir des avatars qui tendent à
réduire les autres pulsions partielles, pour les unifier dans un mouvement aboutissant à la
pulsion génitale, idéale, unifiante. Mais la perversion accident dans l'évolution des pulsions, ou
la perversion comme négatif de la névrose, est une entité où la pulsion n'est pas élaborée.
D'autres, avertis par l'expérience, tentent de montrer que la perversion n'est pas cet élément
pur qui persiste, qu'elle fait partie de ce qui s'est réalisé à travers les crises, fusions, défusions
dramatiques que traverse une névrose, a les mêmes rythmes, les mêmes étapes, la même
richesse dimensionnelle. Quant à la perversion comme négatif de la névrose, ce qui ressort de l'analyse centrée sur la réduction des défenses c'est la perversion comme érotisation de 
la défense. Fort bien,  mais POURQUOI ? d'où vient cette érotisation, ce changement de qualité, 
de satisfaction libidinale ?  Cela n'est pas pensé.

Freud, en fait, nous a donné une notion à élaborer.
sa formule "la perversion comme négatif de la névrose" n'est pas à entendre simplement comme
le fait que ce qui est caché dans l'inconscient, quand nous sommes en présence d'un cas
névrotique, serait dans la perversion à l'état libre, à ciel ouvert. C'est une formule resserrée 
comme souvent chez lui, dont notre analyse doit donner le sens véritable. Nous allons voir
comment il conçoit le mécanisme qualifiable de pervers, voire d'une perversion catégorique, 
pour enfin apercevoir ce qu'il veut dire quand il donne cette formule.
Dans "Contribution à l'étude de la genèse des perversions sexuelles" son attention porte
sur une phrase dont il fait son titre, directement extraite de la déclaration de malades abordant
le thème de leurs fantasmes sado-masochistes quel que soit leur rôle dans tel cas particulier.

Son étude porte sur six cas de névrose obsessionnelle, quatre femmes, deux hommes, et il y a
derrière son expérience d'autres cas dont il n'a pas lui-même une aussi grande compréhension.
Comme le résumé d'une masse considérable d'expériences, et la tentative de l'organiser.
Quand le sujet met le fantasme en jeu dans le traitement il est très imprécis, il répond très
difficilement aux questions et marque une sorte d'aversion, vergogne, honte. Les pratiques masturbatoires plus ou moins associées à ces fantasmes n'entraînent pas de culpabilité, mais
il y a de très grandes difficultés dans la formulation des fantasmes, il y a un écart entre
l'usage fantasmatique/imaginaire des images, et leur formulation parlée. Ce comportement
marque que jouer mentalement du fantasme n'est pas du même ordre que d'en parler.

Freud livre son expérience sur ce fantasme énoncé par les sujets dans la formulation 
" On bat un enfant "
Je vous ai engagés sur ce chemin à partir du cas de la jeune homosexuelle. La progression 
de l'analyse révèle que ce fantasme s'est substitué, par 1 série de transformations, à
 d'autres fantasmes, qui ont eu un rôle à un moment de l'évolution du sujet. Dans leur
structure on reconnait -si on ouvre les yeux- des éléments manifestes, au moins sur la
dimension de structure subjective. Situer à quel niveau de la structure subjective ont lieu
les phénomènes éclaire ce qui dans la théorie peut faire ambiguïté, impasse, voire antinomie.
Trois étapes se scandent, nous dit Freud, dans l'histoire du sujet,
à mesure que cette histoire s'ouvre sous la pression analytique qui permet  retrouver l'origine du fantasme "On bat un enfant". Pour des raisons qu'il précisera ensuite, et sur lesquelles nous
reviendrons aussi, il se limite à ce qui se passe chez les femmes : à l'analyse, le 1er fantasme
retrouvé prend la forme "Mon père bat un enfant que je hais", et apparaît plus ou moins lié
à l'introduction d'un frère ou d'une soeur, rival qui se trouve à un moment, par sa présence et les
soins qui lui sont donnés, frustrer l'enfant de l'affection des parents, et dans nos cas (fille,
à un moment où le complexe d'OEdipe est déjà constitué, et la relation au père instituée) tout
spécialement du père. La présence du père dans les fantasmes primitifs n'est pas sans rapport
avec le fait qu'il s'agisse d'une fille, comme nous le verrons.

L'important, c'est que nous touchons là une perspective historique rétroactive :
Le sujet formule et organise une situation primitive dramatique 
à partir du point où nous en sommes dans l'analyse, 
d'une façon qui s'inscrit dans sa parole actuelle et son pouvoir de symbolisation présent.
 Ainsi se retrouve, par le progrès de l'analyse, 
ce qui se présente comme la chose primitive, l'organisation primordiale la plus profonde.
Je surligne ce passage pour m'en servir dans la rubrique "séance après séance"
dans la séance intitulée "Tu peux s.."ortir du labyrinthe.

La situation fantasmatique comporte trois personnages :
Le sujet
l'agent du châtiment
celui qui subit un châtiment enfant que le sujet hait, que le châtiment déchoit de la préférence
parentale, ce qui a pour résultat que le sujet se sente lui-même privilégié.
et triple dimension, triple tension : 
rapport d'un sujet à deux autres (un objet 1er et un objet 2nd)
et  un rapport entre les 2 autres objets qui motive quelque chose chez le sujet. 

 Le scénario Mon père bat mon frère ou ma soeur, pour que je ne croie pas qu'il les préfère.
révèle une causalité, une tension, une référence au sujet,
C'est aux yeux et en faveur du sujet que l'objet1 agit sur l'objet2, pour faire savoir au sujet qu'on
lui donne la préférence [c.à.d.l'amour]. Dc une sorte de peur, de tension, est en avant de cela,
une anticipation (dimension temporelle) comme moteur à l'intérieur de la triple situation.
Et il y a référence au tiers qu'est le sujet parce que c'est lui qui doit déduire quelque chose du
comportement de l'objet1 sur l'objet2. L'autre (objet2) est l'instrument d'une communication entre
2 sujets (communication d'amour) puisque c'est à ses dépens que le sujet reçoit l'expression de
son voeu, de son désir d'être aimé. La préférence est le signe que le sujet est aimé.
On est donc avec ce fantasme dans une formation déjà dramatisée, réactionnelle, venant après
une situation d'intersubjectivité complexe, avec ses scansions et ses références temporelles.
L'introduction d'un second sujet est nécessaire dans le fantasme :
un médium, un ressort est nécessaire pour ce qui est à franchir d'un sujet à l'autre.
Nous sommes devant 1 structure subjective pleine, établie dans le franchissement achevé d'1 parole.
Le point important n'est pas tant que la chose ait été parlée, 
mais que la situation ternaire, instaurée dans le fantasme primitif, 
porte en elle la marque de la structure intersubjective qui constitue toute parole achevée.

Par rapport à cette 1ère étape, la 2nde est réduite à 2 personnages. Freud la reconstruit car elle
est indispensable pour saisir la motivation de ce qui arrive dans l'histoire du sujet. Elle produit
le fantasme "Moi je suis battu par mon père", centré sur un rapport duel sujet/agent batteur.
Le 1er fantasme avait un sens, son schéma peut se flécher. Dans celui-ci aucune motivation
n'apparaît, on ignore dans quelle mesure le sujet participe à l'action, de quoi elle résulte. 
Le rapport duel dans le fantasme2 met un sujet dans une position exclusive avec l'autre, grâce
à l'indication que le sujet est battu. Mais la dualité posant la question de la réciprocité,
 on peut imaginer dans l'acte d'être battu  la possibilité d'un élément peut-être teinté d'érotisme.
C'est ce genre d'ambiguïté qui caractérise le sado-masochisme, l'essence du masochisme,
 le moi est très fortement accentué.
A l'étape précédente la situation était structurée : ni sexuelle, ni spécialement sadique.
Elle contenait toutes les virtualités, toutes sortes de traits étaient en puissance.
 La 2nde étape précipite vers un sens (un bat un autre) mais la dualité rend ce sens ambigu.
Le rapport duel contient la problématique du ou bien ou bien, et il est aussi susceptible 
de la réciprocité que toute relation duelle soulève sur le plan libidinal.
Cette étape est si fugitive, nous dit Freud, que d'une part nous sommes souvent forcés de la
reconstruire, mais aussi la situation se précipite dans la 3ème étape extrêmement vite.

Au 3ème temps le sujet se retrouve apparemment comme au 1er : en position tierce, réduit 
au point extrême de pur et simple observant. Après la situation intersubjective 1ère et sa tension
temporelle, puis la situation duelle et réciproque, retour à une situation désubjectivée dans
le fantasme terminal "On bat un enfant".
Le "on" remplace vaguement la fonction paternelle, mais en général on ne reconnait pas le père,
plutôt un substitut. D'autre part Freud a voulu respecter la formule du sujet, mais ce "un enfant"
a le sens de "plusieurs", n'importe lequel. Le fantasme le fait éclater en le multipliant, montrant
par là la désubjectivation essentielle produite dans cette relation. Désubjectivation radicale de
toute la structure, où le sujet est réduit à l'état de spectateur : oeil, ou ce qui caractérise toujours,
au point de réduction dernier, toute espèce d'objet. Il faut, pour le voir, pas forcément un sujet,
mais au moins un oeil, oeil qui peut n'être qu'un écran sur lequel est institué le sujet.




Sur le schéma la relation imaginaire, plus ou moins fantasmatisée, s'inscrit entre a-à, dans le rapport
plus ou moins marqué de réciprocité, de spécularité, entre le moi et l'autre. 
L'élément dont nous parlons ici est à placer sur la ligne S-A où prend place la parole inconsciente,
celle qui est à retrouver à travers tous les artifices de l'analyse du transfert du sujet.

Diverses formules mettent en valeur, d'1 façon ou d'1 autre, un accent de cette relation dramatique.
"Mon père, en battant un enfant qui est l'enfant que je hais, me manifeste qu'il m'aime" ? ou
 "Mon père bat un enfant de peur que je croie que je ne suis pas préféré" ou toute formule.
Cela ne se présente pas ainsi dans la névrose, c'est comme exclu. Pourtant ses évolutions se 
manifestent dans tous les symptômes constitutifs de la névrose, qu'on peut retrouver dans
cet élément du tableau clinique qu'est le fantasme.
Comment se présente-t-il ?
Il porte en lui le témoignage, encore très visible, des éléments de la parole, articulée 
au niveau de ce "trans-objet" qu'est le gd Autre, lieu où s'articule la parole inconsciente,
le S en tant qu'il est parole, histoire, mémoire, structure articulée.

Nous pouvons maintenant dégager une propriété de la perversion, plutôt du fantasme pervers.
Une réduction symbolique a éliminé progressivement tout ce qui est subjectif dans la situation,
il ne subsiste qu'un résidu, lui-même entièrement désubjectivé. Mais ce résidu garde en lui
-mais inconstituée, non révélée, non assumée par le sujet- toute la charge de ce qui est dans
l'Autre : la structure articulée où le sujet s'engage. Avec une consistance énigmatique.
Au niveau du fantasme pervers tous les éléments sont là, mais tout ce qui fait signification,
et qui constitue la relation intersubjective, est perdu. Restent des "signifiants à l'état pur"
qui se maintiennent sans elle, une objectivation des signifiants de la situation, vidés de leur sujet. 
Ce qui s'indique ici d'une relation structurante fondamentale de l'histoire du sujet au niveau de
la perversion, est à la fois maintenu, contenu, mais sous forme d'un pur signe.

Cela diffère-t-il de de ce que nous retrouvons au niveau de la perversion ? Du fétiche, qui a
un rapport avec cet au-delà, jamais vu (et pour cause) : le pénis de la "mère phallique".
Souvent le sujet fait un lien, après un bref effort analytique, dans les souvenirs qui lui sont
accessibles, à une situation précise : l'enfant s'arrête -c'est son souvenir- dans son observation
au bord de la robe de sa mère. Comme dans le souvenir-écran, ce moment où s'arrête la
chaîne de la mémoire. Dans notre cas elle s'arrête en effet, là, au bord de la robe qui arrive à
la cheville, là où commence la chaussure : c'est bien pourquoi celle-ci peut dans certains cas
particuliers mais exemplaires, prendre la fonction de substitut de ce qui n'est pas vu, et que
le sujet formule comme étant, pour lui, ce que la mère possède. A savoir le phallus. Imaginaire
 sans doute, mais essentiel à ce qui la fonde comme mère symboliquement phallique.

Le fantasme est qq chose de cet ordre, il fixe et réduit à l'état d'instantané le cours de la
mémoire : arrêt en un point qui va être souvenir-écran. Un mouvement de camera balayant
rapidement, qui tout d'un coup s'arrête en un  point, figeant tous les personnages. Une scène 
pleine, signifiante, articulée de sujet à sujet, se réduit à ce qui s'immobilise dans le fantasme
qui va rester chargé de toutes les valeurs érotiques comprises dans ce qu'elle a exprimé, 
et dont il est le témoignage, le support dernier, restant.
Ainsi se forme le moule de la perversion, par la valorisation d'une image 
en tant qu'elle reste le témoin privilégié de quelque chose qui, dans l'inconscient, doit être articulé, 
et qui sera repris dans la dialectique du transfert à l'intérieur du discours analytique. 
Chaque fois qu'il s'agit de perversion la relation imaginaire prévaut. La relation qui
se trouve sur le chemin de ce qui se passe entre le sujet et l'Autre, de ce qui, du sujet, 
reste dans l'Autre, pour autant que c'est, justement, refoulé. 
La parole est celle du sujet, mais
comme elle est, par sa nature de parole, un message que le sujet doit recevoir de l'Autre
sous une forme inversée, elle peut aussi bien y rester et y constituer refoulé et inconscient.
 Une relation est possible mais non réalisée. Un "possible" il faut de l'impossibilité
sinon ce ne serait pas refoulé : et c'est parce qu'il y a cette impossibilité dans les relations
ordinaires qu'il faut tous les artifices du transfert pour rendre à nouveau passable, formulable,
ce qui doit se communiquer venant de cet Autre, au sujet, autant que le je du sujet vient à être.
L'analyse freudienne nous indique ceci de façon nette, mieux que ce que je vous dis là :
Freud marque nettement que le problème de la constitution de toute perversion
doit être abordé à partir de l'Oedipe, sa révolution, son aventure, ses avatars.
Il est stupéfiant qu'on ait compris la formule de Freud, "la perversion .. négatif de la névrose"
comme le veut sa traduction "populaire", faisant de la perversion une pulsion non élaborée par
le mécanisme oedipien et névrotique, pure et simple persistance d'une pulsion partielle irréductible.
Au contraire, 
dans cet article primordial, et en beaucoup d'autres points, Freud indique suffisamment qu'aucune
structuration perverse, si primitive que nous la supposions -parmi celles qui viennent à notre
connaissance- n'est articulable sinon comme moyen, cheville de qq chose qui ne se conçoit,
ne s'articule que dans, par, pour le procès, l'organisation, l'articulation, du complexe d'oedipe.

Le cas de la jeune homosexuelle sur notre schéma de la relation croisée du Sujet à l'Autre :
 Sur l'axe S-A doit s'établir la signification symbolique, toute la genèse actuelle du sujet.
Sur a-à l'interposition imaginaire ce en quoi le sujet trouve son statut, sa structure d'objet,
qu'il reconnait comme telle, qui est installée dans une certaine moïté par rapport aux objets
qui lui sont immédiatement attrayants, correspondants de son désir, du moment qu'il est installé
sur les rails imaginaires qui forment ce qu'on appelle ses fixations libidinales.
Cinq temps sedistingueny dans les phénomène majeurs de l'instauration de cette perversion
-fondamentale ou acquise, peu importe : quand elle s'est indiquée, établie, précipitée, ses ressorts
et son départ. Elle s'est constituée tardivement, ce qui ne vaut pas dire qu'elle n'avait pas ses
prémisses dans des phénomènes primordiaux. Voyons les avenues dégagées par Freud :
D'abord un état primordial, à la puberté, vers 13/14 ans, la jeune fille chérit un objet, un enfant
qu'elle soigne et auquel l'attachent des liens d'affection. Elle se montre ainsi particulièrement
bien orientée dans le sens que tous espèrent, la vocation typique de la femme, la maternité.
Sur cette base quelque chose se produit
qui amène une espèce de retournement, et la conduit à s'intéresser à des objets d'amour marqués 
du signe de la féminité, des femmes en situation plus ou moins maternelle, néo-maternisante.
Elle est finalement amenée à une passion dévorante pour une personne appelée la dame, non
sans raison : elle la traite en effet dans le style très élaboré de rapports chevaleresques et
masculins, passion sans aucune exigence, sans désir ni espoir de retour, avec le caractère de don,
l'aimant se projetant au-delà même de toute espèce de manifestation de l'aimée. Bref, avec les
caractéristiques de la relation amoureuse dans ses formes les plus hautement cultivées.

 Le sujet infantile masculin ou féminin arrive à la phase phallique,
qui indique le point de réalisation de l'organisation génitale, juste avant la période de latence. 
Tout y est, y compris le choix d'objet. Cependant quelque chose qui n'y est pas :
 la pleine réalisation de la fonction génitale structurée, organisée. 
Il reste un élément fantasmatique, essentiellement imaginaire : la prévalence du phallus
 qui dit qu'il y a deux types d'êtres dans le monde, ceux qui ont le phallus, et ceux en sont châtrés.
Ces formules de Freud suggèrent une problématique dont certains auteurs ne peuvent sortir 
parce qu'ils tentent de la justifier à partir du sujet réel. Cela donne d'extraordinaires explications, résumées à peu près ainsi : tout est déjà deviné dans les tendances inconscientes du sujet 
qui aurait par nature la préformation de ce qui rend adéquate la coopération des sexes, 
la prévalence phallique serait une espèce de formation où il trouve quelque avantage, 
et que c'est un processus de défense. 
Dans cette perspective ce n'est pas incompatible mais c'est faire reculer le problème. .. 
s'engagent dans une série de constructions qui ne font que reporter à l'origine toute la dialectique symbolique, et deviennent plus impensables à mesure qu'on remonte vers l'origine.

Nous, nous admettons facilement qu'en cette occasion l'élément imaginaire est le phallus
C'est un fait, c'est lui qui introduit le sujet au niveau génital et dans la symbolique du don.
 Choses différentes pourtant liées par un facteur humain inclus dans la situation humaine réelle,
constituée des règles instaurées par la loi quant à l'exercice des fonctions génitales
règles qui viennent effectivement en jeu dans l'échange inter-humain. C'est parce que les choses
se passent à ce niveau que le lien est si étroit entre maturation génitale et symbolique du don.
Bien que n'ayant aucune cohérence interne, biologique, individuelle, 
le fantasme du phallus prend généralement valeur à l'intérieur de la symbolique du don.

Et le phallus, Freud insiste, n'a pas -pour une bonne raison- la même valeur pour celui qui le possède réellement, l'enfant mâle, que pour l'enfant qui ne le possède pas, l'enfant femelle.

      L'enfant femelle est introduite ds la symbolique du don en tant qu'elle n'a pas le phallus. 
C'est parce qu'elle phallicise la situation (avoir, ou pas, le phallus) qu'elle entre dans le
complexe d'Oedipe, où elle a à le trouver. (le garçon c'est par là qu'il en sort, quand il réalise
sur un certain plan la symbolique du don, il faut qu'il fasse don de ce qu'il a).     
Mais ce qu'elle n'a pas veut dire quoi ? Il s'agit d'un élément imaginaire, mais à l'intérieur
 d'une dialectique symbolique où ce qu'on n'a pas est tout aussi existant que le reste, c'est
simplement marqué du signe moins. Elle entre donc avec ce moins, comme le garçon avec le plus.
Et qu'on mettre un plus ou un moins, présence ou absence, il faut qu'il y ait quelque chose, et
ce quelque chose, c'est le phallus, ressort de l'entrée de la fille ds le complexe d'Oedipe.
Tant de choses peuvent être données en échange, à l'intérieur de la symbolique du don ! 
Tant d'équivalents du phallus se retrouvent dans les symptômes ! Freud va plus loin et
le dit à propos du fantasme"On bat un enfant" : si tant d'éléments des relations 
pré-génitales entrent en jeu dans la dialectique oedipienne (frustrations niveau oral/anal
pour éléments, frustrations, accidents .. de la relation oedipienne alors que cela devrait se faire dans
l'élaboration génitale) c'est que pour l'enfant ce qui se passe au niveau génital, dont il n'a
pas l'expérience, est obscur, alors que les objets des relations pré-génitales sont
accessibles à des représentations verbales, Wortvorstellugen. Pour lui ce que son père donne
à sa mère c'est son urine, parce qu'il connaît son usage, sa fonction, son existence comme objet.
Il peut le symboliser, pourvoir du signe + ou - parce qu'il est déjà réalisé dans son imagination.

Cela reste pour autant difficile à saisir, pour la fille : sa 1 ère introduction dans la dialectique
Oedipienne tient à ce que elle désire le pénis, ce pourquoi l'enfant qu'elle veut recevoir du père
en est un substitut. La jeune homosexuelle pouponne un enfant réel, consistant.
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imaginez un grand z : à son départ en haut à gauche : Mère imaginaire,
en haut à droite : Enfant réel,
en bas à gauche : Pénis imaginaire (-),
et en bas à droite : Père symbolique.
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Cet enfant satisfait aussi une substitution imaginaire phallique qui la constitue comme
mère imaginaire. Soignant un enfant elle acquiert le pénis imaginaire dont elle est frustrée,
ce que je note en y mettant (-). C'est cela qui caractérise la frustration originaire :
 tout objet introduit par une frustration réalisée n'est qu'un objet que le sujet prend 
dans la position ambiguë de l'appartenance à son propre corps.
(Certains mettent l'accent, dans les relations primordiales mère-enfant, sur l'aspect passif : l'enfant
ferait l'épreuve du rapport entre principe de réalité et de plaisir dans une frustration ressentie 
à cause de la mère ; ils parlent indifféremment de frustration de l'objet, de perte de l'objet d'amour ..)

Or il y a une opposition tout à fait marquée entre l'objet réel, le sein de la mère, dont
l'enfant peut être privé, et d'autre part la mère, qui peut accorder ou pas cet objet réel.
M. Klein distingue bien sein et objets partiels d'un coté, et la mère objet total créant chez l'enfant
les positions (dépressive etc) sans dire que ces objets ne sont pas de même nature.
La mère en tant qu'agent, instituée par la fonction de l'appel, est déjà,
sous une forme rudimentaire, prise comme objet connoté plus(présence) ou moins(absence),
et la frustration qui se rapporte à elle est frustration d'amour : tout ce qui vient d'elle
comme répondant à cet appel est don,  don comme signe d'amour visant radicalement 
quelque chose au-delà, l'amour de la mère. Et la frustration de l'amour porte en elle-même
toutes les possibilités de relations intersubjectives futures.

L'objet quel qu'il soit qui vient là pour la satisfaction des besoins de l'enfant c'est autre chose,
il s'agit de frustration de jouissance, grosse de rien. Elle n'engendre pas la réalité
aucune genèse de la réalité à partir du fait que l'enfant n'a pas le sein : s'il n'a pas le sein, il continue
à crier.. de faim. La frustration de jouissance relance tout au plus le désir,
mais aucune espèce de constitution d'objet quel qu'il soit.
C'est cela qui amène Winnicott à pointer la chose remarquable dans le comportement de l'enfant,
qui permet de parler de progrès : ce n'est pas parce qu'il est privé du sein de la mère 
qu'il en fomente l'image, ni aucune image, qui ont leurs dimension originales d'images.
Et il ne s'agit pas du sein, mais de sa pointe (nipple) qui est essentielle. Pointe du sein,
ainsi que phallus ont en commun de nous arrêter, car ils se constituent comme images.

Quelque chose succède à la frustration de l'objet-de-jouissance, chez l'enfant :
 une dimension originale, et qui se maintient dans le sujet comme relation imaginaire.
Non pas le simple élément qui lance le désir, comme le leurre orientant les comportements animaux
(même si l'image est individualisée dans le biologique -plumes désignant l'adversaire, et même si cela
n'est pas absent chez l'homme) , mais quelque chose d'accentué et observable chez l'enfant : 
que pour lui toutes les images sont référées à une image fondamentale, 
une forme d'ensemble qui lui donne son statut global et à laquelle il s'accroche : la forme de l'autre. 
Autour d'elle peuvent se grouper/se dégrouper les sujets, comme appartenance ou non appartenance.
==> Il ne s'agit pas de savoir à quel degré s'élabore le narcissisme 
(conçu au départ comme un auto-érotisme imaginé et idéal), mais au contraire de reconnaître
la fonction du narcissisme originaire dans la constitution du monde des objets.

Les "objets transitionnels" de Winnicott témoignent
de comment l'enfant pourrait constituer un monde au départ de ses frustrations. Il est vrai
que l'enfant constitue un monde. Mais pas à partir de l'objet de ses désirs dont il est frustré.
Il constitue un monde quand, se dirigeant vers quelque chose qu'il désire, il rencontre
quelque chose contre quoi il se cogne, avec quoi il se brûle. Mais qui n'est pas un objet
qui serait engendré par l'objet du désir, ni quelque chose modelé par les étapes du développement
du désir qui s'organise dans le développement infantile. C'est autre chose : l'objet, s'il est engendré
par la frustration, nous fait admettre l'autonomie de la production imaginaire liée à l'image du corps.
Objet ambigu, entre les deux, ni réel ni irréel, dit Winnicott avec pertinence, quand il arrive
là où on ne peut qu'arriver dés lors qu'on s'engage dans cette voie, sans aborder le problème de
l'introduction de cet objet dans l'ordre du symbolique. Objets transitionnels donc,
 mi-réels mi-irréels, auxquels l'enfant (pas tous) s"accroche" (coin de drap, bout de chiffon),
dont W. pointe bien la relation terminale avec le fétiche. Sauf qu'il parle de fétiche primitif alors
qu'il s'agit plutôt d'une origine. Et il s'arrête là-dessus ! Cet objet qui n'a ni pleine réalité
ni caractère pleinement illusoire, c'est comme les idées philosophiques ou systèmes religieux
au milieu de quoi vit un anglais qui sait d'avance comment se comporter : personne ne dit que vous 
y croyez dur comme fer, personne ne songe non plus à vous la retirer : domaine entre-deux,
choses et idées instituées comme demi-existence, qu'il ne faut pas chercher à imposer.
Monde institué des britanniques où chacun a le droit d'être fou à condition de le rester séparément. Imposer sa folie privée à l'ensemble des sujets, là commencerait la folie.

Revenons au cas de notre jeune fille amoureuse,
qui a son objet transitionnel, son pénis imaginaire, quand elle pouponne un enfant. 
Comment va-t-elle passer aux étapes suivantes ? Freud nous dit :
elle est homosexuelle, elle aime comme un homme, elle est dans une position virile.
Sur le schéma en Z cela se traduit ainsi : en haut à gauche Enfant, à droite Dame réelle,
en bas à gauche Père imaginaire, en bas à droit Pénis symbolique. On voit que le Père,
qui était au niveau de grand A à la 1ère étape, passe au niveau du moi. Et en "a'" maintenant
il y a l'objet d'amour, la Dame, qui s'est substituée à l'enfant. En A le pénis symbolique qui est,
dans l'amour à son point le plus élaboré, au-delà du sujet aimé, car ce qui est aimé dans l'amour
c'est ce qui est au-delà de ce sujet, littéralement ce qu'il n'a pas. La Dame est aimée en tant qu'elle
n'a pas le pénis symbolique, mais a tout pour l'avoir, en tant qu'objet élu de l'adoration du sujet.
Une permutation 
a fait passer le père symbolique dans l'imaginaire, par identification du sujet à sa fonction de père.
Et la Dame réelle est devenue l'objet d'amour justement d'avoir cet au-delà, le pénis symbolique,
pénis symbolique qui se trouvait d'abord au niveau imaginaire. Pourquoi ? Que s'est -il passé ?
La caractéristique de l'observation, qui apparaît aux deuxième et quatrième temps,
c'est qu'il y a eu introduction de l'action réelle du père, venant déranger les fonctions
de père imaginaire ds la relation imaginaire, et sa fonction de père symbolique ds l'inconscient.
Chez la fille,
l'enfant imaginaire/réel qu'elle "attend" du père suit et remplace le désir du pénis qu'elle n'a pas.

Dans notre cas, et c'est qui donne à la situation son dramatisme, trouver satisfaction dans
l'accentuation du besoin de pouponnement d'un enfant réel
(substitut réel du désir inconscient d'avoir un enfant du père) est déjà assez inquiétant, 
tandis que le père, lui, reste malgré tout de même au niveau inconscient comme progéniteur.
Mais voilà qu'il donne réellement un enfant réel, pas à sa fille bien sûr, mais à sa femme.
Il y a de quoi être frustré d'une façon particulière
quand un enfant réel du père symbolique est donné dans la réalité à sa propre mère.
C'est cela la caractéristique de cette observation.
Quand on parle d'accentuation des instincts, tendances, ou pulsion primitive comme étant cause
que les choses se précisent dans le sens d'une perversion, fait-on toujours la distinction
entre les 3 éléments absolument essentiels que sont imaginaire, symbolique et réel ?
Si la situation s'est révélée pour des raisons très structurées une relation de jalousie,
et si la satisfaction imaginaire à laquelle la fille se confiait a pris un caractère intenable,
c'est parce que s'y est introduit un réel,
réel qui répondait à une situation inconsciente et au niveau de l'imaginaire.
Par une sorte d'interposition, le père est réalisé au niveau de la relation imaginaire,
et n'est plus en jeu comme père symbolique. Passage de quelque chose d'articulé
dans l'Autre à quelque chose articulé de façon imaginaire comme une perversion. 
Relation que la fille va compléter comme elle peut, et c'est pour cette raison là que cela
aboutira à une perversion : la fille identifiée au père et prenant son rôle, devient le père imaginaire.  
Gardant son pénis, elle s'attache à un objet qui n'a pas, auquel elle doit donner ce qu'il n'a pas.
Cette nécessité d'axer l'amour non sur l'objet, mais sur ce que l'objet n'a pas, nous met
au coeur de la relation amoureuse et du don : ce quelque chose que l'objet n'a pas, c'est
ce qui rend nécessaire la constellation tierce de l'histoire du sujet.
La dialectique du don, qui est éprouvée de façon primordiale par le sujet, 
est aussi ce qui révèle les paradoxes de la frustration coté objet. 
Nous verrons ce que donne et signifie la frustration elle-même.


La leçon suivante :
http://divanfauteuilgargoulettepsychanalyse.blogspot.fr/2011/10/blog-post.html


























dimanche 9 octobre 2011

S. IV : II, 1. Le primat du phallus et la jeune homosexuelle.

Séminaire IV sur LA RELATION D OBJET ET LES STRUCTURES FREUDIENNES

1 ère partie : THEORIE DU MANQUE D OBJET
                      1. introduction
                      2. les trois formes du manque d'objet
                      3. le signifiant et le saint-esprit
                      4. la dialectique de la frustration
                      5. de l'analyse comme bundling et ses conséquences.

2 ème partie : LES VOIES PERVERSES DU DESIR
                       6. Le primat du phallus et la jeune homosexuelle



 Le problème de la "perversion", entre guillemets, que nous abordons aujourd'hui, est le plus problé-
matique qui soit en analyse : l'homosexualité féminine. Je l'aborde maintenant parce qu'évoquer la
relation d'objet implique de parler de l'objet féminin. Pour l'analyse le sujet de cette rencontre 
n'est pas naturel. Nous avons vu que le sujet féminin est appelé, quand l'homme le rencontre,
à s'inscrire dans une sorte de retrouvaille, qui le place d'emblée dans une ambiguïté des
rapports naturels et symboliques. La dimension analytique réside dans cette ambiguïté.

Le problème maintenant est : qu'est-ce que l'objet féminin en pense ? quel est son chemin 
depuis ses 1 ères approches de l'objet naturel et primordial du désir, le sein maternel ?
C'est un chemin, une dialectique encore moins naturelle que pour l'objet masculin.
Si j'appelle la femme, aujourd'hui, objet, c'est qu'elle doit à un moment y entrer comme objet.
Position fort peu naturelle, au second degré, ainsi qualifiée parce que c'est un sujet qui la prend.
L'homosexualité féminine a valeur exemplaire dans l'analyse par ce qu'elle révèle des
étapes du cheminement de la femme et des arrêts qui peuvent marquer son destin. Ce qui est
naturel/biologique ne cesse de se reporter sur le plan symbolique, dans une chaîne symbolique
où est pris le sujet. En cela il s'agit de la femme comme sujet, qui a à faire un choix qui, par
quelque côté que ce soit doit être un compromis entre ce qui est à atteindre et ce qui n'a
pu être atteint. C'est ce que ns apprend l'expérience analytique. L'homosexualité féminine se
rencontre à chaque étape que la femme franchit pour accomplir son achèvement symbolique.
Sur ce point l'interrogation de Freud commence en 1923 (L'organisation génitale infantile).

Ds ce texte Freud pose le principe du primat de l'assomption phallique. La phase phallique
comme 1er temps de la sexualité infantile, qui s'achèvera dans la période de latence. Phase typique
pour le garçon et pour la fille. L'organisation génitale en donne la formule. Elle est atteinte pour les
deux sexes, et l'élément primordial en est la possession ou la non possession du phallus. 
Il n'y a pas réalisation du mâle, réalisation de la femelle, ms ce qui est pourvu de l'attribut phallique
 et ce qui en est dépourvu, et en être dépourvu est considéré  comme équivalent à être châtré.
Pour les 2 sexes c'est fondé sur une Misslingen, maldonne fondée sur une ignorance 
 (ignorance c'est différent de méconnaissance), ignorance et du rôle fécondant de la semence
masculine et de l'existence comme de l'organe féminin.

Affirmations énormes, qui demandent une exégèse pour être comprises :
il ne s'agit pas d'une description à prendre au niveau de l'expérience réelle.

L'objection est soulevée dans la plus grande confusion. Un très grand nombre de faits conduisent
à admettre que se révèle effectivement, au moins chez la fille, la présence vécue, sinon du rôle réel
du mâle dans la procréation, du moins l'existence de l'organe féminin. Qu'il y ait ds l'expérience
précoce de la petite fille quelque chose qui corresponde à la localisation vaginale, qu'il y ait des
émotions, voire même une masturbation vaginale précoce, ne peut être contesté. Cela est réalisé,
 au moins dans un certains nombre de cas. De là, on discute pour savoir si c'est à l'existence du
clitoris que doit être attribuée la prédominance de la phase phallique chez la fille, ou si la libido
(ds ce cas synonyme d'expérience érogène) est à l'origine concentrée sur le clitoris pour ensuite
diffuser à la suite d'un long déplacement qui nécessite tout un détour.
Sauf que ce ce n'est pas dans ces termes que doit être comprise l'affirmation de Freud.

Sinon trop de faits, d'ailleurs confus, entraînent toutes sortes d'objections. K. Horney par exemple,
à partir de prémisses réalistes comme quoi la méconnaissance suppose ds l'inconscient 1 certaine
certaine connaissance de la coaptation des 2 sexes, dit qu'il ne peut y avoir chez la fille prévalence
de l'organe qui ne lui appartient pas, que sur fond de dénégation de l'existence du vagin, et tente
à partir de là une genèse du terme phallique chez la fille. Mais elle ne fait que reconstruire sur des
prémisses théoriques qui mécomprennent l'affirmation de freud. Et le fait d'une d'une primordiale
expérience de l'organe vaginal est incertaine, prudente, voir même réservée.

L'affirmation de Freud est fondée sur son expérience. Il l'avance avec prudence, et 
avec la part d'incertitude si caractéristique de sa présentation de ses découvertes,
mais il l'avance, et comme primordiale. Un point fixe : l'affirmation paradoxale du phallicisme
comme pivot autour duquel l'interprétation théorique doit se développer. Huit ans plus tard
(1931) il prolonge l'affirmation par quelque chose de plus énorme encore.
Entre temps la discussion est très active entre ses élèves : un véritable maquis d'approximations et
de spéculation, un débat profondément immaîtrisé sur les catégories mises en jeu. En rendre
compte est corrélatif de notre travail de cette année montrer, parallèlement à l'examen théorique
 de la relation d'objet, comment la pratique analytique peut s'engager dans la déviation.
 Une image donne une idée de cet amas de faits : les auteurs admettent que la petite fille entrant dans
l'Oedipe se met à désirer un enfant du père comme substitut du phallus manquant, et que c'est la
déception qui  jouera le rôle essentiel pour la faire revenir de ce chemin paradoxal par quoi elle
est entrée dans l'oedipe ( identification au père), vers une reprise de la position féminine.
Ils montrent l'incidence de la privation de l'enfant désiré du père, et la précipitation du mouvement
de l'Oedipe (présenté comme essentiellement inconscient) avec le cas d'une petite fille qui, d'après
eux, a mieux que d'autres fait la lumière sur ce qui se passait dans son inconscient. Suite à une
"explication", elle se levait chaque matin en demandant si l'enfant du père était arrivé, si c'était
pour aujourd'hui ou pour demain, avec pleurs et colère. Et bien ceci est exemplaire d'une déviation
de la pratique, de comment cette conception de la frustration mène à intervenir dans la réalité
avec des effets douteux, et à l'opposé du processus d'interprétation analytique.

Cet ""enfant du père"" qui apparaît à un moment donné comme objet imaginairesubstitut du
phallus manquant qui joue un rôle exemplaire dans l'évolution, ne peut être mis en jeu n'importe
quand n'importe comment. L'enfant doit être apte aux résonances symboliques, celles déjà
expérimentées dans les réactions possessives ou destructrices de la crise phallique, de la problé-
matique phallique à cette étape. Tout ce qui se rapporte à la prédominance du phallus à x étape de
l'évolution n'a d'effet qu'après coup. Le phallus ne peut être mis en jeu que pour symboliser tel
évènement à tel moment : venue d'un enfant, maternité, possession d'un enfant ... Précipiter par
la parole un élément qui ne peut s'inscrire dans la structuration symbolique du sujet, précipiter
dans le plan symbolique, un rapport de substitution imaginaire à ce qui est vécu de façon tout à fait
différente, c'est le légitimer : c'est installer la frustration au centre de l'expérience.
La frustration ne peut être introduite en tant que telle dans l'interprétation que si elle
s'est déjà passée, comme moment évanouissant, au niveau de l'inconscient.
Et pour nous, analystes, elle n'a de fonction que sur un plan purement théorique,
comme articulation de ce qui s'est passé.
Parce qu'elle est extraordinairement instable, sa réalisation par le sujet est par définition exclue.
La frustration telle qu'elle est vécue à l'origine n'a d'importance qu'en tant qu'elle
débouche sur castration ou privation :
La castration instaure dans son ordre la nécessité de la frustration, la transcende et l'instaure
dans une loi qui lui donne sa valeur. De même elle consacre l'existence de la privation, idée
inconcevable sur le plan réel pour quelqu'un passé au plan symbolique. On voit cela dans les
psychothérapies de soutien, par exemple avec la petite fille qui présentait une ébauche de phobie
après son expérience d'avoir été effectivement privée de quelque chose (dans d'autres conditions
que la petite fille de ce matin) : sa phobie était un déplacement nécessaire, dont le ressort = non
le fait de ne pas avoir le phallus, mais dans le fait que sa mère ne pouvait pas le lui donner,
mais qu'elle ne pouvait le lui donner parce qu'elle ne l'avait pas elle-même.
L'intervention de la psychothérapeute consiste à dire à l'enfant -et elle a parfaitement raison- que
toutes les filles sont comme ça, sans que ce soit une réduction au réel car l'enfant sait très bien
qu'elle n'a pas le phallus, mais pas que c'est la règle. Voilà ce que lui apprend la thérapeute,
qui fait passer le manque sur le plan symbolique qui est celui de la loi. Pourtant l'intervention
est discutable, son efficacité momentanée, puisque la phobie repart de plus belle.
Elle ne se réduira que lorsque l'enfant aura été ré-introduite dans une famille complète.
Pourquoi ?
Alors que sa frustration devrait lui paraître encore plus grande du fait que des mâles (beau-père
et grand frère) entrent dans le jeu de la famille, alors que sa mère était seule, la phobie se trouve
bel et bien réduite : c'est que le sujet n'en a plus besoin pour suppléer l'absence, dans le circuit
symbolique, de tout élément phallophore, des mâles. Le terme de frustration est d'une certaine
façon légitimé du fait qu'il s'agit de manque d'objet plus que de l'objet lui-même, qu'il s'agit
de l'instabilité de la dialectique de la frustration elle-même.

La frustration porte sur quelque chose dont vous êtes privé par quelqu'un dont vous
attendiez qu'il vous donne ce que vous lui aviez demandé. L'objet de la frustration, c'est
le don, c'est l'amour de qui peut vous faire ce don, plus que l'objet attendu. C'est l'origine de
la dialectique de la frustration, encore à l'écart du symbolique.
Le don, ce qui vient de l'autre, est apporté au départ dans une certaine gratuité. Toute la chaîne
qui le cause est encore derrière, inaperçue. Plus tard le sujet s'apercevra qu'il s'agit de quelque
chose de bien plus complet que la confrontation à l'autre, que le don qui surgit, que cela intéresse
toute la chaîne symbolique humaine.
Le don en tant que don fait s'évanouir l'objet en tant qu'objet : il passe au 2nd plan si la demande
est exaucée, et aussi quand la demande n'est pas exaucée, mais alors il change de signification.
C'est ce qui justifie le mot frustration : il a frustration si le sujet entre dans la revendication d'un
objet exigible en droit, dans l'aire narcissique de ses appartenances.
Dans les 2 cas ce moment évanouissant débouche sur quelque chose, nous projette sur un
autre plan que le simple désir : l'expérience humaine connait bien ce quelque chose qui fait que
la demande n'est jamais complètement, véritablement exaucée. Exaucée ou non, à l'étape
suivante elle s'anéantit et aussitôt se projette sur autre chose :
- soit sur l'articulation de la chaîne symbolique des dons ...............................................................
- soit sur le registre fermé absolument inextinguible qui s'appelle le narcissisme, grâce à quoi l'objet
est pour le sujet quelque chose qui est lui et qui à la fois n'est pas lui, de ce fait jamais satisfaisant
L'entrée de la frustration dans une dialectique qui la légalise, la situe, et lui donne aussi une
dimension de gratuité = condition nécessaire à l'établissement de l'ordre symbolisé du réel
où le sujet saura par exemple instaurer comme existantes, admises, des privations permanentes.

A méconnaître cette condition, les reconstructions de l'expérience, des effets liés au manque
d'objet qui s'y manifestent, amènent à des impasses. Vouloir tout déduire du désir (et ses effets
de satisfactions, déceptions) considéré comme élément pur de l'individu est une erreur.

Toute la chaîne de l'expérience ne peut littéralement se concevoir qu'à d'abord poser que
rien ne s'y articule, s'y échafaude, rien ne s'instaure comme conflit analysable, si ce n'est
à partir du moment où le sujet entre dans un ordre de symboles, ordre légal, symbolique,
chaîne symbolique, ordre de la dette symbolique. C'est uniquement à partir de l'entrée du sujet dans
cet ordre qui lui préexiste (à lui et à tout ce qui lui arrive :déceptions, satisfactions) que tout ce
par quoi il aborde son expérience, son vécu, s'ordonne, prend son sens, et peut être analysé.

C'est dans les textes de Freud qu'on peut le mieux apprécier le bien-fondé de ce rappel.
Certains avancent leur côté incertain, ou paradoxalement sauvage, ou de diplomatie (?). Pour ma
part je choisis un des plus brillants, et des plus troublants, qui peut apparaître comme démodé :
Psychogenèse d'un cas d'homosexualité féminine. Une bonne famille du Vienne de 1920
envoyer sa fille (18 ans, belle, intelligente) chez Freud, c'est franchir un grand pas, à quoi on se
résout parce qu'elle est devenue un objet de souci : elle court après une dame du (1/2 ?) monde
de 10 ans son aînée. Un attachement passionnel qui la met dans des rapports pénibles avec sa
famille, et en particulier cela rend le père enragé, cet espèce de défi tranquille dans les assiduités
auprès de la dame, et comment la chose est affichée. On apprend que la mère, qui fut névrosée,
ne prend pas cela tellement au sérieux. On vient demander à Freud d'arranger cela. Il révèle
pertinemment les difficultés d'un traitement pour satisfaire aux exigences de l'entourage,
et qu'on ne fait pas une analyse sur commande comme on reconstruit une villa. Il introduit des
considérations sur l'analyse qui peuvent paraître dépassées, mais sont extraordinaires.
Il précise que l'analyse n'est pas allée à son terme, ne lui a pas permis de changer grand'chose au
 destin de la jeune fille, mais il nous en fait part parce qu'elle lui a permis de voir très très loin. Pour
l'expliquer il introduit une idée qui n'est pas sans fondement même si elle paraît désuète, une idée
schématique qui incite à revenir sur certaines données 1 ères. 1. il y a 2 étapes ds l'analyse
la première : ramasser tout ce qu'on peut savoir, la seconde : faire fléchir les résistances
qui tiennent encore, alors que le sujet sait déjà beaucoup de choses. Il fait cette comparaison
 stupéfiante qu'avant un voyage on rassemble les bagages, toujours assez compliqué, puis il faut
s'embarquer et parcourir le chemin. Piquante référence pour qui a la phobie des chemins de fer.
Et le plus énorme : pendant ce temps-là on a le sentiment qu'effectivement rien n'opère.
Par contre il voit très bien ce qui s'est passé, et peut mettre en relief un certain nombre d'étapes.

Un moment dans l'enfance du sujet semble ne pas s'être passé tout seul, quand elle a appréhendé
la différence qui faisait d'elle quelqu'un n'ayant pas l'objet par essence désirable, l'objet phallique.
Aucun symptôme hystérique n'est apporté dans l'analyse, rien dans l'enfance ne semble notable
quant aux conséquences pathologiques. C'est pourquoi il est cliniquement frappant de voir éclore
aussi tardivement une attitude qui paraît à tous anormale : sa position à l'égard d'une femme décriée,
et un éclat, à la suite de quoi elle est amenée chez Freud.
La jeune fille, dans un doux flirt avec le danger, allait se promener avec la dame presque sous les
fenêtres de sa maison. Son père les voit, et comme il y a d'autres personnes, il leur jette un regard
flambant. La dame prend fort mal d'apprendre que c'est le père : elle avait eu jusque-là une attitude
plutôt froide, n'avait pas du tout encouragé les assiduités. Aussi elle dit Dans ces conditions on ne
se revoit plus. Elles sont à ce moment pas loin d'un petit pont qui enjambe le chemin de fer,
et voilà la fille qui se jette en bas, et choit (niederkommt). Elle se rompt un peu les os ms s'en tire.

Donc nous dit Freud la jeune fille qui avait eu jusque-là un développement qui s'orientait vers
la vocation féminine et la maternité, se met subitement à fréquenter des femmes mûres, sortes de
substitut maternel. Schéma qui ne vaut pas pour celle qui incarne l'aventure dramatique autour de
laquelle tourne l'analyse, ni la problématique homosexuelle : car la jeune fille déclare à Freud qu'elle
n'abandonnera pas ce choix objectal, ni le lien avec la personne dont elle n'a pas perdu le goût, et
qui se trouve émue par cette marque de dévotion.
Freud rapporte des remarques frappantes à quoi il donne valeur de sanction explicative pour ce
qui s'est passé avant, et pour ce qu'il appelle son échec. C'est le propre des observations de
Freud : nous laisser toujours beaucoup de clartés extraordinaires, même sur les points
qui l'ont en quelque sorte lui-même dépassé. Je pense au cas Dora, où il n'a vu clair qu'ulté-
rieurement sur l'orientation de sa question vers son propre sexe. Il y a ici une méconnaissance
analogue et plus profonde, et beaucoup plus instructive.
Il livre des remarques intéressantes dont il ne tire pas parti sur ce dont il s'agit dans cette tentative
de suicide, acte significatif où se couronne la crise, et à ce qui est intimement lié à la montée de la
tension jusqu'au moment ou éclate le conflit et arrive la catastrophe. Freud explique cela à
partir de l'orientation normale du sujet vers le désir d'avoir un enfant du père.
Que dans ce registre gît la crise originaire qui a fait s'engager le sujet dans un sens opposé,
véritable renversement de la position subjective du à la déception causée par l'objet du désir.
Le sujet s'identifie à cet objet, par régression narcissique. Je fais de la dialectique narcissique
le rapport essentiel moi-petit/autre parce que c'est implicite ds Freud.

Quelle est cette déception qui opère le renversement ? Vers 15 ans elle est engagée vers une
prise de possession de l'enfant imaginaire, s'occupe beaucoup d'enfants .. sa mère a réellement
un autre enfant du père, et elle un troisième frère. C'est le point-clé qui donne à cette observation
son caractère exceptionnel : il est rare que l'intervention d'un petit frère cause un retournement
si profond de l'orientation sexuelle d'un sujet, mais c'est là que la jeune fille change de position.
Où cela peut-il le mieux s'interpréter ?
Pour Freud ce changement est réactionnel et vient du ressentiment à l'égard du père, et c'est cette
"cheville" de la situation qui explique comment est menée cette aventure. La fille est très nettement
agressive envers le père, la tentative de suicide a lieu suite à la déception que l'objet homologue
de son attachement lui cause. Contre-agressivité ? retournement sur elle-même de l'agression
contre le père combiné à l'effondrement de toute la situation, et qui satisfait ainsi symboliquement
ce dont il s'agit par une précipitation au niveau des objets en jeu ? Est-ce que choir en bas du petit
pont est un acte symbolique à rapprocher du niederkommen ("mise bas" d'un enfant) ? Qu'ainsi
nous sommes ramenés au sens dernier et originaire de la structure de la situation ?

Deuxième ordre de remarques de Freud pour expliquer que la situation était sans issue dans le
 traitement lui-même, que la résistance n'a pas été vaincue. Ce qu'il dit à la patiente l'intéresse
énormément sans qu'elle abandonne ses positions, maintenant tout cela au plan d'un intérêt
intellectuel. Il compare métaphoriquement ses réactions à celle de la dame qui dit, à travers
son lorgnon, au sujet d'objet divers : Comme c'est joli ! Il signale qu'il n'y a pas absence de
transfert, qu'il reconnaît avec justesse dans les rêves de la patiente concomitants à ses
déclarations non ambiguës sur sa détermination à ne pas changer de comportement. Ces rêves
annoncent un étonnant refleurissement de l'attente de quelque beau et satisfaisant époux et de
l'avènement d'un objet fruit de cet amour. Le caractère idyllique et presque forcé de l'époux
annoncé par le rêve paraît si conforme aux efforts entrepris en commun, qu'un autre que Freud
en aurait pris les plus plus grands espoirs. Lui ne s'y trompe pas en y voyant un transfert,
un double de l'espèce de jeu de contre-leurre mené avec son père qui l'a déçue, et avec qui
elle n'a pas été qu'agressive et provocante, elle lui a fait des concessions.
Il s'agissait de lui montrer qu'elle le trompait. Freud reconnaît l'analogie avec les rêves, et
leur signification transférentielle : reproduire avec lui sa position fondamentale, le jeu cruel mené
avec le père. On ne peut ici qu'entrer dans la relativité foncière de la formation symbolique,
qui est la ligne fondamentale de ce qui constitue pour nous le champ de l'inconscient.
Freud l'exprime en nous disant je crois que l'intention de m'induire était un des éléments
formateurs du rêve, ainsi qu'un tentative de gagner ma bonne disposition, probablement
pour me désillusionner d'autant plus. 
Une intention est prêtée au sujet, de le captiver, lui, pour le faire choir, d'autant plus haut
qu'il serait davantage pris dans la situation. On peut y voir une action contre-transférentielle.
Freud retient que le rêve est trompeur et livre une réflexion passionnante sur les objections de
 ses disciples (si la manifestation de l'inconscient est trompeuse, si l'inconscient nous ment, à quoi
nous fier ?). Dans une longue explication il montre comment cela peut arriver sans pour autant
contredire la théorie. C'est un peu tendancieux, mais c'est ce qu'il valorise en 1920, à savoir :
l'essentiel de ce qui est dans l'inconscient est le rapport du sujet à l'Autre.
Ce rapport implique à sa base la possibilité d'être accompli au niveau du mensonge. 
==> dans l'analyse, nous sommes dans l'ordre du mensonge et de la vérité.
Pourtant il échappe à Freud qu'il s'agit d'un vrai transfert, qui ouvre la voie à interprétation
du désir de tromper. Disons le grossièrement : il prend la chose comme dirigée contre lui.
"tentative de m'embobiner, me captiver, faire que je la trouve très jolie. Très instructif : elle
doit être ravissante pour que comme avec Dora il ne soit pas complètement libre. Penser que le
pire lui est promis évite de se sentir désillusionné et montre qu'il est prêt à se faire des illusions.
Il se met en garde parce qu'il est entré dans le jeu imaginaire, le fait devenir réel. Du coup
il interprète en disant à la jeune fille qu'elle veut le tromper lui comme elle trompe son père, et
cela coupe court à ce qu'il a réalisé comme le rapport imaginaire. Son contre-transfert aurait pu
lui servir à condition que ce n'en fut pas un, c.a.d s'il n'y avait pas cru lui-même. Mais
y étant il interprète trop précocement : à ce qui n'était qu'un désir et non une intention
de le tromper (*) il donne corps, il le fait rentrer dans le réel. Comme l'a fait la thérapeute qui
intervenait avec la petite fille qui attendait chaque matin qu'arrive l'enfant du père.

C'est cela qui est au coeur du glissement de l'analyse dans l'imaginaire : ce piège,
(aujourd'hui cette plaie) Freud nous en livre là, dans le texte, un exemple-limite, transparent,
montrant comment l'interprétation donne corps au conflit alors qu'il s'agit de tout autre chose :
de révéler le discours menteur qui était là dans l'inconscient. Après avoir posé que c'est contre
sa personne, il ne peut poursuivre le traitement.
Il soulève autre chose, très intéressant : la nature de la passion de la jeune fille pour la
dame, qui n'est pas une relation homosexuelle comme les autres (quoique que celles-ci
présentent toutes la variété des relations hétérosexuelles communes, et d'autres en plus. Freud
articule avec un relief extraordinaire ce choix objectal du type männliche, amour platonique 
si exalté, qu'il ne demande comme satisfaction que le service de la dame : l'amour sacré,
l'amour courtois en ce qu'il est une extrême dévotion. Et Schwärmerei, qui a un sens particulier
dans la culture allemande : l'exaltation au fond de la relation, d'un rapport au plus haut degré
de la relation amoureuse symbolisée. Loin de toute attitude subie ou d'un besoin, un amour qui
non seulement se passe de satisfaction, mais vise très précisément la non-satisfaction dans
quoi s'épanouit l'amour idéal : l'institution du manque dans la relation à l'objet.
La situation que présente ce cas est exceptionnelle :
il faut la prendre dans son registre propre, et aussi dans son exceptionnelle particularité, qui est
qu'elle s'éclaire de la mise en fonction  des 3 catégories du manque d'objet : 3 étages
 d'un processus allant de la frustration au symptôme, l'énigme que nous interrogeons,
 et qu'on voit se conjoindre en une sorte de noeud.
D'abord on voit la référence,
innocemment vécue, à l'objet imaginaire, cet enfant que l'interprétation laisse voir comme enfant
reçu du père. Les homosexuelles en effet, contrairement à ce qu'on pourrait croire, mais comme
l'analyse l'a fait voir, sont des sujets qui ont fait à un moment une très forte fixation paternelle.
Si ensuite il y a une vraie crise,
c'est qu'intervient alors l'objet réel : un enfant est justement donné par le père, à la mère, à la
personne qui lui est la plus proche. C'est alors que se produit un véritable renversement, dont on
nous explique le mécanisme. Mais ce qui est important au plus haut point, c'est de remarquer que
ce dont il s'agit était existait déjà au plan symbolique : c'est au plan symbolique que le sujet 
se satisfait de cet enfant comme d'un enfant donné par le père. Et non plus imaginaire.
C'est cela qui la soutenait dans le rapport entre femmes, le fait que pour elle était déjà instituée
la présence paternelle comme telle, le père par excellence, le père fondamental, celui que sera
toujours pour elle toute espèce d'homme qui lui donnera un enfant.
La présence de l'enfant réel, le fait que l'objet réel est là, pour un instant, réel, matérialisé
par le fait que c'est sa mère qui l'a, ramène la jeune fille au plan de la frustration.
Quel est le plus important de ce qui se passe alors ?
Un retournement qui la fait s'identifier au père ? Qu'elle même devienne cet enfant latent qui pourra
niederkommen au bout de la crise ?  Nous ignorons le nombre de mois, à la différence de Dora.
Le plus important, c'est ce qui est désiré au-delà de la femme aimée : L'amour que lui voue
la jeune fille vise quelque chose qui est autre chose qu'elle, son amour vit dans le dévouement
pur et simple et porte à un degré extrême attachement et anéantissement du sujet. Freud évoque
ce Sexualüberschätzing à propos de l'expérience masculine, pas sans raison. Un amour qui
s'épanouit dans une relation culturelle très élaborée, institutionnalisée. La déception fondamentale,
le passage au plan de l'amour courtois, l'issue que trouve le sujet dans ce registre amoureux,
posent la question de ce qui, dans la femme, peut être aimé au-delà d'elle, mettant en cause
ce qui est fondamental dans tout ce qui se rapporte à l'amour et à son achèvement.

Ce qui est à proprement parler désiré chez la femme aimée, c'est ce qui lui manque.
Ce qui lui manque dans cette occasion c'est précisément cet objet primordial dont le sujet
allait trouver l'équivalent dans l'enfant, le substitut imaginaire, auquel il fait retour.
Dans l'amour le plus idéalisé, l'extrême de l'amour, ce qui est recherché c'est ce qui
lui manque, qui est cherché au-delà d'elle : c'est l'objet central de toute l'économie libidinale,
 c'est le phallus.




La suite ici :

7. "On bat un enfant" et La jeune homosexuelle.